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Ce sont nos moments de lutte qui nous définissent. President Trumbroll, La chute du président

Plusieurs jours que nous voyageons avec ces hommes que nous ne connaissons même pas. Nous sommes passées de voiture en avion et nous sommes encore dans une voiture, roulant vers l'inconnu. J'ignore où nous nous trouvons mais je sais que nous ne sommes plus au Maroc. J'ai perdu la notion du temps vu que j'ai les yeux bandés et les bras ligotés au dos depuis des jours.

Amina et Malika sont dans la même situation que moi. J'arrive à le sentir.

Amina pleure sans arrêt, c'est la plus faible parmi nous. J'essaye de la rassurer malgré le fait que je sois la première à angoisser. Seul Dieu sait ce qui adviendra de nous.
***

Plusieurs heures plus tard, la camionnette dans laquelle nous nous trouvions s'arrête enfin. Les portes s'ouvrent et on nous fait brutalement sortir. J'ai du mal à marcher, mes jambes me font mal.

J'entends beaucoup de bruit, un grand vacarme. Des gens qui hurlent dans une langue qui me semble être l'arabe.

L'air est sec et chaud. Je ne reconnais pas ce climat.

Je sens que nous montons sur quelque chose peut-être une estrade et d'un coup, on me retire le bandeau qui m'empêchait de voir. Je ferme rapidement les yeux à cause de la lumière et les rouvrent lentement pour m'adapter à la clarté.

Ma respiration se coupe, mes jambes tremblent, mon coeur bat d'une vitesse folle...

Devant moi, une multitude d'hommes à la peau matte. Je regarde à ma droite et me rend compte que Amina et Malika sont aussi perdues que moi. Nous étions debout sur une sorte de podium avec d'autres filles. Certaines pleuraient, d'autres étaient complètement bouleversées et moi, j'étais tétanisée.

Un homme assez grand se mit à parler dans un micro et petit à petit, le nombre de fille présente diminuait. J'ai compris que nous étions à une vente aux enchères d'esclaves et les esclaves, c'était nous.

Je ne pus retenir mes larmes de couler, je suffoquais presque de terreur. Ma vie, mon avenir, qu'allais-je devenir ?

A un moment, Amina fut pointée du doigt et deux autres hommes la saisir pour la faire descendre du podium. Elle hurlait et se débattait. Malika et moi avons essayer de l'aider mais nous fûmes fouetter. Et de toute manière, comment aurions-nous pu l'aider alors que nous ne pouvions nous aider nous-mêmes ?

Mes larmes redoublèrent lorsque je vis Amina partir avec son "propriétaire".

Je fermai alors les yeux en m'imaginant rentrer chez moi, montrer à mes parents le diplôme que j'ai eu tant de mal à obtenir et les serrer dans mes bras. Je m'imaginais rejoindre mon frère Shuayb et tracer mon chemin à ses côtés. La réalité est que mes rêves se sont brutalement brisés, envolés. La réalité est que je vais être vendue en esclave dans un pays inconnu, à un homme inconnu et Allah seul sait ce qu'il fera de moi.

Lorsque j'ouvris les yeux à nouveau, j'étais seule sur le podium. Malika s'éloignait avec un homme qui la tenait fermement par le bras. Elle me lança un dernier regard avant de disparaître dans une voiture qui démarra au quart de tour.

C'était mon tour à présent. Les prix montaient de plus en plus et finalement un homme qui devait avoir la quarantaine avança vers moi. C'était lui mon "propriétaire". Il remit une grande quantité de billets à celui qui nous avais kidnappé et m'enchaîna les pieds avant de me pousser rudement dans une camionnette et de m'enfermer à l'intérieur. Il démarra et se dirigea vers ce qui sera sûrement un enfer pour moi.

Plusieurs heures s'écoulèrent et la voiture roulait toujours.

Je commençais à somnoler à cause de cette grande fatigue qui me tiraillait sans oublier la faim et le manque de sommeil.

Le véhicule s'arrête.

Les portes de la camionnette s'ouvre sur cet homme inconnu. Il m'attrape brutalement par le poignet et me fait sortir.

Autour de moi se dresse une étendue de sable, une sorte de mi-forêt, mi-désert. Le soleil allait bientôt se coucher.

En regardant devant moi, mes yeux se posent sur une immense villa à deux étages. C'était tellement beau, tellement luxueux, tellement raffiné...

L'inconnu me pousse vers l'intérieur. Il prononce quelques mots dans l'interphone et les grilles s'ouvrent automatiquement.

J'avais la bouche ouverte au fur et à mesure qu'on avançait vers ce qui semblait être une salle de séjour. De toute ma courte existence, jamais je n'ai eu l'occasion de poser les yeux sur une demeurre pareille.

Un homme est descendu des escaliers et est venu à nous.

Il était grand, très grand. Il avait de grand yeux noirs, un nez fin, des lèvres charnues et bien dessinées, une barbe pleine, une peau matte mais bronzé en même temps. Il portait un qamis sur un jogging mais on devine facilement qu'il a un corps athlétique. Ses cheveux très noirs étaient nonchalamment coiffé.

Je baisse rapidement le regard, me rendant compte de la manière dont je le regardais.

Il s'est mit à parler en arabe avec l'homme qui m'avait acheté.

Je vous traduis.

- C'est elle ?, demande-t-il.

- Oui. Les prix n'ont pas cessé de monter. Tout le monde la voulait. Heureusement que tu m'as donné une somme d'argent suffisante.

- Elle vient d'où ?

- Je sais pas, j'ai pas demandé.

- Et son âge ?

- Je ne sais pas ! Je suis ton fournisseur, pas ton détective privé. Demande lui toi-même.

- Elle parle quelle langue ?

- Bah... Je crois qu'elle comprend juste le français.

- Hum... C'est bon, tu peux t'en aller. Je te ferais parvenir ta paye.

- Salam !

Et l'inconnu s'en alla. Je restais toute seule, debout au milieu du salon face à un homme que je viens à peine de rencontrer, au milieu de nulle part.

Ça s'annonce mal...

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Dituogr 🦋

Somewhere in the world Où les histoires vivent. Découvrez maintenant