9. Obnibulant

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Il se retourne dans une lenteur insolente. À contre jour, je ne distingue pas complètement son visage. Mais je suis sûr d'une chose ; il sourit.
- Taehyung !
Je cours jusqu'à lui, me jetant à genoux à ses côtés. Je l'attrape par les épaules et le tourne face a à moi. Son visage est rayonnant.
- Bon sang...
Il sourit d'avantage. Mon regard dérive sur la choses à côtés de nous. Une masse claire gît, un liquide rouge sortant de son abdomen.
- Je l'ai eu ! En un coup !
Mes yeux ne peuvent se décoller de la biche. Je tangue entre la joie et la colère.
- Tu te fous de ma gueule ?
Évidement, la colère l'emporte. Mes mains lâchent ses épaules, mes poings se serrent.
- Tu m'as laissé seul. Sur des planches qui craquaient comme pas permis. J'ai cru que tu étais poursuivi par des candidats, et tu es là devant moi, tout heureux, souriant comme un demeuré. C'est quoi ton putain de problème !
Son rictus ne quitte pas ses lèvres, il m'observe avec intensité.
- Jimin, j'ai eu le repas de ce soir.
- Pardon ? C'est tout ce que tu as le culot de me répondre ?
Je ris nerveusement, mon buste se soulève dans un rythme saccadé. Le reflet de ses yeux prend un tout autre éclat, sa joie mute en regret.
- Oui tu as raison. Je n'aurais pas du te laisser. J'en suis désolé. Mais quand j'ai vu que c'était une biche, elle m'avait sentît. Si j'étais venu te prévenir, je ne l'aurais pas eu. On a au moins un repas pour une semaine, j'ai privilégié la nourriture parce que je savais qu'il n'y avait personne d'autre que nous dans les environs.
Je ricane, à peine satisfait par ses arguments. Il saisit la biche et tente de la porter, mais il parvient pas à la soulever.
- Tu veux bien m'aider ?
J'observe sa silhouette me surplombant , et me lève à ses côtés. Nous attrapons les extrémités et nous dirigions à travers le bois.
- Tu sais comment dépecer ?
Sa douce curiosité dissipe peu à peu ma colère, m'énervant contre mon incapacité à garder mes positions face à son attention particulière.
- Non. Et toi ?
Il hoche la tête.
- Oui, j'allais régulière a la chasse avec mon père.
- Mais c'est illégal. Vous ne vous êtes jamais fait prendre ?
Il ricane doucement tandis qu'une branche vient frôler son visage aux traits délicats.
- Si ; une fois. Mais bon, quand y'a rien à manger, on cherche pas vraiment à obéir à la loi, question de survie.
Je souris.
- Nous on avait plutôt tendance à planter des cultures sans les declarer.
Il rit et poursuit :
- Ta famille était...
- Est.
Il sourcille.
- Est dans le secteur agricole, soit dans le district Maqh si je ne m'abuse ?
- Exact. Quand à toi ?
- Milieu stratège ; district Uhji.
- Ta fuite n'était pas pleinement stratégique. Laisser son coéquipier seul sur des marches qui craquent y'a mieux comme solution.
Nous rions malgré mon ton pince sans rire.
- Aller lève plus haut, tu me ralentis, me lance Taehyung dans un regard moqueur.

