Il faisait froid, alors Louis avait enroulé ses bras autour de lui pour essayer de gagner un peu de chaleur, de plus il n'avait pas arrêté d'y avoir des averses pendant la dernière heure, tout était humide et il se dépêchait de rentrer chez lui, ne faisant pas attention à ce qui l'entourait. Ce fut donc un miracle qu'il repère du coin de l'œil le petit tourbillon d'étincelles provenant d'une ruelle à proximité.
Il s'arrêta, pencha la tête sur le côté et regarda dans la ruelle avec intérêt, déchiré entre la curiosité et la méfiance ; il n'avait jamais été du genre à foncer tête baissée dans des situations suspicieuses juste au cas où quelque chose de fâcheux se passait. Mais quand une autre lumière vacilla au fond de la ruelle, créant une petite pointe de luminosité dans l'obscurité, il ne put s'empêcher de se tourner curieusement vers elle et de faire un pas hésitant en avant. Mordillant sa lèvre, Louis avança doucement vers l'entrée de la ruelle et se figea lorsqu'il entendit une voix bien trop familière marmonner un juron.
Un peu stupéfait, Louis secoua la tête d'un air hébété puis il resta parfaitement immobile, à l'écoute d'un autre murmure, pour voir s'il n'avait peut-être pas reconnu la bonne voix. Le prochain son qui atteignit ses oreilles ne fut pas une voix humaine ; c'était le raclement d'un morceau de métal sur un autre métal, accompagné par un autre éclat de lumière – puis un grognement hargneux lorsque la flamme s'éteignit une fois de plus. Abandonnant tout espoir que ce soit quelqu'un d'autre que le garçon qu'il était si vaillamment déterminé à éviter, Louis ferma les yeux, prit deux profondes inspirations puis avança petit à petit dans la ruelle juste à temps pour voir un beau visage éclairé par une autre flamme de briquet.
Cette fois, le briquet resta miraculeusement allumé, laissant à Louis l'opportunité d'avoir une excellente vue sur le visage de Harry. La flamme vacillante accentuait ses pommettes et faisait étinceler ses piercings un peu bizarrement ; son front était plissé de concentration sous les épaisses boucles qui retombaient dessus. Une cigarette était pincée fermement entre ses lèvres, et il semblait vouloir l'allumer à une main, sans grand succès ; l'autre main était autour de la cigarette pour l'empêcher de s'éteindre une fois qu'il serait parvenu à l'allumer. Ayant réussi à convaincre le briquet de fonctionner, Harry fit entrer en contact le bout de sa cigarette avec la flamme, mais elle resta résolument éteinte. Il laissa échapper tout un tas de jurons, les mots étouffés par la cigarette, puis il secoua sa tête pour enlever ses cheveux de devant ses yeux et essaya à nouveau.
Louis avait toujours méprisé les cigarettes et il méprisait encore plus l'idée que Harry Styles attaque ses propres poumons et les fasse devenir noir avec des produits chimiques, finissant avec les ongles et les dents jaunes et mettant essentiellement sa propre vie en danger – mais d'autre part, c'était dur d'ignorer le fait qu'il avait l'air scandaleusement beau avec un bâton tueur coincé entre ses lèvres.
« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il, trop pris par surprise pour se souvenir que Harry n'avait aucune idée qu'il était là en train de le fixer de façon presque glauque et que c'était probablement un peu bizarre de rester là à le fixer, tenant compte du fait qu'il essayait juste d'allumer tranquillement une cigarette dans une petite ruelle. Là encore, puisqu'il essayait de le faire dans une petite ruelle, ça suggérait que personne d'autre ne savait qu'il fumait, et si Louis avait une opportunité d'entamer une conversation avec lui, même si elle était complètement pieuse, il n'allait guère la laisser s'échapper.
Harry sursauta, sa flamme soigneusement entretenue s'éteignit, et sa bouche s'ouvrit ; il cria et réussit à attraper la cigarette résolument éteinte avant qu'elle ne touche le sol. Puis il fixa Louis, toujours bouche bée, le métal de son piercing à la lèvre inférieure brillant. « Oh, c'est toi, » dit-il, semblant un peu contrarié. (Comme sa cigarette, alors) « Toujours en train de me crier dessus, je vois. Je suppose donc que tu n'es pas venu pour me demander de l'aide pour nettoyer ton tableau, hein ? »
Louis ignora la question ; ce n'était pas comme si Harry s'attendait à une réponse. « Je suppose que tu penses être cool, hein ? Debout là, avec ce truc dans ta bouche. Qu'est-ce que tu fais avec ça, de toute façon ? »
« Je fume, » dit Harry aimablement.
