Manoush

Chapitre 6

Quelques minutes après mon coup de fil, Prudence arrivait chez moi. Comme prévu, elle raconta à ma mère notre après midi shopping, lui assurait de la qualité et le bon gout de nos robes, et puis, Prudence et moi nous retrouvions toutes les deux pour parler tranquillement là-haut, dans ma chambre.

"-Alors El, qu'est ce qui se passe? T'avais l'air inquiète au téléphone.

- Tu vois, il y a deux jours, j'étais sur le grand boulevard pour jouer de la guitare... Et un garçon a commencé à jouer avec moi. C'était tellement bien; nos voix allaient parfaitement ensemble et il était super doué. Et il a des yeux... je pense que des pays pourraient entrer en guerre à cause de ses yeux.

- Oui, effectivement je vois pourquoi ça peut être problématique." me dit-elle en souriant,

"- Ha ha. Le problème, c'est que j'ai peur. Je me suis attachée à lui.

- El tu viens de le rencontrer-

- Je sais ! je sais et c'est ça le pire. Quand je suis avec lui, je pense pas aux maths, aux cours, au problèmes de ma famille, je pense seulement à lui. Et à comment je vais pouvoir faire pour résister à cette envie de l'embrasser que j'ai chaque fois que je le vois.

- Tu.. quoi?

- Je sais..." je cachais mon visage dans mes mains en souriant.

"- El, je vois pas où est le problème. Enfin, ton père te tuerait, mais il n'est pas au courant pour la guitare alors il n'est pas obligé d'être au courant pour ça non plus.

- C'est pas de mon père que j'ai peur, Prude, c'est de moi. Et de ce que je vais devenir le jour où il va partir.

- Tu vois ce que tu fais là? Tu abandonnes, parce que tu as peur. Comme à chaque fois. El, t'es une des personnes les plus fortes que je connaisse. Enfin regarde tout ce qui nous est arrivé avec... , je sentais qu'elle avait du mal à le dire, ... Avec Alex. T'as été forte. Et aujourd'hui tout va bien. Tous les hommes de ta vie ne vont pas partir, El. "

Elle me regardait dans les yeux, et je savais au fond de moi qu'elle avait raison. Les larmes commençaient à perler sur mes joues.

"- Il me manque tellement. Aujourd'hui, quand j'essayais ma robe, je ...

- Shhh." elle me pris dans ses bras, et je m'effondrais. Quand il fallait parler d'Alex, elle était la seule personne sur qui je pouvais compter.

"- El, il faut que tu revoies Ernesto. Parce que comme tu me l'as décrit, il a l'air de te plaire. Il a l'air d'avoir ce qu'il te faut pour te rendre heureuse. Alors vas-y.

- Je ne sais même pas si je vais le revoir. Enfin, je suis partie comme une voleuse cette aprèm...

- Mais non, mais non. Je suis sure que tu le reverras.

- J'espère."

Je remerciais Prudence d'un regard, qu'elle comprenait tout de suite. Je partis me laver, pour ensuite enfiler ma robe pourpre, et appliquer un peu de maquillage sur mes yeux. J'ouvrais mon placard pour trouver des chaussures dignes de ce nom, et optai pour une paire de talons beige, en suède, qui iraient parfaitement avec ma tenue.

Une fois prêtes, je regardais ma montre: 19h45. Il était temps de descendre.

Je regardais Prudence, qui elle honorait une jolie robe longue ornée de petits motifs Kashmir.

"-Prête à sourire pendant quelques heures?

-Toujours", rétorqua-t-elle, confiante.

Il fallait accorder ceci à ma mère: elle savait organiser des évènements. Elle avait fait de notre jardin un endroit magnifique. À droite, une petite scène où pouvaient jouer les violonistes et autres habitués des galas de ma mère. au milieu, toutes les tables se tenaient droites, placées de manière régulière partout, et toutes ornées de jolies nappes bleues et blanches. Au dessus de nos têtes étaient étendus de petits rideaux d'ampoules, si bien qu'on aurait cru à une invasion de lucioles. À gauche se tenait le buffet, où différents cuisiniers s'agitaient dans tous les sens organisant les derniers préparatifs. Et, plus loin, une petite boite noire se dressait sur un grand tabouret. C'était la boite des dons. Derrière était d'ailleurs planté un grand panneau de publicité pour la charité à laquelle allait tout les bénéfices de ce soir.