Chapitre 5

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"-Mon tour?" demandais-je, confuse.

- Emmène moi quelque part. T'as pas un coin où tu traines, un café un parc ? Allez princesse, je suis sur que si.

- Y'a bien un truc que je dois faire cette aprem...

- Ahhh tu vois, on y arrive.

- Seulement je ne suis pas sûre que tu veuilles m'accompagner.

- Développe.

- Ce soir, ma mère organise ce gala et je pensais que...

- Wow, wow. Princesse je veux pas rencontrer tes vieux. Enfin pas pour l'instant- "

Je riais aux éclats. Il était évident qu'Ernesto ne pouvait pas rencontrer mes parents ! Je le connaissais à peine, et de plus, j'étais quasi sure que mon père n'aurait jamais cautionné qu'un garçon me fréquente.

"- J'ai dit quelque chose de drôle ? "

À son tour d'être déstabilisé.

"- Je ne peux pas t'emmener Ernesto. Je n'ai pas le droit de ramener des garçons à la maison. Mais par contre il me faut une robe. J'ai dit à ma mère que je sortais justement pour en acheter une.

- Ah... L'éternel mensonge parental.

- Je euhm..." Mon idée devenait tout à coup stupide. Qu'est ce que j'allais faire ? L'emmener dans les boutiques avec moi ? Mais à ma plus grande surprise, il me répondit:

"- Ok. Enfin si c'est pour te voir essayer des fringues ... Ça peut devenir intéressant.

- Va pas t'imaginer des trucs, " lui rétorquais-je en souriant.

Une fois nos guitares emballées et accrochées sur nos dos, nous nous dirigeâmes vers le centre ville.

L'air gris de la ville s'engouffrait dans mes poumons, et alors que je savais que la pollution était mauvaise, je ne m'étais jamais sentie aussi bien. La circulation bruyante n'affectait en rien ma capacité à entendre les respirations d'Ernesto.

Nous arrivions devant une première boutique. Ernesto me prit la main et me fit entrer.

Il marchait à reculons dans les rayons du magasin, me faisant face. Son visage s'était décoré d'un grand sourire. Il tirait des robes à droite à gauche, et levait à chaque fois son sourcil comme pour me demander si ça me plaisait. Il ne connaissait manifestement rien de mes gouts, mais son attitude me faisait rire du fond du cœur.

J'attrapais au passage deux ou trois robes susceptibles de faire l'affaire, et me dirigeais tranquillement vers les cabines. Au milieu du rayon, Ernesto s'arrêta face à moi, et se mit de coté pour me laisser passer. Je me glissais entre lui et le bord du portant. Nos corps se retrouvaient serrés l'un contre l'autre, et je perdis tout contrôle. Je sentais son odeur que j'aimais tant. Je sentais son souffle, qui faisait bouger les mèches de mes cheveux qui cernaient mon visage. Ma respiration devenait de plus en plus courte. Il fallait que je me sorte de son emprise.

« - Je... Je... Tu viens ? » Demandais-je, bredouille. Je m'écartai en vitesse, et passais devant lui, les robes à la main. Je marchais jusqu'aux cabines sans me retourner.

J'en choisissais une vide, tirai sur le rideau en coton qui servait de porte pour me changer tranquillement, et passais une première robe. Elle était assez jolie; une fois enfilée, je réalisais qu'elle descendais jusqu'à mes pieds. Pratique. Elle était coupée dans cet espèce de satin rose pale, et de petits oiseaux étaient peints dessus ici et là. Je me retournais vers le miroir, et tentais d'attraper le zip pour pouvoir la refermer. J'ai dû faire un peu de bruit, parce que j'entendis les cercles métalliques du rideau se déplacer sur la barre en bois. Je sentais la chaleur du corps d'Ernesto se rapprocher de moi. Sa main passait doucement sur le bas de mon dos, et je sentais le tissu de ma robe se resserrer sur mes cotes. Je me retournais furtivement, mettant fin à la montée en température de mon corps. Je regardais Ernesto dans les yeux, et lui demandais:

ManoushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant