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♧On peut planifier nos vies tant qu'on veut mais on ne sait jamais comment elles finissent. Ito, The night comes for us.
















- Tu pensais pouvoir m'échapper ? Tu m'appartiens Djavéda, ta place est auprès de moi !, crie-t-il en me tirant par la main.

- Non ! Je veux rester avec ma famille ! Tu n'as pas le droit !

Je l'ai mordu à la main.

Il m'a lâché et j'en ai profité pour courir sauf qu'il était plus rapide que moi.

Il m'a rattrapé en trois enjambées et m'a porté en sac sur son épaule.

Il était en train de me ramener chez lui, dans cette prison, cette maudite prison et personne ne pouvait l'arrêter.

Je me réveillai en panique, regardant autour de moi. Ma respiration était entrecoupée.

Ce n'était qu'un rêve, un cauchemar.

Le soleil s'était déjà levé lorsque je sortis de ma chambre. J'ai senti une bonne odeur de nourriture et entendu des voix qui riaient aux éclats.

Je suis arrivée devant la cuisine, où je vis toute ma famille. J'ai pris un moment pour les contempler ensemble.

- Enfin réveillée !, s'exclama Salima.

Mon frère m'embrasse le front et j'en fais de même pour mes parents.

- Bien dormi ?, questionna ma mère.

- Ça peut aller...

Je ne voulais pas leur dire que j'avais quasiment passé la moitié de la nuit éveillée et que l'autre moitié a été le temple de nombreux cauchemars.

- Nous pensions à rentrer la semaine prochaine, déclara mon père.

- Pourquoi aussi tôt ? Vous pourriez rester, répondis-je en m'asseyant près de lui.

- Salima doit retourner à l'école et tu es rentrée saine et sauve. Tu vas faire tes études ici.

- Abî, je...je ne suis pas prête à commencer mes études.

- Comment ça ? Tu es malade ?

- Non mais...j'ai besoin d'un peu de temps pour...

- Tu vas bien alors je ne vois pas pour quelle raison tu voudrais retarder tes études, répliqua mon père.

J'avais oublié à quel point mon père pouvait être obstiné. Il a toujours mis un point d'honneur à nous donner une éducation parfaite. Les études, c'est quelque chose qu'il prend très au sérieux. Abî a eu une jeunesse assez difficile. Il n'a pas eu la chance de faire des études poussées. À son arrivée au Royaume-Uni, il n'était qu'un simple ouvrier. Sa foi et sa débrouillardise lui ont permis de grimper les échelons.

Un silence s'installa à table. Je ne savais pas comment expliquer à mon père que je ne pouvais véritablement pas retourner dans le monde actif. J'en étais incapable.

- Abî, laisse-la se reposer, intervint mon frère. Nous ignorons ce qu'elle a pu vivre pendant tout ce temps, nous devons essayer d'être compréhensifs.

- Très bien, capitula mon père.

J'ai respiré un bon coup, enfin soulagée qu'on ne m'oblige pas à faire une chose que je n'avais aucune envie de faire.

Après le petit-déjeuner j'ai pris une douche en veillant minutieusement à fermer la porte. Si jamais mes parents ou mon frère voyait l'état de mon corps ou même mon ventre qui commençait à prendre forme, je n'ose y penser.
***

J'étais debout face à la fenêtre de ma chambre, elle donnait sur un parc non loin de la maison.

Ça dure trois jours que je suis revenue et je suis complètement perdue. Je pensais qu'il me suffisait de revoir ma famille et d'être avec eux pour me sentir mieux, j'avais tort.

Je me sens démolie, égarée.

Un viol est une violence que l’on fait subir à une personne sans consentement ou par la force. C'est quelque chose qui te détruit mentalement. Je revis cette abomination toutes les nuits, sans exception. Sulaym ne s'est pas contenté de me faire du mal physiquement, il m'a aussi bousillé de l'intérieur.

J'avais le cœur serré. Je voulais parler à quelqu'un mais qui ?

Je me suis souvenue d'une chose. Tariq m'avait donné un numéro à appeler en cas d'extrême urgence. Peut-être que je devrais l'essayer.

Shuayb m'avait offert un téléphone portable. Je l'ai pris et j'ai sorti le bout de papier sur lequel était écrit le numéro.

Téléphone collé à l'oreille, j'attends patiemment que quelqu'un décroche, en espérant que ça soit Tariq.

- Allô ?

C'était lui. J'avais reconnu sa voix.

- Ta...Tariq ?

- Djavéda ? C'est bien toi ?

- Oui...

- Tu vas bien ? Amina m'a dit qu'elle t'avait laissé chez ton frère.

- Tu me manques Tariq.

Il est resté silencieux. Je pensais qu'il ne m'avait pas entendu.

- Je pense à toi tous les jours Djavéda mais tu es plus en sécurité en étant loin de moi.

- J'ai peur de la réaction de ma famille lorsqu'ils découvriront, ils vont me détester !

- Non, ce n'est pas de ta faute Djavéda. Il faut que tu gardes ça en tête. Tu dois prendre soin de toi, de vous.

- Est-ce que tu viendras un jour ?

- Je l'ignore. Je suis coincé au palais. Ne t'inquiète pas pour moi Djavéda. Essaies juste de reprendre ta vie.

- C'est dur...

- Je sais, je le sais bien mais tu n'as pas le choix.

- Tariq je...

- Il faut que j'y aille Djavéda. Je t'aimes.

Il avait raccroché.

Je t'aimes.

C'était la deuxième fois qu'il me disait cette phrase. Je ne comprends pas la nature des sentiments que j'éprouve pour lui. Il y'a peu, je le considérais comme un frère toutefois ses mots ont réveillé autre chose en moi. Un sentiment plus profond.

Je ne sais pas.

Je suis perdue.

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Dituogr 🦋

Somewhere in the world Où les histoires vivent. Découvrez maintenant