« Ouais, on dirait bien. » Après quelques secondes, Louis ne put s'empêcher de faire la remarque, « Débutant, hein ? »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Eh bien, corrige-moi si je me trompe – je ne parle pas avec une sorte d'expérience personnelle – mais t'as pas l'air d'avoir eu beaucoup de chance pour réussir à l'allumer, non ? »
Harry haussa des épaules. « J'essaie de commencer à en faire une habitude. Je suis sûr que je serai meilleur avec un peu d'entraînement. »
« Pourquoi tu voudrais commencer à fumer régulièrement ? T'espères une mort prématurée, hein ? »
« Je donne juste une autre raison aux personnes comme toi pour me détester, » répondit Harry légèrement, « comme si les piercings, les vêtements, et le mépris général de l'opinion des autres n'étaient pas assez pour inspirer la haine à presque tous ceux que j'ai rencontré, maintenant tu veux quelque chose de particulier, ou tu vas juste me faire la morale sur la façon dont tu penses que je dois vivre ma vie ? Parce que je suis vraiment pas d'humeur. »
Après un moment d'hésitation, Louis ferma ses yeux et admit, « Je voulais te parler de... ta théorie du tableau blanc. Eh bien, je ne veux pas en parler, mais je suppose qu'il n'y a pas beaucoup d'intérêt à essayer de l'éviter plus longtemps, pas maintenant que c'est déjà commencé. Je lutte pour une bataille perdue d'avance. »
« Eh bien, ça semble assez énigmatique. » Mais Harry sortit un paquet de cigarette de la poche de son jeans pour y remettre la cigarette toujours éteinte. « Je suppose qu'il n'y a pas d'intérêt à te demander si t'en veux une, hein ? » Il roula des yeux, et sans attendre la réponse dégoûtée de Louis, il replaça le tube de papier roulé et enfonça le paquet dans sa poche, suivi par le briquet. Lorsqu'il eut fini, il tourna toute son attention vers Louis, et tout d'un coup, ce fut comme si Louis avait du mal à tenir debout, parce que pour une fois quelqu'un l'écoutait sans une seule once de jugement dans ses yeux, quelqu'un qui ne pourrait pas s'enfuir pour le dire à ses parents (ce qui était toujours un risque avec Liam, bien qu'il n'ait jamais sincèrement cru que Liam pourrait le trahir de cette façon), quelqu'un qui pourrait comprendre sa situation et qui serait capable de l'aider à la comprendre en retour, ou peut-être faire quelque chose pour ça. Luttant pour ne pas se mettre à pleurer, il posa une main sur sa bouche pour étouffer un petit bruit qui ressemblait effroyablement à un sanglot – et peu importe la vitesse à laquelle il se reprit, il ne put éviter l'inquiétude de traverser le visage de Harry.
« Louis ? »
« Comment as-tu su que t'étais gay ? » demanda Louis à moitié désespéré, trop affolé pour faire preuve de tact.
Pensif, le plus jeune répondit, « Je ne pense pas que ce soit vraiment quelque chose dont je me suis spécifiquement rendu compte. J'ai jamais été intéressé par les filles de cette façon. Mon premier coup de cœur était un garçon, mon premier baiser était un garçon, ma première fois était avec un garçon. Eh bien, un homme, je suppose ; il était plus âgé que moi, mais ce n'est pas vraiment la question. Quand tous mes amis parlaient de la fille sexy qui travaillait au magasin au coin de la rue, j'étais plus intéressé par le gars mignon à la caisse chez Sainsburys. Tous les garçons à l'école accrochaient des posters de Cheryl Cole et Megan Fox ; les miens c'étaient Brandon Flowers et, j'sais pas, Johnny Depp. Peu importe. Le fait est que ça n'a jamais vraiment été confus pour moi, qui ou ce que j'aimais. » Après un moment d'hésitation, il demanda doucement, « Je dois comprendre que t'as eu des sentiments pour un autre garçon. »
Il lutta pour ne pas faire trembler sa voix, mais entendre quelqu'un dire ces mots à voix haute avait formé une bulle d'hystérie au fond de sa gorge qu'il eut du mal à vaincre, et sa voix grinça un peu alors qu'il admit faiblement, « Ouais. »
« Ça ne veut pas automatiquement dire ce que tu crois, tu sais. Je connais plein de personnes qui ont été attirées par des garçons et ça ne veut rien dire ; c'est juste une chose naturelle, juste ton corps cherchant qui et quoi tu veux. Ça pourrait passer avec le temps. »
« Ouais, et ça pourrait ne pas être le cas. » Louis frotta ses yeux, épuisé, puis dit, « Peut-être que ça ne m'aurait pas autant inquiété, habituellement. J'veux dire, ce garçon... c'est le premier que j'ai regardé puis pensé 'wow'. C'est le premier à qui j'ai déjà pensé... comme ça. J'ai jamais regardé quelqu'un du même sexe que moi et été attiré par lui. » Harry hocha de la tête, alors Louis décida de se jeter à l'eau et éclata, « mais en fait je n'ai jamais trouvé une fille assez jolie pour me retourner sur elle. »
« Peut-être que tu pourrais essayer de faire une comparaison, » suggéra Harry. « C'est dur de se faire une vraie opinion sur quelque chose jusqu'à ce que tu essaies les deux, non ? » Ils tressaillirent un peu tous les deux sur le choix de ses mots, et Harry fit une grimace. « Je suppose que t'as déjà embrassé une fille, hein ? »
Evidemment – pas que ça ait vraiment été une expérience qui valait le coup d'être recommencé. C'était à une fête pour le réveillon du nouvel an, lui et sa famille avait été invités et la fille des hôtes, Mélanie, avait de grands yeux bleus, trop d'eyeliner et portait une longue robe qui faisait presque toute sa longueur archaïque en étant tellement serrée qu'elle ne laissait pas beaucoup de place à l'imagination ; elle aurait très bien pu être peinte sur elle. Elle avait coincé Louis, après quelques verres (malheureusement) non-alcoolisés, sous une branche de gui que personne n'avait encore pris la peine d'enlever, et elle l'avait embrassé. Ses lèvres étaient collantes à cause de son gloss à la fraise, et elle avait mis beaucoup trop de parfum. Quand il s'était excusé, s'essuyant la bouche et filant comme une flèche, il se souvenait avoir pensé « qu'est-ce que c'était ça ? » puis avoir été très déçu, parce qu'honnêtement, ça avait craint. Dans tous les sens du terme ; elle n'était évidemment pas au courant que vous êtes censé éviter d'imiter un aspirateur.
Il acquiesça et Harry dit, « Eh bien, alors, peut-être que tu devrais essayer de faire une comparaison. Tu pourrais embrasser un garçon – autre que celui par qui t'es attiré, bien sûr – et vois ce que tu préfères. Où est le mal ? »
Louis ne put s'en empêcher ; il renifla. « Super idée. Ça marche en théorie, mais en pratique ? Quand vais-je trouver un mec qui me laissera l'embrasser ? Quatre-vingt-dix pourcent des mecs que je connais pensent que l'homosexualité est l'équivalent du diable ; si je leur demande de m'embrasser, ils vont m'attacher et essayer un exorcisme sur moi ou autre. »
« Et moi ? »
Choqué, Louis sentit sa tête se relever brusquement et ses joues le trahirent, devenant rouges écarlate. « Toi ? »
« Je suis un mec, non ? »
La prochaine réaction de Louis fut de rire de façon mal assurée. « Ouais, je le sais. Merci pour la proposition, mais je ne pense pas que t'embrasser va exactement m'aider à découvrir si ce gars est juste une passade. »
« Pourquoi pas ? »
Pendant un moment, Louis désespéra de savoir si Harry faisait délibérément exprès d'être aussi stupide ou s'il était vraiment beaucoup moins futé qu'il le pensait (ce qu'il supposa être une bonne chose, avec le recul). Il abandonna quasiment le fait d'essayer de faire des allusions et décida qu'il pourrait aussi bien le dire clairement, parce que Harry et lui avaient besoin de l'entendre à haute voix.
« Parce que c'est toi, espèce d'idiot ! »
Harry resta silencieux. Ses yeux verts étaient comme les éclats d'une bouteille de vin brisée, s'adoucissant avec la compassion et un peu d'autre chose dont Louis n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais c'était toujours comme s'ils le déchiraient en lambeaux et lisaient en lui, tirant pour faire sortir chacun de ses secrets à travers les entailles, les plaies qu'ils étaient en train de percer dans son armure. Il repoussa ses boucles de devant ses yeux et passa sa langue sur son piercing de façon presque pensive, mais il ne fit aucun commentaire. Louis espérait en quelque sorte que ce soit le cas.
« Je croyais que tu me détestais, » dit finalement Harry. « Puisque la plupart de nos conversations semblent commencer par toi qui me cries dessus et finir par toi qui t'enfuis dans une colère noire et agissant tout en arrogance et comme un bigot, je ne pensais pas que ce soit une bonne hypothèse. »
« J'ai essayé, » dit Louis, impuissant. « Je suis supposé te détester, mais je sais absolument pas non plus ce qu'il se passe dans ma tête, et dernièrement, t'es la seule chose qui a eu du sens. Tes théories folles. Ton attitude. Ta façon de voir les choses. Je comprends, et je pense que je commence à être d'accord avec, et je ne sais vraiment pas quoi faire ensuite. »
« Embrasse-moi, » suggéra Harry.
Louis resta bouche bée. « Quo – Je – »
Les yeux de Harry brillèrent et brûlèrent alors qu'il faisait un pas vers Louis, la lumière se reflétait sur le métal qu'il avait sur le visage, lui donnant l'air d'être dangereux mais tellement, tellement magnifique, c'était injuste. Ça fit un peu trembler Louis ; il essaya d'étendre une main et de la poser sur le mur pour se maintenir debout, mais le bout de ses doigts rencontra seulement le vide. Harry était toujours en train de s'approcher, s'avançant avec un air féroce qui donna juste envie à Louis de le plaquer contre un mur et de ravager son cou jusqu'à ce qu'il soit couvert de suçons, pour montrer qu'il était au commande, et Harry pourrait avoir l'air de tout ce qu'il voulait, parce que Louis était celui qui décidait. Le désir le déstabilisa encore plus, faisant tourner sa tête avec son intensité. Depuis quand ne s'était-il plus senti comme ça ?
« Embrasse. Moi, » grogna Harry.
Non, pensa Louis, mais Oui s'il te plaît, disait son corps, et il se précipita tout à coup vers Harry, l'attrapa par la taille et le tira vers l'avant, sentant les fins os de ses hanches s'enfoncer dans son ventre alors qu'ils entraient en contact, et le corps chaud et inopinément fort d'Harry lui coupa le souffle. Il dut se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir l'atteindre convenablement, mais Harry était tout de même prêt à se contraindre et se pencha en avant pour réduire la distance un peu plus rapidement. Louis put soudainement sentir le goût du métal amer sur sa langue et les lèvres de Harry sur les siennes, elles étaient chaudes, douces, et pas du tout collantes. C'était comme si Harry avait caché une avalanche d'insecte en lui et soufflait des papillons dans son ventre, il resserra simplement sa prise sur la taille de Louis pour l'empêcher de tomber.
Le baiser s'approfondit et Louis s'étira un peu plus sur ses doigts de pied pour un meilleur accès ; il passa sa langue sur la lèvre inférieure de Harry et tapa l'anneau avec le bout, se penchant dans l'étreinte. Prudemment, il tordit ses mains froides dans les cheveux de Harry, découvrant que les boucles épaisses avaient une chaleur rassurante et étaient soyeuses, laissant ses doigts froids s'enfouir profondément en elles et permettant à leurs corps se rapprocher encore plus jusqu'à ce qu'il puisse sentir le briquet dans la poche de Harry s'enfoncer dans sa hanche. Harry mordilla presque tendrement la lèvre de Louis, ses mains glissant même autour de la taille de Louis jusqu'à se rencontrer dans le bas de son dos, restant là et le tenant en place de façon sécurisante. En réponse, les mains de Louis, plus petites, se dégagèrent de ses boucles, traînèrent dans sa nuque, puis glissèrent le long du contour de ses épaules pour finir par agripper le haut de ses bras, assez fort pour se faire mal aux doigts alors Dieu seul savait ce qu'il en était pour les épaules de Harry, mais ce dernier ne fit pas un seul bruit de mécontentement. Ses lèvres cajolèrent, encore et encore, habilement celles de Louis en réponse, la morsure métallique glaciale de son piercing à la lèvre ajoutant une note amer à un baiser qui autrement aurait été presque insupportablement doux. Harry dégageait une odeur qui était un mélange d'aftershave, de shampoing aux agrumes et simplement une sorte d'odeur d'homme que Louis n'avait jamais pu sentir auparavant, n'ayant jamais été assez proche d'un garçon, autre que Liam mais ils étaient amis depuis tellement longtemps qu'il ne remarquait plus vraiment comment Liam sentait. Harry se pencha encore un peu plus en avant pour pouvoir l'embrasser plus durement, plus brusquement mais également un peu plus passionnément, et Louis s'accrocha encore plus fermement à lui, son estomac faisant des loopings et se sentant plus qu'un peu étourdi.
