5. Veiller

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Après avoir saisit ma sélection d'objets, l'employée me dépose dans une chambre, qui est en tout point différente de ma cellule, elle aborde un style minimaliste, frôlant le côté accueillant d'une chambre d'hôte. Il y a un lit une place au côté d'une table de nuit. Le papier peint sur le mur est orné de motifs fleuris blancs, en accord avec le sol immaculé. Une porte mène à une salle d'eau, une douche simple, un lavabo avec un miroir et un toilette meublent la petite pièce.
Je m'assois sur le lit, entendant mon ventre gargouillé. Je suis affamé. J'ose espérer qu'ils vont m'apporter un bon repas avant de partir. Je me demande si nous serons conduits à un réfectoire ou si nous serons obligés de dîner dans nos chambres.

Je m'allonge sans retirer mes chaussures sur les draps blancs, mes mains derrière ma tête, l'oreiller n'étant pas assez épais à mon goût. Je fixe le plafond, blanc. Une odeur de javel flotte dans les airs, irritant mes narines et mes poumons, lessivant mes pensées brumeuses. Je tente d'élaborer un plan d'action, trouver un échappatoire. Mais j'ai beau imaginer l'impossible, rien à faire. J'espère de tout coeur que mon binôme saura se battre mieux que moi. Mon père m'a appris à me servir d'une arme ainsi que les bases d'un combat. Mais sur les moments qu'il me consacrait je ne voulais pas apprendre, je considérais ça comme une perte de temps, je n'en voyais pas l'intérêt. Je regrette désormais. Mais je suis persuadé que l'instinct de survie sera autant efficace qu'une poignée de cours. Je ne serais pas un fardeau, du moins au début, lorsque je serais encore en pleine forme. J'aurais du prendre un kit de soin. Voilà ce que j'aurais du prendre. Du feu. Mais qu'est ce qu'on en a à foutre du feu, ça soigne pas ! Quel cretin. Après tout... mon partenaire est censé me compléter... il aura eu la décence de prendre un kit de soin, comme n'importe quel candidat. Je suis pitoyable. Et si je mourrais sur ce lit ? Le suicide pourrait être une solution bénie, je n'aurais pas à souffrir, à ressentir la peur, prenant possession de mon être, de mes membres. Je n'aurais pas à endosser cette tache absurde. Ni à tuer des innocents. Je pourrais défaire le rideau de douche, et me pendre à la tringle. Je n'aurais pas à confier ma vie à un inconnu, et lui n'aurait pas à s'inquiéter pour une vie autre que la sienne. Mais il sera seul. Il n'aura personne pour protéger ses arrières. Il mourra sûrement rapidement, peut-être d'une manière lente, en proie à l'agonie. Une mort digne, et horrible, différente de la mienne, plutôt lâche à son égard. J'abandonne cette idée ravageuse, m'asseyant brusquement sur le bord du lit. Je ne veux pas être égoïste. Je peux remporter ce jeu, aider mon coéquipier à survivre, ou mourir, mais j'aurais le mérite d'avoir essayé.
Mes mains se glissent dans mes cheveux blonds, tenant ma tête en étau. Je voudrais pleurer, mais mon corps semble vouloir conserver ces précieuses gouttes d'eau, reportant le processus de déshydratation. Un frisson court le long de mon dos, créant un léger spasme. Je relève la tête, mes yeux se posent dans le coin à droit de la porte. La haut, un petit objet blanc, confondu dans le décor, clignotant d'une faible lumière, est tourné vers moi. Je détourne les yeux, de manière naturelle. Je patiente un instant, puis lentement, je me lève et me dirige dans la salle de bain, que je prends soin de fermer après mon entrée. J'inspecte à nouveau visuellement le plafond, le sol et les meubles, à la recherche d'une autre caméra. Je ne vois rien, il n'en mettrait pas dans la salle d'eau. Je m'appuie sur le bord du lavabo. Je tente de calmer ma respiration, de contrôler les soubresauts que produit mon corps affaiblit. Mon corps glisse le long de la paroi de bois, s'échouant sur le sol, recroquevillé. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, à ne penser à rien, à simplement sentir cette douleur aiguë accaparer mon coeur, ma tête. Aucun remède ne peut guérir mes maux.

Je me relève avec douleur, contemplant le robinet devant moi. J'ai été tant aveuglé par ma détresse que j'en avais oublié la source d'eau que j'avais à proximité. Je lève la poignet et avale de grandes gorgées, sentant le breuvage couler dans mon œsophage, réveiller mes muscles. Soudain le bruit d'un poing contre une porte prend possession de la chambre. Je me dirige vers la pièce principale, ouvrant la porte de la salle de bain sur un agent déjà entré. Il a en mains un plateau de nourriture, qu'il dépose sur la table de chevet, sans attendre quoique ce soit de ma part.
- Vous allez bien ?
L'entente soudaine de sa voix et le sens de sa question me déstabilisent. Je bégaye, surpris :
- O-oui.
Il hoche la tête puis repart, silencieux, le regard rivé sur la sortie.
Je sais pertinemment que sa question n'était pas de la compassion ou autres émotions rudimentaires. Il ont du me voir fixer un laps de temps la caméra et me réfugier dans le cabinet de toilette, et y rester un long moment. Ils s'inquiètent d'un suicide, du manque d'un candidat, qui rendra le jeu bancal. Je préfère ça à une réelle inquiétude, pouvant me faire espérer la Lune.

Je m'assois sur mon lit et déguste mon dernier véritable repas, contrôlant mes pulsions d'affamé. Le dîner se compose de radis, de riz à la vapeur, d'une fine tranche de jambon, et d'un fromage blanc. Rien de bien difficile à manger avec des couverts en plastique.

A peine fini, un employé toqué par simple politesse et récupère le plateau, repartant aussi vite qu'il fut rentré.

Je me dirige vers la salle de bain, me dévêt et allume la pomme de douche. Une fois l'eau bouillante, je me glisse sous le jet, laissant la fine pluie délicate caresser mon enveloppe corporelle, classant mes pensées. Je ne prête nullement attention au temps que j'y passe, ne voulant plus quitter cet océan rassurant.
Je me lave avec un savon solide, mit à disposition sur le côté, puis sort en m'emparant de la large serviette placée sous l'évier. Je m'en enveloppe, puis enfile mes vêtements en toile blanche.

Je m'allonge dans mon lit, après avoir éteins la lumière, priant pour que la caméra ne soit pas à vision nocturne. Je m'enroule dans la large couette, conservant la chaleur proche de mon corps. Mes pensées fusent, je ne sais comment les faire taire. Je regarde le vide, la pénombre m'empêche de percevoir quoique ce soit. Progressivement, dans une lenteur insolente, je me hisse dans les bras de la tumultueuse Morphée...

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Hello ! Ahah encore un looong chapitre désolé j'ai trop de choses à dire c:
J'espère que l'histoire vous plaît !  N'hésitez pas à commenter pour m'aider à m'améliorer ou voter pour m'encourager eheh ;]
La suite sera donc enfin dans le "vif du sujet", encore un petit peu de patience !

키스  (bisous)

 ☪︎ L'enfant de la Lune ‌‌‌‌ ᵛᴹᴵᴺ ☪︎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant