♧C'est fou de voir qu'autant de blancs nous haïssent alors que la plupart d'entre eux sont élevés par des noirs. June, Le secret de Lily Owens.♧
M Y R I A M
J'étais encore dans la cuisine, à terminer le déjeuner. Shuayb et Djavéda ne vont sûrement plus tarder.
J'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir avec fracas. Ça doit être eux.
En sortant de la cuisine, je tombe nez à nez sur Shuayb.
- Vous êtes là ! Je...
- Ils l'ont pris, dit-il soudainement.
- Pris quoi ? Où est Djavéda ?
- Ils ont pris Djavéda, ils l'ont enlevé...
- Qu...quoi ?
Ses yeux étaient rouges et ses mains tremblaient frénétiquement. J'avais peur pour lui.
- Peut-être que...que ce n'est pas lui ?
- C'est lui ! C'est ce p*tain de prince !, hurla-t-il. Je vais le tuer Myriam, je vais le tuer...
Il est entrée dans la chambre et en est ressortie une trentaine de minutes plus tard avec une petite valise.
- Tu...tu vas où Shuayb ?
- Je vais chercher ma sœur.
- Shuayb tu ne sais même pas où il l'a emmené.
- Oman...
- Quoi ?
- Il vit à Oman. Je peux pas rester ici sachant qu'il a Djavéda.
- Mais la police...
- La police ne sert à rien ! Ne préviens pas les parents. Ils ne vont pas supporter cette nouvelle.
Il m'a donné un baiser sur le front avant de partir à toute vitesse.
***D J A V E D A
Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais attachée à un lit. La pièce était sombre.
Je ne me souviens pas de combien de temps j'ai dormi ni de ce qui s'était passé. Tout ce que je savais c'était que j'étais loin de chez moi.
J'ai vu une silhouette postée dans le noir. Cette personne était en train de m'observer.
- As-tu apprécié ton séjour à Londres ?
- Su...Sulaym...
Mon coeur a violemment été secoué. Je tremblais de tout mon être. Je me débattais pour essayer de dénouer mes liens. C'était peine perdue.
Il a tiré les rideaux et la pénombre fit place à la clarté.
J'ai vu son visage, ce visage que je redoutais tant et qui fût mon pire cauchemar. Il me fixait, il fixait mon ventre.
- Tu vas donner naissance à mon héritier...
- Laisse-moi partir Sulaym...je t'en prie. Tu m'as déjà fait tant de mal.
- Tu as réussi à m'échapper une fois Djavéda et j'espère que tu as bien profité de ta famille parceque tu ne les reverra plus jamais.
- Je réussirai à m'enfuir à nouveau !
- Et qui va t'aider ? Tariq ? Dans l'endroit où il est, il ne peut rien pour toi.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ? Où est-il ?
Il n'a rien répondu. Il m'a tourné le dos et est sorti de la chambre.
Tariq ?
Il lui a fait quelque chose, c'est pour ça qu'il ne répondait plus à mes appels.
Je suis restée dans cette position pendant plusieurs heures.
Il y'avait une grande fenêtre juste en face du lit sur lequel j'étais attachée. Je parvenais à voir l'éclat d'un couché de soleil.
Il ne m'avait pas ramené à Oman, non, c'était un autre pays, un climat différent.
La porte s'ouvrit à nouveau. C'était lui, avec un plateau entre les mains.
- Qu'as-tu fait à Tariq ?
- Je t'ai apporté à manger...
- Qu'as-tu fait à Tariq ?, m'écriais-je inlassablement. Réponds-moi !
- Pourquoi est-il si important pour toi de le savoir ? Tu l'aimes peut-être ?
- Oui je l'aime Sulaym ! Je l'aime à un tel point que tu ne peux l'imaginer...
Ses yeux me lançaient des mitraillettes. Son regard reflétait toute la haine et la colère qu'il ressentait.
- Tu peux me faire ce que tu veux Sulaym. Tu peux me battre, m'humilier, abuser de moi mais jamais tu n'auras mon coeur. Le seul sentiment que je ressentirais pour toi sera de la haine et du dégoût.
Avant que je ne termine mon monologue, je sentis son poing s'abattre sur ma joue. Il me frappait au visage en hurlant des choses incompréhensibles.
- De la haine ? Tu ressens de la haine ? Tu n'as encore rien vu !, s'exclame-t-il rageusement.
A ce moment là, je portais juste ma juste de jilbeb et un t-shirt. Il les a déchiré comme un enragé. J'avais peur de ce qu'il allait me faire. Je ne m'en remettrai pas s'il le faisait à nouveau. Mon esprit est encore tellement blessé.
- Su...Sulaym...je...ne fait pas ça...pitié...je suis désolée...
- Tu vas assumer tes actes.
- Je suis désolée ! Pitié !
Il s'est déshabillé à son tour et je me souviens avoir juste fermé les yeux très fort. Je me souviens avoir voulu disparaître.
Il y'a certains moments dans nos vies qui peuvent être gênantes, embarrassantes, détestables. Des moments où l'on souhaite simplement disparaître afin d'y échapper. Que dire si ces moments nous ne font pas seulement mal à l'instant, qu'ils nous suivaient infiniment.
Je le sentais haletant contre ma peau, la pire sensation que j'ai éprouvé au monde.
- Tu resteras enfermée dans cette chambre, dit-il après s'être rhabillé. Je t'apporterai ce dont tu as besoin et si jamais tu essaies de t'échapper à nouveau, je te jure que je te tue.
Je fondis en larmes après qu'il soit parti.
Au bout de tant d'efforts à essayer de rester loin de lui, c'est le retour à la case départ...
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Dituogr 🦋
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Somewhere in the world
General FictionDjavéda, une jeune djiboutienne se rend au Maroc pour approfondir sa science islamique. Trois ans plus tard, elle obtient un diplôme de mémorisation du Coran et décide de rentrer chez elle mais à cause de sa grande peur de l'avion, elle prend la déc...