Juste au moment où Louis commençait à se demander si ça se finirait, s'il serait coincé pour toujours dans les limbes glorieux des baisers intenses qui faisaient tourner sa tête, trembler ses membres et transformer son ventre en un champion de gymnastique, Harry se recula un peu, déposant délicatement trois doux et agréables baisers papillons au coin de sa bouche. Puis il se pencha légèrement en arrière, frottant de façon apaisante ses mains dans le dos de Louis comme pour le rassurer. Ce fut à ce moment que Louis se rendit compte qu'il tremblait.
Les yeux de Harry étaient brillants et sa bouche était rouge, ainsi que ses joues, et les yeux de Louis étaient attirés par ses lèvres, avec ce piercing argent étincelant qui avait étonnement rendu le baiser meilleur plutôt que de lui donner un goût bizarre ; il constata qu'il aimait le goût métallique d'une façon assez étrange. Léchant ses lèvres, Harry toucha légèrement son front avec celui de Louis et plongea son nez juste à côté du sien, embrassant sa joue, puis une fois encore il se recula, jugeant sa réaction. Lorsque ça devint clair que Louis tremblant, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que trembler, n'allait pas commencer à lui crier dessus et ne semblait pas être, même légèrement, en colère ou bouleversé, Harry se détendit sensiblement et Louis se laissa aller dans l'étreinte qu'il lui offrit très volontiers, posant sa tête sur l'épaule de Harry et laissant le plus jeune supporter tout son poids. C'était bien d'être tenu pendant un petit moment, surtout par quelqu'un qui était aussi chaud et fort, qui sentait aussi bon, et qui embrassait de façon aussi fantastique.
Puis, soudainement, Oups, tu viens d'embrasser un garçon ! frappa Louis en pleine poitrine, telle une claque ou un coup de pied dans le ventre, lui coupant le reste de souffle qu'il lui restait. Il sursauta vivement et l'emprise de Harry se desserra, le lâchant un peu pour qu'il puisse facilement se libérer s'il le souhaitait. Il luttait contre la panique qui montait en lui, le petit merde qu'est que tu viens de faire ?martelant son crâne et le faisant se sentir un peu malade, mais en même temps, il pouvait pas s'imaginer se retirer des longs bras de Harry. Il venait d'embrasser un garçon, il avait beaucoup trop aimé ça, et il ne savait pas quoi faire, alors il se pencha contre Harry et le serra fermement. La prise lâche de Harry sur lui se resserra un peu, le rassurant.
« Ça va ? » murmura Harry, son souffle froid faisant se hérisser les cheveux près de l'oreille de Louis. Ses mains passaient de façon réconfortant le long de la colonne vertébrale de Louis comme si c'était un petit enfant, le calmant. « Ça va ? »
« Ouais, » dit Louis à bout de souffle, luttant pour reprendre sa respiration ; son cœur battait à mille à l'heure et il était toujours un peu étourdi. « Ça va. »
« Et maintenant ? » chuchota Harry, frottant sa joue avec le bout de son nez. « C'est toi qui décide. Ça doit être difficile de reprendre ses esprits, prends ton temps. Qu'est-ce que tu veux faire ? »
« Je sais pas, ne t'arrête pas. »
Harry tourna docilement sa tête, se pencha et l'embrassa à nouveau, puis le déferlement dans les oreilles de Louis fit taire la petite voix irritante, qui l'avait harcelé pendant les dernières minutes et il se laissa aller dans les bras du plus jeune. Leurs lèvres se fondaient ensemble, les doigts de Louis s'enfouirent à travers les boucles épaisses et le baiser prit la relève. Les seules choses au monde dont Louis était bien conscient étaient les mains de Harry dans son dos et ses lèvres sur les siennes. C'était tellement facile de se perdre dedans, et d'oublier ce qu'il était en train de faire, qu'ils avaient tous les deux perdu la notion du temps et au moment où ils referaient surface, Louis était presque sûr qu'il ferait beaucoup plus noir que lorsqu'ils avaient commencé à se rapprocher. Il aurait également beaucoup plus de mal à respirer qu'au début, probablement parce qu'il n'avait jamais fait ça avec une sorte de régularité pendant quinze bonnes minutes.
