Jamais, au grand jamais, Lisa ne s'était sentie autant trahi de sa vie. Autour d'elle, les jeunes femmes élevaient leurs voix pour crier au scandale. Elles criaient leur mécontentement, leur peur, leur agacement. Lisa avait besoin d'air, tous ces cris lui donnaient mal à la tête. Alors, durant un moment d'inattention des gardes, elle réussit à se faufiler à l'extérieur du bâtiment.
C'était le soir, il faisait déjà nuit, il faisait si noir que Lisa n'arrivait même pas à voir où elle marchait. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne vit pas son père arriver.
« Tu aurais pu au moins rester jusqu'à la fin de mon discours, j'ai mis du temps à l'écrire. »
Il paraissait calme et serein, sans une once de tristesse et d'inquiétude dans sa voix. Il ne comptait pas s'excuser, Lisa ne savait même pas s'il se rendait compte de ce qu'il allait lui faire vivre. Il s'en fichait. Et cette pensée la tétanisait.
« Ne me dis pas que toi aussi tu vas me faire une crise de colère alors que la seule chose qu'on vous demande est de faire le pourquoi vous existez ! »
Lisa ne le regardait même pas, elle lui tournait le dos, elle serrait les poings. Elle pensait son père plus malin que cela, moins sexiste que cela surtout. Elle le pensait différent, mais en réalité, il était comme les autres. Les autres femmes avaient peut-être raison après tout.
« Regarde-moi ou je me verrais dans l'obligation d'appeler les gardes pour te ramener dans ta chambre. »
Cela n'eut aucune conséquence sur Lisa, elle espérait même qu'il le fasse pour éviter cette conversation. Si elle ne partait pas loin de lui rapidement, elle allait devenir violente.
Deux gardes sortirent du dos de son père et emmenèrent Lisa dans ses appartements, la tirant par ses vêtements avec une certaine violence. M. Brajia regardait cette scène sans trahir aucune de ses émotions.
Rien n'avait bougé dans la chambre. Lisa en était presque déçue. Elle se demandait combien de temps elle allait passer dans cette si petite pièce. Elle s'ennuyait déjà.
La nuit fut longue, les matelas avaient beau être confortable, ce n'était pas son lit douillet.
Le réveil fut aussi dur puisqu'une assourdissante sonnerie réveilla Lisa tôt dans la matinée. Elle se leva donc d'un très mauvais pied, prête à égorger la première personne qu'elle croise mais - heureusement pour le reste du monde - elle était toujours seule.
Elle fit un rapide tour par la salle de bain avant d'entendre la porte de sa chambre s'ouvrir. Elle abandonna alors toute activité pour sortir en courant de sa chambre, hors de question de rater cette opportunité de quitter cette chambre de malheur.
Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle, elle vit alors que toutes les jeunes filles étaient dehors. Toutes semblaient avoir la même envie de partir qu'elle.
« Nous vous donnons rendez-vous dans la salle de restauration qui se trouve au rez-de-chaussée, dans le calme cette fois-ci s'il vous plaît. »
« La fin de la réunion avait dû vraiment dégénérer » pensa Lisa.
Personne ne parlait, personne ne bougeait. La salle de restauration était remplie mais n'émettait aucun bruit. Lisa commençait sérieusement à être curieuse à propos de l'autre soir.
Le petit-déjeuner était tout à fait correct : des pancakes, des fruits à volonté, des céréales et même du jus d'orange. Lisa avait tellement mangé qu'elle sentait que son ventre était plus gros qu'habituellement.
On entendit tout à coup des pas très bruyants qui faisaient écho dans l'immense salle silencieuse. Lisa pouvait les reconnaitre sans même se retourner pour voir de qui il provenait : c'était ceux de son père.
« Bonjour à tous, j'imagine qu'après les évènements de la veille nous avons tous envie de retourner dans le passé pour modifier ce malheureux incident. Je partage la peine commune et souhaite partager mes sincères condoléances à ses proches. Ceci ne se reproduira plus, je vous le promets. Cependant, nous devons avancer et pour cela...
-Vous êtes des meurtriers, vous et tous vos toutous qui vous servent de gardes ! Vous l'avez tué ! Volontairement ! Si cet incident s'ébruite hors de cette enceinte vous allez le payer ! »
C'était une jeune fille qui ne semblait même pas avoir atteint la majorité, elle pleurait une quantité de larmes impressionnante. Sa voix avait porté dans tout le bâtiment, sa colère aussi : elle en tremblait.
Lisa l'observa alors impuissante se faire emmener de force par des gardes. Ils durent se mettre à cinq pour l'empêcher qu'elle ne dise un mot de plus et l'emmener hors du bâtiment.
« Je disais donc, nous devons avancer. Et pour cela nous avons décidé d'avancer la date des rencontres avec les pères de vos futurs enfants qui devait initialement se dérouler dans une semaine. Elle aura donc lieu ce soir. Avant leur arrivée, vous pourrez vous mettre sur votre 31 dans les salons de coiffures et de maquillages dans le bâtiment F. »
Lisa fut étonnée de n'entendre aucune contestation de la part des autres jeunes femmes. Toutes semblaient être traumatisées et s'être pliées à obéir. Malgré tout, Lisa ne comptait pas se faire belle pour les yeux d'un mec qui avait volontairement accepter de participer à cette "expérience".
« À 20h, après le diner de ce soir, vous avez obligation d'être dans vos chambres bien habillée. Je ne vais pas vous faire de dessin sur ce qui se passera cette nuit. Sachez que le refus n'est pas autorisé. En attendant, vous avez temps libre pour vaguer à vos occupations. Le plan des bâtiments se situe à l'entrée de la salle. Bonne journée à toutes. »
Il se retira aussi vite qu'il est arrivé, comme s'il avait honte.
Lisa se mis alors directement à chercher la Lisa de sa classe à travers la salle. Elle la repéra sur le bout d'une table seule en train de regarder son assiette dans ses pensées.
Lisa la rejoignit discrètement et silencieusement.
« On se casse de là ? »
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One name
Science FictionLa société est au plus mal, l'amour entre un homme et une femme se fait beaucoup plus rare, les naissances ont diminué considérablement. En moins d'un siècle, la planète a perdu plus de la moitié de ses habitants. Le gouvernement est désespéré, si l...