Morceau seize - Hel

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Paris

Je ne sais pas pourquoi je suis étonné de la taille de la chambre. Ce mec a une pièce pour un piano, un seul et unique piano. Je suppose donc que les chambres démesurées avec les lits à baldaquins ne sont que la suite logique des choses.

Un grand miroir trône dans la pièce, juste en face du lit, et les moulures dorées qui l'encadrent me rappellent le style victorien. J'aime bien. Évidemment, en tant qu'artiste qui se respecte, je suis obligé de vérifier mon reflet. J'ai une tête fatiguée et les joues rougies par l'alcool.

Je ne suis pas bourré. Mais pas sobre non plus. Ça ressemble à un nuage. Et c'est tout aussi doux et moelleux.

Archyos se colle à moi et je sens son bassin contre mes fesses. Son souffle brûlant s'échoue contre ma peau et mes sens s'embrasent comme un tas d'allumettes. Il commence par mordiller le lobe de mon oreille avant de déposer une pluie de baisers dans mon cou. Observer nos reflets ainsi est diablement bandant.

Je sens ses mains parcourir ma peau, provoquant une déferlante de frissons incontrôlables. Le désir prend possession de tous mes membres tandis que je me retourne pour lui faire face. Archyos me domine de quelques centimètres mais rien ne me paraît insurmontable ce soir. Nos lèvres se retrouvent avec un plaisir non-feint et une brutalité que je ne lui connaissais pas encore.

Nos torses se frôlent avec une langueur que je hais et nos queues se frottent l'une contre l'autre à travers nos Jeans. J'ai besoin de plus. J'ai envie de plus. Et je sais que lui aussi. Ses mains sont partout sur mon corps et je découvre des sensations qui sont incroyables.

Comment ai-je fait pour réussir à me tenir aussi éloigné de lui pendant tout ce temps ?

Lorsque je le pousse contre le lit, il semble surpris mais n'ajoute rien. Sa veste est déjà échouée à l'entrée de la pièce et la porte est encore grande ouverte. Je m'amuse à déboutonner sa chemise tout en mordillant ses tétons. Il se cambre sous mes assauts et un gémissement franchit la barrière de ses lèvres.

C'est probablement la chose la plus érotique que j'ai jamais entendue. Ses gémissements s'inscrivent dans mon crâne et se répercutent par vagues dans tout mon corps. Clairement, je bande.

Son corps a été taillé dans le marbre. Ce mec a le corps d'un putain d'Apollon. Je laisse trainer ma langue entre ses abdominaux et lorsque ses doigts fourragent mes cheveux, je me crispe. Je ne suis pas prêt pour ce contact.

— J'ai envie de t'attacher Isaac. Et je vais le faire.

L'espace d'un rougissement de sa part, je me sens invincible. Je récupère sa chemise et attache ses poignets aux barreaux du lit. Je me demande ce que Archyos père penserait de sa progéniture en le voyant ainsi, à l'écoute de mes désirs. Moi, ça m'excite davantage.

Je lui retire son pantalon et une trique d'enfer déforme son caleçon noir. Je laisse mes doigts courir autour de sa queue et Isaac grogne de frustration. Je le sens se débattre avec les liens qui entravent ses poignets, en vain. Dommage pour lui, j'ai appris à faire des nœuds avant de savoir marcher.

J'attrape son érection dans ma paume tout en observant le plaisir déformer les traits de mon amant. J'ai envie de prendre une photo de cet instant, subjugué par cette scène hors du temps. C'est peut-être une autre dimension. Avec mon autre main, je malaxe ses boules et un léger cri franchit ses lèvres rosées.

Sans peine, je les imagine autour de ma queue et ma trique en devient vraiment douloureuse.

— Tu peux crier, mais sache que ton papa chéri t'entendra d'en bas.

Il me fusille du regard et j'éclate de rire. Mes mouvements se font plus rapides et il halète sous mes coups de poignet.

— Embrasse-moi, chuchote-t-il.

Lorsque je pose mes lèvres sur les siennes, un feu d'artifices éclate dans mon ventre et une flopée de papillons décide de s'échapper. Il force l'accès à ma bouche et sa langue rencontre la mienne, provoquant un tango endiablé qui le fait jouir entre nous deux, sur ses abdominaux taillés dans un roc.