Le goût de Harry était quelque chose de nouveau, quelque chose que Louis n'avait jamais expérimenté avant, mais il savait que c'était la chose la plus douce et le plus addictive qu'il goûterait dans sa vie et il ne pensait pas qu'il serait aussi satisfait en embrassant une autre paire de lèvres, pas après avoir essayé celle-ci. Ses doigts se retirèrent des cheveux de Harry, glissèrent dans son dos, se posèrent à la base de sa colonne vertébrale puis glissèrent sous son sweat et son haut, s'immobilisant sur sa chute de reins. Harry sursauta et eut un petit frisson parce que sa peau était chaude et les mains de Louis étaient froides, mais ce fut un bruit d'approbation et non d'inconfort qui s'échappa de lui alors qu'il se rapprochait, l'embrassant plus passionnément et s'agrippant plus fermement à lui. Le monde tournait tout autour de l'instant où leurs corps entrèrent en contact.
Louis avait froid parce qu'il n'avait pas de manteau puisqu'il revenait de chez Liam et que sa maison était à seulement quelques pâté de la sienne, alors il était sorti simplement en tee-shirt et jeans, sans y réfléchir, mais maintenant il était content de s'être habillé si imprudemment. C'était comme si quelqu'un avait allumé une allumette dans ses veines, et les étincelles dansaient à travers son sang et le réchauffaient partout, sa peau brûlant. Au moment où son corps et celui de Harry se touchèrent, elle brûla encore plus, de façon presque insupportable mais il n'avait pas envie d'éteindre les flammes, seulement de les raviver encore plus.
La deuxième fois, ils se séparèrent avec un soupir et Louis inclina presque béatement sa tête en arrière pour examiner son œuvre, la prise de Harry sur lui toujours ferme et rassurante. Pour dire les choses franchement, Harry ressemblait à une loque. Les doigts fins de Louis n'avaient fait qu'une bouchée de ses cheveux, les mettant en un bordel ébouriffé de boucles qui partaient dans n'importe quelle direction et semblaient défier les lois de la gravité, tenant presque complètement debout sur sa tête et autour de son visage tel un halo de boucles brunes. Ses pupilles étaient spectaculairement dilatées que seul une bande mince de l'iris vert pouvait être visible, encerclant la tache noire foncée qu'était sa pupille. La bouche que Louis avait embrassé si fiévreusement qu'elle était gonflée et rose, et peut-être que c'était son imagination, mais il trouvait que l'anneau à la lèvre inférieure de Harry avait un scintillement un peu plus brillant qu'avant. Ses joues avaient rougi à cause des baisers de Louis, son torse était haletant, son regard était noir et ses paupières lourdes, laissant peu de place à l'imagination au sujet de ce qu'ils auraient fait ensuite si Harry faisait ce dont il avait envie. Le bout de sa langue rose glissa sur sa bouche et il lécha ses lèvres, les rendant scintillantes de bave et la bouche de Louis s'ouvrit à nouveau avec un petit pop. Oh.
Si Harry était aussi ruiné par leur échange frénétique, alors Louis n'avait aucune idée de quoi il pouvait bien avoir l'air. Un véritable désordre, probablement. Il n'était pas sûr de pouvoir ôter ce magnifique regard fou de désir avec autant de finesse que Harry le fit.
Bien sûr, il n'aurait pas vraiment pu s'attendre à en sortir indemne ; alors qu'il regardait Harry dans les yeux presque triomphant et se sentait incroyablement heureux de lui, la petite voix dans sa tête devenait de plus en plus agaçante au fur et à mesure qu'elle se faisait entendre. C'est la deuxième fois que tu embrasses un garçon, intervint-elle avec jubilation, et tu as encore plus aimé ça que la première fois !
Louis n'eut même pas conscience de gémir jusqu'à ce que le son eut quitté sa bouche et fit écho sur les murs autour d'eux à travers le silence. Se retirant des bras de Harry, il se recula à l'aveuglette, maladroitement, mais sans aucune réelle force derrière le repoussement et il chancela en arrière, percutant un mur et se penchant avec reconnaissance contre. Il cacha son visage dans ses mains et fit un petit sifflement d'horreur. Inquiet, Harry tendit une main pour pouvoir le toucher, puis sembla se raviser et se retira un peu.