Nous parvenons au parvis de la maison sur laquelle notre dévolue s'était échoué tout à l'heure.
- Laissons tomber l'entrée principale, nous devrions tenter de passer par une fenêtre, même si leur hauteur est assez conséquente.
Il hoche la tête. Nous nous dirigeons vers la fenêtre proche de la porte principale, préférant valoriser la surveillance intensive sur un seul côté de la maison.
- Je te fais la courte échelle.
Il positionne ses mains et son corps pour accueillir mon poids. Je m'exécute et brise la fenêtre avec un gros caillou. Le verre s'échoue dans un fracas sur la tête de mon partenaire qui gémit.
- Aargh, merde !
- Ca va ?!
- Oui, aller monte.
Je brise les derniers morceaux de verre sur les bords du cadre, et tente de me hisser à l'intérieur. Mes paumes s'appuient sur les morceaux de verres, je les sens qui transpercent mon épiderme, une douleur aiguë s'empare de mes extrémités tandis que Taehyung me pousse, sans se douter de ce détail. Je m'échoue lamentablement sur le sol intérieur dans un gémissement tout aussi pitoyable que ma chute. La voix de Taehyung s'élève :
- Ça va ?
Je grommelle un oui en me levant, j'observe la salle. Je suis dans le salon, dans lequel prône fiévreusement une cheminée beaucoup trop abîmée.
- Jimin ? Tu vas où ? Jimin ?
- J'arrive.
Je me dirige dans le couloir. Taehyung, inquiet de ne pas apercevoir ma tête dans l'encadrement de la fenêtre, et mes bras l'invitant à me rejoindre, m'appelle.
- Jimin ?
- J'arrive, un instant !
Je monte l'escalier, sachant pertinemment où est la pièce que je cherche. Arrivé sur le palier j'ouvre les portes puis rentre dans la pièce convoitée. Je me saisis d'une couverture abandonnée en boule. Je redescends rapidement les escaliers et pénètre dans le salon. Je dépose la couverture sur le bord de la fenêtre, et me saisis d'une chaise mal en point, que je passe par la suite à mon coéquipier. Le voir monter avec aisance me fait me sentir ridicule, il atterrit avec grâce sur le sol intérieur avec un sourire narquois.
- On ira prendre la biche...
Ses yeux s'écarquillent, cessant ses propos, il s'empare de mes mains ensanglantées.
- Merde, ça va ? Il faut désinfecter ! Tu aurais du me dire ! Fait chier !
Je tente d'articuler tandis qu'il s'empare de mes poignets et qu'il m'assoit de force sur le canapé vraiment peu confortable.
- C'est pas profond, c'est rien t'inquiète pas...
Putain ce que ça fait mal cette merde.
- Peu m'importe.
Il attrape son sac et en sort la trousse de secours.
- Taehyung, de l'eau suffira, on va pas utiliser la trousse, on en aura besoin plus tard pour de plus grosses blessures. Laisse tomber mec.
- La ferme Jimin.
Je saisis que j'aurais beau dire tout ce que je veux, il n'en fera qu'à sa tête. Il s'assoit sur l'ébauche de table basse, face à moi, prenant mes mains.
Il les essuie délicatement, à la recherche de morceaux. Son regard inquiet pour si peu me fait gentillement sourire. Lui qui semble si froid aux premiers abords, est désormais mignon. Je suis déboussolé par sa personnalités, polyvalente. Tantôt indiscernable, tantôt prévisible.
- Dis moi si je te fais mal.
J'obtempère, mon visage légèrement crispé. Mes mains ne sont plus rouges, et le voilà qui retire de ma peau les quelques petits bouts de verre.

- C'est bon.
Il sort les bandages et me bandes les mains.
- C'est con quand même. On vient tout juste de débarquer, on a encore rencontré personne et je suis déjà couvert de sang.
Mon rire résonne seul, dans la luxueuse pièce. Son regard s'agrippe à mon visage, une lueur de sérieux au fond de la rétine.
- Ça aurait pu être bien plus grave. Je suis désolé.
Dans un mouvement d'incompréhension je penche la tête sur le côté.
- Tu n'y es pour rien. Je pensais avoir retiré tout le verre, j'ai été négligent. Je ne peux en vouloir qu'à moi même.
- Je suis désolé de t'avoir abandonné sur les marches, et de t'avoir fait monter en premier. Jusqu'alors j'ai été un piètre équipier.
Il détourne le regard.
- Mais...
Avant que je ne puisse argumenter, il sort de la pièce.

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 ☪︎ L'enfant de la Lune ‌‌‌‌ ᵛᴹᴵᴺ ☪︎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant