Louis repéra Harry en train d'avancer dans la rue dans sa direction et il détourna immédiatement les yeux, décontracté mais se forçant à ne pas établir un contact visuel. C'était difficile ; détourner ses yeux des traits magnifiques de Harry fit se crisper sa mâchoire, et ses mains se serrèrent dans ses poches. Il garda quand même, résolument, le regard dans le vide. De l'autre côté de la route, de sa vision périphérique, il pouvait voir que Harry gardait ses yeux rivés au sol et il ne les leva pas non plus ; ils passèrent l'un à côté de l'autre sans montrer qu'ils se connaissaient, et en ce qui concerne les passants, Louis était simplement un autre garçon normal évitant le monstre avec autant d'aisance que n'importe qui d'autre.
Au moment où louis tourna au coin de la rue, Harry sortit son téléphone et Louis répondit au milieu de la première sonnerie, souriant d'une oreille à l'autre. « Parfait. Personne n'a rien capté. Je pense qu'on est bon à cette histoire de– » il baissa un peu sa voix « – petit-ami secret, Harold. J'ai l'impression d'être un ninja. »
« Un ninja, » se moqua Harry, « on va dans un café, pas braquer une banque ou kidnapper des zombies ou quoi. Je ne pense pas vraiment qu'on ait besoin d'être aussi prudent, tu sais. » Un énorme sourire s'étalait sur son visage ; pas qu'il l'aurait admis, mais tout cette atmosphère mystérieuse était en quelque sorte mignonne, vraiment.
« Mieux vaut prévenir que guérir. Je ne veux pas que mes parents le découvrent. D'accord, je suis presque arrivé, tu vérifies à nouveau et tu me retrouves dans dix minutes ? »
« Cinq, » corrigea Harry, « pas moyen que j'attende aussi longtemps, je suis tellement en manque de caféine qu'au moment où j'aurai ce café en face de moi, je vais me noyer dedans. Ne t'en fais pas, j'ai laissé mes drapeaux arc-en-ciel 'Je sors avec Louis Tomlinson' chez moi. Tout va bien se passer, Lou. Tu t'inquiètes trop ! »
« Tu ne t'inquiètes pas assez, » marmonna Louis, pensant aux conséquences si Harry était surpris en train de traîner avec lui, c'est-à-dire absolument aucunes, tandis qu'en imaginant simplement la réaction de ses parents en le voyant dans un rayon inférieur à dix mètres de 'Harry Styles et la Brigade à l'Eyeliner', comme les gens du coin les avaient, pas trop affectueusement, surnommé, le rendait malade. « A tout de suite. »
Il entendit un bruit écrasant humide juste à côté de son oreille, il sursauta sur le coup puis réalisa soudainement, avec un couleur rouge vive sur ses joues, qu'Harry avait envoyé un baiser dans le téléphone. « Je serai là dans deux minutes. » L'appel prit fin.
Louis entra dans le café, la cloche au dessus tintant alors qu'il se glissait à travers la porte et commandait un café au lait pour lui. Il tergiversa à propos de quelle table prendre pendant quelques minutes, il choisit celle la plus proche de la fenêtre pour ne pas donner l'air qu'il essayer de se cacher, puis changea d'avis pour celle tout au fond parce qu'il essayait de se cacher. Il s'installa finalement à l'une des tables se trouvant au milieu qui, il espérait, leur permettrait d'avoir une certaine marge de discrétion mais semblerait, de manière appropriée, sans intérêt pour les passants.
La serveuse lui apporta sa boisson, mâchant de façon agacée un chewing-gum et semblant aussi aigre que le lait dans son café habituel – en dépit de son air désagréable, il s'appuya sur le jugement d'Harry lorsqu'il avait clamé que c'était un café beaucoup plus sympa que celui où il allait habituellement. Il n'y avait pas de nappes à carreaux roses et blancs, mais le café semblait définitivement plus appétissant qu'il le trouvait d'habitude. Il la remercia avec un sourire rayonnant et elle fronça son nez puis repartit en traînant des pieds, comme si elle ne pouvait pas trouver un autre endroit qu'elle détesterait encore plus. Louis se demanda s'il devait lui donner un pourboire pour la mettre de meilleure humeur ou si, après ça, elle ne s'attendrait pas à en avoir un à chaque fois qu'il viendrait. Il décida de jouer ça à pile ou face, et que peu importe la pièce qu'il prendrait, il la lui donnerait s'il obtient le côté pile. Il sirota sa boisson, gribouilla sur les serviettes gratuites puis lorsqu'il eut fini de toutes les remplir avec un stylo à bille bleu, il sortit son téléphone pour quelques rapides parties d'Angry Birds.