« Oh mon Dieu, » geint Louis, frottant ses yeux tellement fort que des couleurs vives explosèrent comme un feu d'artifice flou derrière ses paupières. « Oh mon Dieu. » C'était la première fois qu'il se souvint avoir utilisé le mot 'Dieu' dans le sens d'un juron, mais pour être juste envers lui, il n'était pas complètement sûr de s'il était en train de jurer ou de prier pour avoir de l'aide.
« Ça va ? » Mordillant sa lèvre gonflée (ce qui n'était guère bénéfique à Louis alors qu'il essayait de reprendre un peu le contrôle sur ses réflexions totalement brouillées), Harry le regarda anxieusement et essaya de savoir si ses avances et tentatives d'aide seraient les bienvenues ou non ; il semblait avoir du mal à prendre la décision d'agir ou non.
« Oh mon Dieu. Qu'est-ce que je viens de faire ? » Louis leva les yeux au ciel, impuissant, et tout à coup ses yeux furent remplis d'humidité inattendue. Déconcerté, il porta un de ses doigts à un œil et regarda fixement la petite perle d'eau salée qui apparut dessus. Puis il leva les yeux, les posa sur Harry puis répéta d'une voix effrayée, « Qu'est-ce que je viens de faire ? »
Harry observa ses jambes tremblantes d'appréhension. « Tu veux t'assoir ? Tu sembles un peu paniqué. J'veux pas que tu t'évanouisses sur moi. »
Louis sortit un mouchoir de sa poche qu'il fut surpris mais très heureux de trouver là, essuya ses yeux puis moucha hâtivement son nez. « Je ne peux pas m'assoir, » dit-il d'une voix sourde, « il a plu pendant la dernière heure et demi. Le sol est mouillé. »
Après un moment, Harry commença à passer son pull à capuche par-dessus sa tête, et à la surprise de Louis, quelques secondes plus tard, il se tenait debout en portant uniquement un jeans cintré noir et un tee-shirt noir anodin. Il n'était même pas un peu déchiré. Alors que Louis l'observa, il posa le haut sur le sol, où il atterrit sur une zone mouillé et commença à avoir l'air extrêmement dépenaillé à partir du moment où il toucha le sol, mais Harry ne semblait pas particulièrement dérangé par ça.
« Assis-toi dessus. Ce n'est pas grave, » dit-il généreusement.
Malgré le sentiment qu'il devrait probablement refuser, Louis décida que ce serait assez odieux de dire non maintenant que le vêtement était déjà sale et humide, alors il glissa délicatement le long du mur et se retrouva assis avec ses genoux plaqués contre son torse, ses bras enroulés autour et son dos voûté, une tension émanant de chaque centimètre carré de lui. Harry attendit un moment puis s'installa à côté de lui, laissant une distance décente entre eux et se mettant sur le bord du pull pour donner de l'espace à Louis, mais ce dernier était presque sûr qu'il préférerait avoir quelqu'un sur qui se pencher, alors il tira sur la manche du tee-shirt de Harry pour le faire venir un peu plus près. A la fin, Harry enroula un long bras autour de lui et Louis posa sa tête sur son épaule, ils restèrent comme ça pendant un moment, volant la chaleur l'un de l'autre et ne disant rien pendant que Louis essayait de forcer sa tête réfléchissant à mille à l'heure à ralentir, pour au moins lui permettre d'enchaîner quelques phrases cohérentes pendant quelques instants.
« As-tu réussi à comprendre plus de choses ? » lui demanda Harry après un moment.
Louis soupira et se blottit un peu plus contre le flanc de Harry. « Je sais pas. Peut-être. Je n'arrive pas à réfléchir correctement quand t'es près de moi. » C'était un malheureux jeu de mots (ndlt : think straight = penser correctement mais straight = hétéro également), se rendit-il compte avec un sourire triste. Mais ce fut rapidement oublié alors qu'il relevait un peu sa tête, puis il la posa à nouveau sur l'épaule de Harry et confessa, « mais en même temps, quand je suis avec toi, c'est le seul moment où je réfléchis vraiment clairement. »
Harry caressa son bras. « Ça peut ressembler à un gros bordel pour le moment, mais je te promets que ça deviendra plus facile. Quelques uns de mes amis sont aussi passés par là ; au début tu ne sais pas vers quel côté te tourner, mais à la fin, le chemin à prendre devient clair. Il se met en quelque sorte tout seul sous ton nez quand tu ne t'y attends pas, en fait, selon Zayn. » Il rit puis élabora, « lui et Niall ont un truc ensemble. Rien de particulièrement sérieux, juste quelques semaines, mais ce fut assez pour faire comprendre à Zayn qu'il aime les garçons et les filles, et pour Niall que les garçons ne sont vraiment pas pour lui. Ils avaient tous les deux envie l'un de l'autre pendant un moment, ils sont sortis ensemble, ils ont rompu à l'amiable et ils sont toujours les meilleurs amis au monde. J'avais un peu peur de la façon dont les choses tourneraient, mais tout s'est bien passé à la fin. »
« Je devrais rentrer. Ma famille va s'inquiéter. J'étais seulement chez Liam et il vit seulement à l'angle de la rue. » Mais Louis ne fit aucun mouvement pour se relever ou même changer de position.
