Morceau huit - Hel

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Paris

Certains seraient stressés à l'idée de voir tous ces gens courir partout, ce n'est pas mon cas. Au contraire, je trouve que ça a un côté apaisant. C'est un peu compliqué à expliquer. Alors, je souris. Un sourire franc avant de l'étouffer sous un masque impassible.

Il ne faudrait pas que Archyos croit que je suis ravi à l'idée d'être là avec lui. Même si l'avoir rembarré proprement était particulièrement jouissif.

L'instant d'après, je suis entre les mains du maquilleur. Enfin, ça reste une façon de parler, je ne suis pas vraiment entre ses mains. Même si je dois avouer que ce mec est particulièrement mignon. Et j'adore les sourires qu'il m'offre à chacune de ses phrases.

A chacune de ses blagues, je m'esclaffe. Ouais, il est drôle mais voir Archyos s'impatienter l'est encore plus. Il est aussi rouge que Paulo après une séance de cardio.

— Vous avez bientôt fini ? finit-il par demander, les yeux luisants de colère.

J'aime bien son regard. Il transpire tout ce qu'il s'interdit de dire. Pourtant, il a un côté protecteur. Et c'est en cela que réside tout le paradoxe Archyos. Un instant, il me hait comme si j'avais tué ses parents, l'instant d'après il interdit les autres de m'approcher. Comme s'il voulait me garder pour lui tout seul.

Je suppose qu'on a fini lorsqu'une femme s'approche avec des vêtements plein les bras. Elle ne le sait pas encore, mais je ne compte pas les porter. Rien ne me correspond là-dedans. On dirait des déguisements.

— Non, Lu, il ne portera rien de tout ça. Le but c'est que l'on garde son identité au maximum. Ses vêtements lui vont très bien.

Je ne sais pas si je dois pleurer de joie ou si je dois lui sauter au cou. Il semblerait que ses deux neurones encore valides se soient connectés. Et je suis sûr que si l'on fouille encore un peu, on peut déceler un compliment dans ses mots.

— Merci Monsieur Archyos pour votre sollicitude, chuchoté-je près de son oreille.

Je l'aperçois grimacer avant que je ne m'éloigne, appelé par une autre femme. Je suppose que c'est la photographe au vu de l'appareil qui pend autour de son cou. J'apprécie son côté excentrique et ses énormes boucles d'oreilles.

Je vois un tabouret au centre des éclairages. Un court instant, je me perds dans mes pensées avant de me reconnecter dans le monde réel. Je m'installe tout en suivant les indications de la photographe. Un coup debout, un coup assis.

— Tiens, Hel, allume une clope. Fais semblant de fumer. Ouais, comme ça.

J'obéis docilement. Curieux, je regarde ce que Archyos fait. Il semble subjugué par les photos et, je sais pas trop pourquoi, mais mon ego gonfle d'un coup.

— Ouais, super ce regard Hel ! Ne bouge plus, on tient quelque chose.

Archyos semble étonné. Puis ses yeux se plantent dans les miens. On ne se quitte plus et c'est plutôt apaisant. Seuls les flashs de l'appareil viennent briser le silence qui s'est créé. Ça ressemble à une bulle complètement hermétique.

Les photos s'enchaînent à la vitesse de l'éclair. Archyos est allé se chercher un café et désormais, la photographe peste. Parce que mon regard est moins tranché. Je ne vois pas de quoi elle parle. Et elle peste parce que je parais seul sur les photos.

Je ne comprends pas ce qu'elle veut. Ce n'est pas une photo de classe non plus.

Alors que je croise le regard du maquilleur, je le vois s'avancer afin de chuchoter quelque chose à son oreille. Puis, il se relève tout en souriant. Et là, je le sens mal.

Maestro Où les histoires vivent. Découvrez maintenant