Ses épaules tendues se relaxèrent rapidement grâce à la combinaison gagnante de la violence ornithologique virtuelle, d'une boisson chaude et d'une chaise confortable, et il fut aussitôt complètement absorbé par le mouvement des oiseaux sur l'écran. C'était tout aussi bien ; lorsque la petite cloche de la porte tinta pour annoncer l'entrée d'Harry, Louis ne leva pas les yeux. Harry se dirigea nonchalamment vers le comptoir et commanda un café (« plus noir que mon âme, » dit-il sérieusement au caissier, qui ne laissa même pas voir la trace d'un sourire et sembla être encore de plus mauvaise humeur que la serveuse), et une fois qu'il fut servi, il le prit jusqu'à la table de Louis et s'assit en face de lui. Il inclina sa chaise pour faire dos à la fenêtre.
Louis baissa son téléphone, lui sourit puis le rangea dans sa poche et consacra toute son attention à Harry. Il leva sa tasse à ses lèvres et but une gorgée avec ses sourcils relevés, ils se regardèrent silencieusement pendant un moment ou deux. Harry le copia, puis ils commencèrent tous les deux à rire discrètement l'un de l'autre. Le premier à baisser sa tasse fut Louis, qui se pencha par-dessus la table pour lui parler sans être entendu.
« T'es magnifique, » dit-il légèrement essoufflé, incapable de retenir son avis plus longtemps. Les cheveux d'Harry brillaient un peu à la lumière, tombant devant son front en quelques boucles lâches, l'anneau à sa lèvre scintillait et ses yeux soulignés étaient appréciateurs alors qu'ils regardaient Louis de haut en bas et semblaient aimer ce qu'ils voyaient.
Harry sourit et se réjouit un peu, satisfait. « T'es pas trop mal non plus. »
Un tee-shirt blanc, un jeans trop serré et un air endormi étaient tout ce que Louis avait été capable de rassembler ce matin, bien que le dernier s'estomperait rapidement si le café qu'il était en train de boire faisait son boulot. Il n'avait même pas pris la peine de coiffer ses cheveux en l'air, les laissant plat afin qu'il ait presque à nouveau une frange, dans laquelle il passa timidement ses doigts lorsqu'il surprit Harry en train de le fixer.
« Je ressemble absolument à rien. »
« J'en serais pas aussi sûr, » dit sérieusement Harry. « Je me plains définitivement pas. »
« Tu dois avoir des standards bien bas, alors. »
« Mm. » S'appuyant sur la table, comme pour conspirer, Harry chuchota, « ou peut-être que t'es sacrément beau sans faire le moindre petit effort, et c'est extrêmement injuste. »
A court de mots, Louis prit une longue gorgée de café et se creusa les ménages pour trouver quelque chose d'intéressant à dire en même temps.
Le téléphone d'Harry vibra, s'illuminant et attirant l'attention vers l'endroit où il était posé sur la table, il lança un regard désolé à Louis alors qu'il l'attrapait et ouvrait le message qu'il venait de recevoir. Ses yeux sombres vacillèrent sur le message pendant quelques secondes, puis il les roula et enfuit le téléphone dans sa poche avec un grognement. Louis leva un sourcil interrogatif et Harry mordilla prudemment son piercing à la lèvre inférieure avant de relever sa tasse de café.
« Zayn vient de se faire un autre tatouage, et maintenant il pleurniche pour que je vienne le ramener chez lui et le borde avec une bouteille de téquila et un film cucul. Le gros bébé. J'te jure, après tout ce temps, il peut toujours pas se faire tatouer sans avoir quelqu'un sur qui pleurer quand c'est fait. »
Les yeux de Louis s'écarquillèrent. « Pourquoi il continue d'en faire, alors ? »
Harry agita sa main dans le vide. « Pourquoi quelqu'un s'en fait ? Tu as l'impression que c'est la meilleure façon de s'exprimer ; ça te donne l'impression d'être libre. Comme lorsque tu as ce genre de réconfort grâce à quelque chose, quelque chose qui en vaut la peine. »
Louis était sur le point de répondre – pas qu'il ait une idée de ce qu'il était supposé dire à ça – quand un bref mouvement à la fenêtre attira son regard. Reconnaissant de trouver une distraction, il releva le regard. Il y avait une fille qui se tenait devant le café, tournée vers le bout de la route, les yeux rivés sur son téléphone. Ses doigts dansaient sur le clavier, mais elle semblait un peu distraite et la concentration qu'elle avait sur l'appareil était un peu forcée, comme si elle était déterminée à donner l'air qu'elle n'arrêtait pas d'envoyer un message mais, en fait, elle avait un motif secret pour se trouver là. Elle avait de longs cheveux, d'un brun riche comme celui d'un tronc d'arbre, et ils tombaient presque jusqu'en bas de son dos. Elle portait une veste bleue que Louis reconnut très bien parce qu'il la lui avait offerte pour le Noël passé et elle la portait toujours, même si elle était passé de mode depuis des mois. C'était sa petite sœur.
