☪︎ L'enfant de la Lune ‌‌‌‌ ᵛᴹᴵᴺ ☪︎

16. Suave

Je levais la tête, tentant d'apercevoir le ciel parmi les sommets de la montagne et des arbres, manquant de me briser la nuque. Nous longions dans un silence reposant la paroi rocheuse, à la recherche d'une brèche adéquate. Nous en avions trouvé quelques unes mais mal placées ou trop étroites. L'humidité dans l'air maintenait notre détermination, et notre petite pause déjeuner avait revigoré nos esprits. Mon esprit vagabondait, ayant pour seul sujet le jeune homme de tout à l'heure. Il semblait être seul, ou alors à la recherche de son compagnon. Se peut-il que certains aient déjà commencé à tuer ?
- Jimin regarde.
Taehyung sortit la tête de derrière un buisson, il désignait une brèche relativement fine, dans laquelle il s'était à moitié engouffré. Je passa à mon tour ma tête. La lumière naturelle pénétrait une cavité haute et large, formant un sorte de tunnel en longueur. L'endroit semblait idéal. Sa voix emplit l'espace ambiant :
- Je vais voir où ça nous mène. Reste ici.
- Fais attention ou tu mets les pieds.
J'observais l'entrée, à la recherche de poils de bêtes, de marques de griffures et passages. Le plafond de pierre était d'une hauteur vertigineuse, avec par endroits, des trous menant au ciel. Ainsi il nous serra aisé de faire un feu sans être vu l'extérieur et sans que la fumée envahisse l'habitacle et nous étouffe. Cette dernière était silencieuse, je n'entendais plus les bruits de pas de mon ami. Le noir profond n'arrangeait en rien les choses.
Ma main caressait le lierre qui venait s'échouer sur l'un des côtés, les feuilles n'étaient pas humides, simplement fraîches.
Des bruits de pas résonnèrent, en provenance du fond, je sortis vivement le couteau de mon sac et m'accroupis dans un coin sombre. La lumière vient caresser une silhouette qui peu à peu se révèle, et s'immobilise. Je reconnu la respiration calme de Taehyung et sortis lentement de l'ombre.
- Ce n'est que moi, murmurais-je.
D'un pas joyeux il s'avança vers moi.
- Le bout de ce tunnel débouche sur un tas de buissons épineux, qui mènent sur une clairière. En bref, nous avons notre issue de secours.
Je souris tendrement face à son enthousiasme, puis pris la parole :
- Quelques marques prônent sur les parois, des sortent d'ours doivent sûrement utiliser la grotte comme abris. Le lierre sur le côté est humide mais sec, tout comme les roches. On sera au sec. Nous pourrons faire un feu, par endroit il y a des trous au plafond.
- La forêt est une ressource idéale, et le feu chassera les bêtes.
Il pose son sac au sol.
- On devrait chercher de quoi nous faire des lits.
Son sourire me rassure, je vois en lui un espoir inespéré, il m'offre la sensation de sécurité, de victoire. Il me semblait alors que nous avions gagné le jeu, que plus personne ne viendrait nous tuer et que nous n'aurions pas à ôter à la vie.
J'acquiesce et sors de l'habitacle.
- On devrait nous éloigner du lieu loir prendre les ressources, ça brouillera les pistes.
Nous commençons à chercher des branches vertes, à arracher la mousse au pieds des arbres pour en faire des matelas. Plus nous nous éloignons, plus la tranquillité s'apaise. Je le sens observé, un léger pincement au coeur me rappelle alors que nous ne devons pas seulement nous méfier des humains, mais également des mutants et hybrides.
- Eh, regarde ce que j'ai trouvé.
Il se trouve vers moi, une curiosité croisante en son regard.
Je pointe alors du doigt un vieux sac sale et à demi enseveli sous la végétation. En l'attrapant, je suis surpris de son poids, bien plus lourd que ce que je pensais.
- C'est le même sac que le nôtre...
Mon compagnon s'agenouille à mes côtés, et me regarde l'ouvrir.
J'en sors une gourde toute poquée, au bouchon ouvert. Puis une petite machette dans son étui, un stylo coincé dans un cahier défraîchi ainsi qu'une carte rédigée à la main.
- Son propriétaire ne doit pas être bien loin...
Il hoche la tête d'un air grave tout en prenant le journal. J'entreprends la lecture de la carte, bien conservée par l'étanchéité du sac. Elle était bien détaillée, reste à savoir si les informations sont bonnes. Je repère la ville que nous avions traversé, avec les principales avenues et petites rues. La forêt dans laquelle nous sommes est parsemée de symboles tels que des ronds, des triangles et des étoiles, et la rivière la traversant. Chaque endroit a un nom, la grande ville se nomme « Itarie », la rivière « Kuma », la forêt « Ikya », chaque petit village a son nom, ainsi que les autres forêts. Mais un symbole bien particulier attire mon œil ; un avion.
- Jimin... Écoute ça.
Taehyung est assis en tailleur, le livre entre les mains. Son regard allant du livre à moi.