♧Et quand on pousse les gens à bout, ils finissent par craquer. Sue, Carrie, la vengeance.♧
- Tu dois manger quelque chose Djavéda, penses à cet enfant..., me dit Wafa en me caressant les cheveux.
J'étais dans ma chambre, couchée sur mon lit. J'étais dans cette position depuis hier. À quoi bon vouloir avancer ? Ma vie est déjà fichue. Même si je parviens à rentrer, je garderai toujours les marques de ses mains sur mon corps.
- Je veux que cet enfant meurt, repondis-je faiblement.
- Ne dis pas de telles choses ! Cet enfant et toi êtes dans le même bateau. Vous êtes tous les deux des victimes.
- Je ne pourrais jamais oublier ce qu'il m'a fait si jamais il venait au monde, aides-moi Wafa.
- Je t'ai toujours soutenu Djavéda, mais jamais je ne prendrais la vie de quelqu'un et encore moins celle d'un enfant qui n'est même pas encore né.
Elle est sortie de la chambre en me laissant seule. Peut-être que c'est ce dont j'ai besoin pour réfléchir, la solitude.
Je me suis assise sur le lit en fixant le vide. En tournant le regard vers mes pieds, j'ai remarqué le bracelet de cheville qu'il m'avait donné. Saisie d'une grande rage, j'ai tenté de le casser de toutes mes forces, sans succès. Je me suis donc remise à pleurer. Ça ne résoudra rien toutefois peut-être que ça m'aidera à aller un peu mieux.
La porte s'est brusquement ouverte. J'ai couvert mes cheveux avant de voir que c'était Tariq.
- Wafa m'a dit que tu étais malade. Tu vas mieux ?
- Ma vie est complètement détruite Tariq...plus rien ne sera comme avant...
- De...de quoi tu parles ?
- Je suis enceinte !, m'écriais-je entre deux sanglots.
Il est resté silencieux, choqué par ma révélation.
- Tu...tu es enceinte de...de Sulaym..., murmure-t-il.
Il s'est tenu la tête entre les mains en me fixant comme si j'étais d'une autre planète.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- À propos de quoi ?, demandais-je, incrédule.
- Tu ne peux plus partir.
- Quoi ? Comment ça ?
- Tu portes l'héritier du trône dans ton ventre !
- Et alors ? Tu ne peux pas me faire ça Tariq ! Tu m'as promis de m'aider.
- Je sais mais je n'avais pas prévu ça ! Pardonne-moi Djavéda mais je ne peux plus t'aider à t'enfuir..., a-t-il dit avant de partir à toute vitesse.
- Tariq ! Me laisse pas !, m'écriais-je en le voyant s'en aller.
Mes attentes, mes rêves, tous mes espoirs viennent juste de partir en fumée.
***Les jours qui ont suivi, Tariq m'évitait tant qu'il le pouvait et moi j'évitais Sulaym comme s'il en valait de ma vie. Il ne sait pas que je porte son enfant et il ne le saura jamais. J'ai fait jurer Wafa de ne rien dire et malgré son comportement, je sais que Tariq aussi ne dira rien. Avec ou sans lui, je quitterai cet endroit dans les prochaines semaines.
C'était le soir. Je marchais seule dans les couloirs direction ma chambre lorsque subitement une main se posa sur ma bouche et je me suis sentie attirée dans un coin. J'étais sur le point d'hurler lorsque je me rendis compte que c'était Sulaym, la personne que je haïssais le plus à présent.
- Ce n'est que moi. Je voulais te voir.
Il m'attrapa les mains et me donna un baiser sur la joue. Je me suis éloignée de lui de toutes mes forces avant de le fixer avec toute la rage qui me consumait au fond de moi.
- Je te hais Sulaym...je te déteste comme jamais je n'ai détesté. Tu m'as battu, tu as abusé de moi, tu m'as enlevé toute la joie qui me restait et malgré ça tu te comportes comme si tu n'avais rien à te reprocher. Tu me répugnes au plus haut point.
Je suis partie en courant vers ma chambre. Je ne supportais plus de le voir, c'était trop m'en demander.
***Pendant toute la semaine, je suis restée loin de Sulaym et bizarrement il ne m'a rien demandé. Je pense que Wafa a dû lui dire que j'étais vraiment malade. Quant à Tariq, il ne m'adressait même plus la parole. Il pense qu'il fait le bon choix sauf que ce n'est pas le cas. Je vais réussir à rentrer sans lui, j'en suis sûre.
Un plateau de thé en main, je me dirigeais vers le salon pour servir la famille royale, ils étaient tous assis là-bas exceptés Sulaym et Tariq.
En arrivant dans la pièce, tous les regards se braquèrent sur moi, des regards hostiles et pesants.
- C'est elle ! C'est elle qui a volé mon collier !, s'écria la princesse.
Je la regardai d'un air complètement perdu. De quoi parlait-elle ?
- Quoi ?
- Avez-vous volé l'emblème de la princesse ?, me questionna le roi d'une manière tellement dure que j'en frissonnai de peur.
Dans la famille royale, chaque membre a un emblème. Celui du roi est une broche, celui de la reine un bracelet, celui de la princesse est un collier et celui du prince est une bague.
- Non...je...je n'ai rien pris...
- Elle ment !, hurla Amal.
- Non ! Je ne ments pas. Je...je ne sais même pas de quoi vous parlez.
- Dans ce cas votre chambre sera fouillée, répliqua le roi.
- Allez-y, je n'ai rien à cacher.
Accompagnée du roi, de la princesse et des gardes, je me dirigeai vers ma chambre non sans une certaine inquiétude. Je sais que je n'ai rien pris. J'ignore pourquoi Amal m'accuse de vol.
Dans la chambre vide, les gardes se mettent à fouiller les lieux rigoureusement. Ils jetaient tous les objets qui se trouvaient sur leur chemin par terre. L'un d'entre eux a soulevé le coin de mon lit, un collier est tombé à mes pieds.
- Qu'est-ce que c'est ?, questionna le roi.
- C'est mon collier !, s'écria Amal.
- Mais...je...je vous jure que...je n'ai rien pris.
- Comment expliquez-vous cela alors ?
- C'est elle qui l'a pris, Père. Vous devez la punir !
J'étais complètement abasourdie sur le coup, je ne comprenais pas trop ce qui se passait.
Le roi me fixait dans le blanc de l'œil. J'attendais sa réponse, nous l'attendions tous.
- Selon les lois d'Oman, je vous condamne pour trahison. Vous serez châtiée par cent coups de fouets sur la place publique.
Après cet instant, je n'ai plus rien entendu. Mes oreilles avaient l'air d'être totalement bouchées. Il n'y avait rien, aucun son, mise à part un grand silence.
Les gardes m'ont attrapé par les bras, et m'ont sorti dehors, sur la place publique. Il y'avait une sorte d'estrade avec deux poteaux. Ils m'ont attaché les mains sur ces poteaux.
Ma sentence allait bientôt commencer...
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Dituogr 🦋
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Somewhere in the world
General FictionDjavéda, une jeune djiboutienne se rend au Maroc pour approfondir sa science islamique. Trois ans plus tard, elle obtient un diplôme de mémorisation du Coran et décide de rentrer chez elle mais à cause de sa grande peur de l'avion, elle prend la déc...