Ses joues sont rouges et son regard est brillant de désir quand ma langue s'aventure le long de sa pomme d'Adam. J'ai toujours trouvé ça excitant chez-lui.

Je laisse ses boutons de chair durcir entre mes doigts et me délecte de ce spectacle. J'ai l'impression d'être au printemps, face à l'éclosion des bourgeons. Mes lèvres descendent plus bas et mordillent la peau de ses cuisses, me rapprochant de plus en plus de son aine.

Isaac s'arcboute et un gémissement sonore retentit dans la pièce. Sa queue durcit une nouvelle fois et je ne peux m'empêcher de sourire. Provoquer du plaisir à quelqu'un – quelqu'un qu'on apprécie plus que les autres – est satisfaisant. Son plaisir est le mien.

A contrecœur, je me décolle de son corps bouillant et entreprends de me déshabiller. Le voir nu et attaché est un appel à la luxure et la dépravation. J'essaie de rester cohérent dans mes pensées, mais ça devient impossible lorsque je le vois se tortiller si sensuellement.

Partiellement nu, je m'approche de lui tel un félin qui fond sur sa proie. Si j'avais su que les choses se termineraient ainsi en venant chez son père, j'aurais accepté directement. Nos regards s'ancrent avec une force inouïe qui me coupe le souffle. Mon cœur pète un câble et les battements s'accélèrent rapidement dans ma cage thoracique.

Le regard d'Isaac tombe sur ma queue érigée devant lui, pour lui, et ses joues rosissent. Je me surprends à apprécier ce spectacle.

— Attends. Je ne l'ai jamais fait avec un mec, chuchote-t-il.

Un sourire franc étire mes lèvres, je le savais déjà.

— Je ne l'ai jamais fait tout court, balancé-je, négligemment.

Si mon Apollon nu est surpris, il n'en dit rien et ses yeux se mettent à pétiller de milles feux. Ça ressemble à un phare en pleine nuit, un phare qui aide les bateaux en détresse. Et je crois bien que je suis en détresse.

Alors que je lui tends mon index, Isaac le lèche sur toute sa longueur avec un outragement que je ne lui connaissais pas. Et vu l'application avec laquelle il fait coulisser sa langue sur mon doigt, je ne peux que rêver qu'il me taille une pipe.

Tandis que je m'approche de son muscle rosé, il se crispe mais ne dit rien. Je stoppe tout mouvement, incertain quant à la suite des événements.

— Tu veux que j'arrête ? demandé-je, effrayé à l'idée de le blesser.

— J'ai des capotes dans ma table de chevet.

Je suis clean, forcément, mais je me doute que Archyos a eu des partenaires. Sûrement une tonne et ça me saoule. J'enfile la capote et me présente devant son entrée, m'assurant tout d'abord de son consentement.

Il hoche la tête et j'entame ma poussée. Il est étroit, super étroit, et j'ai l'impression que je vais jouir dans la seconde. En le regardant, je suis frappé par sa beauté et ses joues rouges. Une fine pellicule de sueur recouvre sa peau et je trouve ça plutôt excitant.

Une fois qu'il s'est habitué à ma présence, j'entreprends de me retirer avant de me renfoncer. La douleur est toujours présente, je le vois sur ses traits. Après plusieurs coups de butoir, Isaac se détend et le plaisir commence à s'insinuer dans son corps.

Alors que je touche sa prostate, un cri franchit la barrière de ses lèvres. Un cri assez puissant pour réveiller toute la baraque et alerter les voisins.

— Isaac, ça va ? demande son père, au pied des escaliers.

Je m'enfonce encore un peu plus profondément et Isaac ne sait plus où se foutre. Il s'accroche aux barreaux du lit et ses jointures blanchissent.

— Ça... Vaaa.

J'accélère le mouvement et attrape ses hanches avec force. Il gémit et éjacule pour la seconde fois de la soirée. Je ne tarde pas à le suivre dans cette jouissance absolue. Tout en l'embrassant avec passion, je détache ses poignets et m'allonge à ses côtés.

Je crois que je m'attache à lui.

Alors, vous vous attendiez à ça ?

Maestro Où les histoires vivent. Découvrez maintenant