4. Règles du jeu

83 18 8
                                    

- Vous êtes actuellement 100.  100 personnes aux caractéristiques différentes et complémentaires. Nous avons établit un plan, grâce à des calculs réalisés à partir de vos modes de vies, casiers judiciaires, vos comportements et d'autres critères plus pointus. Nous jouons donc sur l'aspect complémentaire de deux personnalités, durant l'épreuve, un binôme vous sera attribué. Vos aptitudes seront donc dites "emboîtantes".
  Chaque candidat scrute son voisin, sa rangée, se demandant avec qui allait-il  se lancer dans une aventure semblant d'avance dévastatrice.
- Trois groupes d'environ 32 personnes seront composés d'approximativement 16 binômes, chiffre dépendant du nombre de sujets dans un groupe.
  L'homme s'avance sur l'estrade, le tableau derrière lui s'allume, projetant une carte d'une ville que nous ne reconnaissons pas. Je la scrute, tentant de mémoriser chaque parcelle.
- Voici Itarie, une ville abandonnée suite au siècle Anodin. Vous y serez déposés, demain. Vous y trouverez votre binôme. Avant cela, aujourd'hui vous aurez le droit de sélectionner trois objets de votre choix dans notre réserve personnelle. Suite à ça, une fois sur place, vous aurez à survivre en milieu hostile, parmi les décombres, les bêtes sauvages, les mutants, et vos camarades. Vous ne pourrez pas franchir les limites de la ville, la puce en vous explosera si vous dépassez la frontière, vous mourrez. Votre objectif est d'être le dernier survivant. Vous n'avez pas l'autorisation d'attendre sagement que ça se passe, tuez vos congénères ou mourrez.
  La salle devient silencieuse. Personne ne bouge, intégrant l'information. Tentant de trouver une échappatoire quelconque. Je les observe, leur visages vitreux affichent un mélange d'expressions insoutenables. 
- Nous vous observerons. Si vous ne tuez personne, si vous traînez à la tâche, d'horribles choses vous arriveront. Survivez en tuant. Nourrissez vous de ce que vous souhaitez, faites sortir la bête qui dort en vous. Non loin de moi, une personne proteste reflétant notre mécontentement commun :
- Eh ! Vous n'avez aucuns droits ! Nous sommes humains. Laissez nous sortir !
L'homme reste neutre, silencieux.
Le jeune homme en question se lève et escalade les sièges en direction du représentant d'état, il hurle, hors de lui.
- Je ne participerais pas ! C'est de l'esclavage, de l'exploitation d'humains ! Je ne vous laisserais..
Sans qu'aucun d'entre nous ne s'y attende, une bruit sourd mais percutant suivit d'une explosion se produit dans la nuque du jeune homme. Il implose, son cou se brise, du sang gicle, s'étalant de partout, sa phrase reste en suspens, coupée par une mort brutale. Il s'écroule sur la rangée devant lui. De l'horreur. Des cris de terreur. Pour autant, personne ne bouge, par peur d'exploser également. Je reste calme. J'essuie du bout des doigts les gouttes parvenus à mon visage, et observe l'homme, toujours impassible.
- Vous êtes désormais 99, les trois groupes seront donc composés d'exactement 33 personnes. Remerciez le sacrifice de votre camarade, sa dévotion a permis d'éviter les inégalités entre groupes.
Le plan s'estompe rapidement, le tableau redevient noir. L'homme quitte la salle par une porte proche de lui, la laissant se fermer dans un bruit sourd, réveillant les candidats de leur torpeur effrayante. Certains hurlent, certains pleurent, tandis que d'autre fixent le vide.

   Une voix s'élève du plafond, percutant le brouhaha ambiant.
- Les sujets appelés sont priés d'emprunter la porte sur votre droite.
Les yeux se posent partout, la terreur prenant possession des iris, un silence angoissant se propage, comprenant qu'aucune issue n'est possible. Les noms fusent de ces hauts parleurs, semant la détresse sur les appelés. Les personnes se lèvent, jetant un dernier regard sur nos visages, en quête d'aide. Certains se déplacent lentement, d'autres avec conviction ou hésitation. À chaque nom prononcé, un numéro est donné. Lentement, les sièges se vident, le premier groupe se forme, par ordre alphabétique.
- Numéro 22, Park Jimin.
À l'entente de mon nom, un frisson parcourt mon échine. Je me lève avec raideur, et me déplace vers la fameuse porte. Les yeux sont rivés sur moi, j'y perçois de l'appréhension, quelques fins sourires se forment, empreint de compassion et de soutient. En retour je leur offre mon plus grand sourire de réconfort, de confiance et de remerciement. J'ouvre les battants et passe le pas, en même temps qu'un autre candidat est appelé.
- Numéro 23...
La voix devient sourde, coupée par le bois de la porte.