Les yeux écarquillés, Louis envoya brusquement sa serviette sur le sol et plongea après elle sous prétexte de la ramasser, sauf qu'il ne refit pas surface de sous la table. Malgré sa position inconfortable avec son sang se précipitant dans sa tête et son dos commençant déjà à protester, il avait une excellente vue sur la fenêtre et l'endroit où se trouvait sa sœur, toujours intensément concentrée sur son téléphone.
Après un moment, la tête d'Harry apparut sous la table. « Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il perplexe.
« Relève-toi, elle va te voir ! » siffla Louis, gesticulant frénétiquement. Harry soupira et roula des yeux, mais il se rassit docilement permettant à Louis d'avoir à nouveau une vue imprenable sur sa petite sœur. En fait, il avait une assez bonne vue pour la voir lever les yeux, puis, tout d'un coup, rougir furieusement. Louis supposa, à en juger par l'endroit où ses yeux étaient posés, qu'elle venait de rencontrer le regard de Harry.
« Hé, je la connais ! » Dit Harry avec étonnement.
« Vraiment ? » marmonna Louis.
Felicite fixa Harry pendant quelques secondes, sa bouche s'ouvrant sous le choc – puis elle tourna ses talons et s'enfuit dans la direction opposée à celle qu'elle avait fait face en s'arrêtant, tombant presque dans sa hâte de partir.
Louis se redressa tellement vite que sa tête tourna, se mettant droit sur sa chaise et dans une position assise. « Qu'est-ce que c'est cette histoire ? Qu'est-ce que t'as fait ? »
« Je lui ai seulement fait un signe de la main, » dit Harry d'un air penaud.
Louis fronça des sourcils. « Comme c'est bizarre. »
« Dit celui qui s'est caché sous la table pour pas qu'elle le voit. Qui c'est, de toute façon, ton ex petite-amie psychopathe ? Un peu jeune, non ? »
« Ah, ah, essaie encore, génie, » dit Louis froidement, « c'est ma petite sœur. »
Grimaçant, Harry dit avec culpabilité, « Oups. Quelle honte. Elle te ressemble pas du tout, » dit-il en guise d'explication.
« Je sais. » Louis baissa le regard dans les profondeurs de sa tasse de café. « Comment tu la connais ? » demanda-t-il, releva sa tête pour rencontrer les yeux de Harry.
Harry fronça légèrement des sourcils. « Elle a l'habitude de me suivre partout. C'était un peu bizarre, en fait ; un jour elle s'est montré là où moi, Niall et Zayn étions, et elle a en quelque sorte traîné près de nous, nous jetant des coups d'œil de temps en temps, écoutant notre conversation et faisant semblant de ne pas nous avoir remarqué. Après, le lendemain, elle était à nouveau là, et le jour suivant, et celui d'après. Elle continuait de venir. Elle n'a jamais été très subtile, mais je pense qu'elle aimait penser qu'elle l'était. Elle traînait juste près de nous, nous écoutait parler, nous observait, et elle essayait jamais de nous approcher ou quoi ; c'était un peu bizarre, mais elle ne faisait pas de mal, alors on l'a laissé faire. J'pensais qu'elle allait finir par se lasser. Puis j'suppose que c'est ce qu'il s'est passé, parce qu'elle a commencé à venir de moins en moins, jusqu'à environ une semaine avant que je fasse mon coming out, elle a arrêté de venir complètement, et je ne l'avais plus vu depuis. »
Louis se souvint que sa mère lui avait dit qu'elle avait dû punir Felicite de sortie parce qu'elle n'arrêtait pas « d'errer partout en ville toute seule sans nous dire où elle a été ; elle aurait pu être en train de vadrouiller avec des garçons sauvages pour tout ce qu'on en sait ». Ça s'avéra être plus proche de la vérité que ce que Louis aurait pu s'imaginer ; l'ironie ne lui avait pas exactement échappé. Pourtant, plutôt que faire un commentaire, il reporta son attention sur sa boisson et ne dit rien d'autre. Sa petite sœur avait très certainement beaucoup à se reprocher.
La question était : comment Louis allait-il aborder le sujet sans dire qu'il l'avait vu à l'extérieur du café, ou expliquer comment il savait qu'elle avait suivi Harry partout comme une ombre pendant les deux mois qui avaient précédé l'annonce de son homosexualité ?
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Turning From Praise [Traduction - Larry Stylinson - Terminée]
FanficLouis a reçu une éducation chrétienne stricte contre laquelle il ne s'est jamais rendu compte avoir du ressentiment jusqu'à ce qu'il rencontre Harry Styles, un garçon qui vit pour se rebeller et se fout de ce quiconque puisse penser. Mais plus il ap...