« T'es sûr que tu ne veux pas que je te raccompagne ? Tu n'as pas l'air très stable. Tout ton sang a vidé ton visage. »
« S'il te plaît, ne le prends pas mal, mais ça rendrait juste les choses pires, » répondit Louis avec lassitude, frottant à nouveau ses yeux. « Si mes parents me voient en train de marcher dans la rue avec toi, il vont devenir fous, et je n'ai pas vraiment l'énergie pour essayer de leur expliquer quelque chose comme ça pour le moment. Surtout sans mentir, et je n'aime pas mentir à mes parents. Merci, mais je ferai mieux d'y aller tout seul. J'ai vraiment besoin de réfléchir. »
« Oui, bien sûr. Je comprends. Cependant, on pourrait avoir besoin de parler plus tôt que tu ne le penses ; on ne peut pas continuer à se croiser tout le temps par hasard. Le destin nous mènera seulement plus loin ; on doit lui donner un peu d'aide. » Harry lui fit un sourire en coin, puis sortit un stylo de sa poche et tira le bras de Louis vers lui. « Voilà. » Le stylo se baissa et commença à chatouiller la peau de Louis qui dut lutter contre une crise de fou rire nerveux alors qu'il observait les lignes bleues nettes commencer à se former sur son poignet. Dans son état étourdi, il ne put déchiffrer ce que Harry était en train d'écrire.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Mon numéro de téléphone, » répondit Harry, inscrivant le dernier numéro avec un grand geste. « Tu n'es pas obligé de l'utiliser mais si tu as besoin de parler, alors appelle-moi. Je décrocherai. »
Louis lui prit le stylo des mains et griffonna sans un mot son propre numéro sur le dos de la main de Harry, espérant ne pas s'être trompé en écrivant le numéro de la pizzeria ou autre à la place ; il avait du mal à s'en souvenir et n'avait pas son téléphone avec lui pour vérifier. Puis il se mit sur ses pieds, suivi de près par Harry, qui ramassa son pull et le suivit jusqu'à l'entrée de la ruelle. Louis osa l'embrasser légèrement sur la joue et fit une petite caresse sur son poignet, les yeux de Harry s'illuminèrent de surprise.
« S'il te plaît, ne commence pas à fumer, » murmura Louis, « je déteste l'odeur du tabac. » Puis il enfonça ses mains dans ses poches, bien profondément pour protéger de la pluie le numéro de Harry écrit à l'encre bleue, et il se dépêcha de redescendre la rue vers sa maison.
Harry fixa son dos en silence et toucha ses lèvres gonflées presque avec étonnement, comme s'il pouvait sentir le fantôme de leurs baisers sur sa bouche même maintenant que Louis avait disparu. Il déglutit, tenta de retirer une partie de la boue sur son pull sale puis il passa sa langue sur ses lèvres pour essayer de capturer le goût de la bouche de Louis sur la sienne, jouant avec son piercing et remarquant qu'il était un peu douloureux après avoir été malmené par tous leurs baisers. Ça ne le dérangea pas vraiment. Le petit pic de douleur était un simple petit rappel de ce qui venait de se passer.
Il plongea ses mains dans ses poches puis se retourna pour commencer à marcher dans la direction opposée à celle de Louis, vers sa propre maison. Il passa à côté d'une poubelle quelques mètres plus loin, et sans hésitation, il ressortit une main de sa poche et jeta les cigarettes et le briquet dedans.
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Turning From Praise [Traduction - Larry Stylinson - Terminée]
FanficLouis a reçu une éducation chrétienne stricte contre laquelle il ne s'est jamais rendu compte avoir du ressentiment jusqu'à ce qu'il rencontre Harry Styles, un garçon qui vit pour se rebeller et se fout de ce quiconque puisse penser. Mais plus il ap...