   J'arrive dans un couloir, une femme en uniforme noir m'accueille.
- Numéro 22, veuillez me suivre.
Elle avance, je la suis, restant dans son dos, son parfum à la vanille assaille mes narines. Elle est délicate et gracieuse, en totale contradiction avec les circonstances de sa présence. Nous traversons une multitude de couloirs, croisant quelques employés, tous ignorant ma présence. Si je participe à la "reconstruction du rire" du pays, je n'ai droit à aucune gratitude, pourtant c'est bien pour ces truants que je vais tenter de me battre. Leur redonner le sourire ne semble pas être une mince affaire, de plus rire grâce au sang n'est autre que folie, monstruosité. Grotesque. N'est-ce pas là la tentative de réduire le pourcentage de la population, et donc économiser d'avantage nos ressources ? Je reste silencieux pendant ce court trajet, me semblant avoir marché une éternité dans ces couloirs identiques. Elle se stoppe devant une porte à l'allure banale. C'est donc ici que se trouve l'arsenal. L'employée sort une clef, qu'elle insert dans la serrure, faisant retentir un clic en la tournant. Elle rentre dans la pièce irradiée par des lumières blanches. Je la suis.
- Vous avez maximum 15 minutes pour trouver vos trois objets. Inutile de préciser que voler un de plus ne vous mènera à rien d'autre qu'à la douleur. J'hoche la tête.
Devant moi s'étend une multitude d'étagère, toutes remplît d'objets en tout genres. Je m'avance vers celle face à moi, dessus y sont stockés les armes, je décide de saisir une arme de poing, un revolver fera très bien l'affaire. Je vérifie s'il est chargé, me remémorant les rares leçons de mon père, que je remercie actuellement d'avoir été quelque peu obsédé par l'idée d'un conflit. Je le soupèse, vérifie la visée. Malgré mon manque de connaissances, je sais qu'il me convient. Je saisis donc une boîte de munitions du calibre nécessaire, je suppose que ces dernières ne comptent pas comme un objet à part entière.
Sentant son regard sur moi, je me dirige vers les autres étagères, zieutant sur les objets divers ; sachets de nourriture déshydratée, kits de soins, des solutions remède pour des maladies dont j'ignore l'existence, des tenues adéquates, des bouteilles d'eau, et j'en passe.
   Je me remémore le plan de la ville, il y a une rivière qui la traverse, je pourrais donc y récolter de l'eau. Mais je sais aussi que les bombardements n'étaient pas classiques, parfois aux contenances chimique, le court d'eau doit être infecté. Il faut que je trouve un kit de purification d'eau. Je me dirige sur l'étagère dédiée au kit de soins, purificateur, et trouve mon bonheur. Il est munit de plusieurs fioles et composants en tout genres, permettant de purifié plusieurs eau à la fois.

Deux objets.

En troisième, je ne sais que prendre, j'hésite à me munir d'une deuxième arme, plus lourde. Mais je préfère jouer la carte de sûreté, préférant valoriser ce à quoi les autres ne pensent pas toujours, les choses de survie peu connues du grand publique.
J'avance en direction de l'étagère que j'estime être vouée aux objets de déplacement. Des boussoles prônent fièrement, mais n'ayant pas de carte, à quoi bon en prendre.
Je change d'étagère.
- Il vous reste 3 minutes.
Je me dépêche et voit un kit pour allumer un feu, dont je me saisis rapidement. Ai-je tout ce dont j'ai besoin ? Ne devrais-je pas prendre une arme blanche ? Ou autre chose qu'un kit pour du feu ? Je mets mon sort entre les mains de mon futur coéquipier, espérant qu'il ne prennent  pas des choses à faible utilité comme une tenue.
- C'est fini. Suivez moi.
La dame m'attrape par le bras, avec fermeté, me tirant vers la sortie. Elle referme la porte à clef, scellant au passage mon destin. Une boule se forme dans mon bas ventre, la sensation d'avoir oublié quelque chose, ou d'avoir bâclé ce moment crucial me donne la nausée.
Mais nous revoilà repartit à travers les mornes couloirs.

 ☪︎ L'enfant de la Lune ‌‌‌‌ ᵛᴹᴵᴺ ☪︎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant