Chapitre 9

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Leur troisième rendez-vous fut un film, et Niall et Zayn les suivirent comme ils l'avaient fait pour le second. Louis s'en fichait ; il allait quand même le considérer comme un rendez-vous. Ils voulaient aller voir un film interdit aux moins de dix-huit ans mais Niall avait fait tomber sa carte d'identité dans une flaque d'eau, et la femme au comptoir jeta un coup d'œil à sa photo à présent tâchée puis aux nouvelles mèches rouges dans ses cheveux, et elle refusa de croire que c'était lui, alors ils changèrent de film et allèrent voir un dessin animé à la place. L'animation était saccadée et l'humour burlesque était vaguement amusant (cependant Niall rigolait quand même tellement qu'il faillit s'étouffer avec son popcorn et fit tomber sa nourriture partout sur le sol par accident), et les couleurs étaient tellement criardes que Louis les trouvait agressives pour ses yeux. Mais Harry lui tint la main pendant toute la durée du film et caressa le dos de sa main avec son pouce, et Louis commença accidentellement à boire dans la boisson de Harry, établissant un contact visuel entre eux et les faisant rire comme des adolescents de quinze ans.

Leur quatrième rendez-vous fut un repas ; plus spécifiquement une pizza. Harry oublia son porte-monnaie, alors ils firent tous les deux semblant que ce soit l'anniversaire de Louis et ils eurent une pizza Banana Bonanza spéciale anniversaire gratuite à partager, et ensuite ils retirèrent les bananes de dessus et la noyèrent sous le ketchup pour qu'elle soit réellement bonne.

Pour leur cinquième rendez-vous, Louis se joignit à Harry pour son poste à la friperie et fit du bénévolat pendant trois heures et demie. Harry lui montra comment utiliser la machine pour les prix et ils eurent une guerre à coup d'étiquettes, de sorte qu'à la fin, ils furent tous les deux couverts par des petits autocollants jaunes fluo. Celui qui se retrouva au milieu du front de Louis disait '99p', et Louis plaisanta en disant que c'était tout ce qu'il valait, jusqu'à ce que Harry le regarde dans les yeux et lui dise qu'il était inestimable, puis ils rougirent tous les deux et Louis tomba de sa chaise. Ils passèrent les vingt minutes qui suivirent à rire et remettre tous les livres dans le panier des bonnes affaires que Louis avait renversé dans sa chute.

Leur sixième rendez-vous fut à nouveau au café, et en plein milieu de celui-ci, Zayn et Niall arrivèrent et furent oh-si-étonné de les voir là, ce qui fit que Louis et Harry les soupçonnèrent d'être, en fait, pas du tout surpris, mais ils firent semblant de marcher parce qu'ils s'ennuyaient. Niall se gargarisa avec un café et Zayn essaya de jongler avec les oranges fripées qui se trouvaient dans le panier à fruit, puis ils furent tous les quatre mis dehors et grossièrement priés de ne plus revenir. Harry semblait déconfit, mais Louis dit « Dieu merci, maintenant je peux retourner dans le café de merde qui pourrait tuer mes papilles gustatives mais qui, au moins, coûte quatre-vingt dix-neuf centimes ! », puis ils allèrent jusqu'au café habituel de Louis et burent du café qui avait le goût de l'eau brûlée et rien d'autre, ils convinrent unanimement qu'il était abominable.

Leur septième rendez-vous fut annulé, parce que Niall était saoul et essaya de se faire tatouer un Teletubbies, il fallut donc les efforts combinés de Harry et Zayn pour le retenir (« Je suis désolé, » dit Harry à travers le téléphone, qu'il tenait contre son oreille avec son épaule alors qu'il essayait de tirer Niall jusqu'à chez lui, « mais s'il se faisait tatouer ce truc vert flippant, Diputain, ou peu importe comme il s'appelle » - « Dipsy ! » cria Niall – « sur le bras, il aurait tué quelqu'un en se réveillant demain matin. »). Louis gloussa puis invita Liam à venir chez lui, ils jouèrent au Monopoly et Louis perdit parce qu'il était trop distrait par la façon dont son téléphone s'éclairait à cause des messages que Harry continuait de lui envoyer avec les derniers avancements de la croisade de lutte contre le tatouage (Il n'arrête pas de crier, je vais enfoncer une chaussette dans sa bouche dans une minute... Il a essayé de donner un coup de poing à Zayn et il est tombé ; il dit qu'il s'est cassé un orteil alors je pense qu'on pourrait bien s'en sortir... Oh bon Dieu, maintenant il essaie de manger les rideaux en signe de protestation). Liam ne lui demanda pas de qui étaient les messages, parce qu'il savait désormais que Louis avait un regard spécifique pour ses mystérieux amis et il n'y avait aucun moyen qu'il lui révèle leur identité (bien que Louis pensait, qu'à en juger par l'expression faciale de Liam, il avait des soupçons).

Leur huitième rendez-vous impliqua de la glace que Harry tenta de faire du début à la fin, puis le chat entra, essaya d'en manger et fut malade, alors ils durent tout nettoyer en catastrophe avant qu'un des parents de Harry ne rentre. Louis s'assura d'être parti bien avant qu'un des membres de la famille d'Harry ne revienne ; il n'avait vraiment pas envie de se retrouver face à face avec Anne après toutes les choses que sa mère avait dites à son sujet.

La progression de ces rendez-vous fut accompagnée par un échange constant de messages, d'emails, de petits billets pliés puis glissés sous des portes ou dans des poches, des coups de téléphone étouffés au milieu de la nuit, ainsi que par le fait que Harry continuait d'errer près de l'école de Louis avec les mains enfuies dans ses poches, jetant des petits coups d'œil vers l'endroit où il savait que Louis se tiendrait, haussant un sourcils, tirant sa langue, et étant aussi évident que possible. Liam commença à le remarquer et continuait de regarder Harry curieusement, en disant « Ce gamin a du toupet. S'il continue à parader comme ça devant l'école, ils vont finir par appeler les flics décidemment, pour rodage avec préméditation ou peu importe. »

Le fait qu'ils savaient tous les deux qu'il errait dans le coin pour avoir la chance d'apercevoir Louis resta parfaitement sous silence.

Ça faisait un peu plus de deux mois depuis la première fois qu'ils étaient sortis, mais ils avaient convenu à l'unanimité que ça avait l'air de faire plus que ça. Louis s'entendait bien avec les amis d'Harry, il était généralement salué par un hochement de la tête par ses voisins à chaque fois qu'on le croisait, et c'était seulement une question de temps avant qu'il ne soit présenté aux parents d'Harry – même s'il n'était pas totalement impatient pour cette perspective en particulier. Il s'était fondu si facilement et si parfaitement dans la vie d'Harry, comme la nouvelle pièce d'une machine déjà bien huilée, et il était niché confortablement entre les autres engrenages de sa vie ; il avait bien l'intension d'y rester.

Le seul problème qui s'était présenté, jusqu'à présent, à Louis était comment intégrer Harry dans sa vie. Comme un puzzle sans bords plats et avec un trop grand nombre de pièces biscornues, Harry était difficile, bien qu'involontairement, une personne qui refusait de s'adapter à la société. Ce qui signifiait que Louis n'arrivait pas à imaginer comment il pourrait intégrer l'asocial dans le puzzle d'une image parfaite obsessionnellement construit par ses parents, de la même façon que Louis s'était si facilement accroché à celui de Harry beaucoup plus adaptable. Il n'arrivait pas à imaginer ses parents accepter l'importante nouvelle partie qu'était Harry dans sa vie, sans générer une dispute.

Pourtant, voilà où il était, devant la porte d'entrée de Harry avec un énorme sourire sur son visage, délibérément beaucoup trop tôt pour un samedi matin, bien habillé, les yeux brillants, presque désagréablement joyeux en tenant compte de l'heure matinale à laquelle il avait choisi de perturber le sommeil de Harry. Il toqua fortement à la porte et laissa échapper un gloussement en imaginant quelle serait la réaction d'Harry en étant brusquement réveillé à huit heures et demi un samedi matin.

Il attendit sur le seuil pendant plusieurs minutes, certainement beaucoup plus longtemps qu'il ne s'y était attendu ; il était sur le point d'appeler Harry et lui dire qui attendait dehors puisqu'il avait apparemment choisi de l'ignorer, mais avant d'avoir atteint le nom de Harry dans son répertoire, la porte fut tirée et ouverte. Louis décida avec un certain amusement que ça avait valu la peine de se lever à huit heures moins le quart un samedi pour ça.

Les cheveux de Harry était en l'air à l'extrémité d'un des côtés de sa tête, comme s'il avait été électrocuté ; de l'autre côté, ils étaient collés à plat contre sa tête. Ses yeux verts accusateurs étaient bouffis, entourés par un trait d'eyeliner maladroit et avec des bavures pour les souligner. Il était torse-nu, portant seulement un boxer noir, et un épais bandage blanc enveloppait son bras droit de l'épaule au poignet.

Lorsqu'il se concentra sur Louis et se rendit compte de qui l'avait réveillé, tout son visage s'illumina ; il attrapa Louis par la taille et le tira dans la maison. Louis referma à la hâte la porte derrière lui avant que Harry n'attrape son visage avec ses deux mains et l'embrasse avidement, jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux rouges et à bout de souffle. Ils se séparèrent avec beaucoup de réticence, et alors qu'ils le faisaient, Harry demanda. « Sais-tu quelle heure il est ? »

« Il est clair que toi non, à en juger par ton état, » le taquina Louis. « Je ne te dérange pas, hein, Belle au Bois Dormant ? » Il battit innocemment des cils.

Harry lui tira la langue. « Tu dis ça comme si t'es délibérément venu à cette heure maudite du matin dans l'intension précise de me déranger. »

« Je suis offensé que tu fasses une telle accusation. » Souriant, Louis glissa ses mains, qui étaient resté légèrement sur les épaules d'Harry, le long de ses bras, mais ses doigts arrivèrent juste au dessus du coude droit d'Harry lorsqu'il tressaillit et Louis se rendit compte de la sensation du tissu sous le bout de ses doigts, et il retira sa main. « Oh, mince, désolé ! »

Harry sourit d'un air piteux. « Ouais... c'est encore un peu sensible pour le moment. »

« Nouveau tatouage ? » souffla Louis, lorgnant avec intérêt sur le bandage.

« Ouep. »

« Tu l'as fait quand ? »

« Hier. J'ai séché les cours pour ça. »

« Voyons ça, alors. Allez, je sais que tu meurs d'envie de me le montrer, n'essaie même pas de faire semblant. »

Chaque tentative qu'Harry aurait pu faire pour nier cette déclaration se serait rendue vaine à cause du sourire malicieux qui se glissa sur son visage. Secouant la tête, il commença par attraper le bout de la bande, essayant de la démêler, et Louis l'observa avec une fascination manifeste, appréciant la vue – la petite mèche de boucles qui tombait devant un œil alors que Harry se démenait, la façon dont il poussait son piercing à la lèvre avec sa langue lorsqu'il fronçait les sourcils de concentration, la blancheur de sa peau pâle. Bien sûr, son visage était seulement une petite partie de ce que Louis avait à apprécier ; il n'avait jamais eu une vue aussi excellente et sans obstacle sur le torse nu de Harry avant, et il avait l'intention d'en profiter. Ses yeux vacillèrent de haut en bas, ne perdant pas une miette des clavicules sculptées et des os élégants de ses hanches, comme s'il était assoiffé et Harry était l'eau la plus fraîche et douce qu'il n'ait jamais goûtée.

Il essaya distraitement d'effacer une trace d'eyeliner de sous l'œil gauche d'Harry. « Quel bordel. Ne me dis pas que t'as dormi avec ? »

« Non, » grogna Harry, « Je l'ai mis en vitesse avant de répondre à la porte. J'ai un peu fait de la bouillie pour chats avec, comme tu peux le voir. » Il secoua la tête avec désobligeance.

Amusé, Louis fit remarquer, « T'as assez de temps pour mettre de l'eyeliner mais pas assez pour mettre un tee-shirt ? »

« La nudité ne me dérange pas. Je serais heureux de me promener nu toute la journée – mais ne pas mettre d'eyeliner et retirer mes piercings ? je me sentirais exposé. Il y a plus de personnes qui m'ont vu nu que tu n'as vu de dîners chauds – j'ai commencé un mosh-pit nu (ndlt = ) l'année dernière au Warped Tour ; c'était intéressant – mais je ne pense pas que quelqu'un, à part ma mère, m'ait déjà vu sans eyeliner depuis que j'ai environ quatorze ans... Ah ah ! » Avant que Louis n'ait le temps de comprendre pleinement cette nouvelle information, et encore moins de la commenter, Harry réussit à les distraire en enlevant le bandage pour révéler une rose pourpre de la taille d'un poing recouvrant son biceps droit.

La peau autour était rouge et enflée, semblant presque furieuse, mais la rose en elle-même était belle. Elle commençait à environ un centimètre du pli de son coude, finissant environ au milieu de son bras. Elle était nichée dans une masse de ronces qui s'enroulaient autour de la fleur d'une façon presque sinueuse puis s'estompaient, formant des tentacules élégantes autour de son biceps qui gondolaient le long de son bras et finissaient autour de son poignet, formant délicatement une spiral autour des symboles masculins entrelacés ; les mettant, presque, en valeur. Ils admirèrent tous les deux l'encre fraîche, et Louis sentit son souffle se couper avec convoitise ; il voulait le toucher. Avec le bout de ses doigts, oui, mais aussi avec sa langue ; il ressentit l'intense envie de retracer chaque boucle, chaque spiral et la courbe de chaque pétale avec le bout de sa langue, pour goûter à la peau de Harry, pour suivre les lignes éclatantes, presque rayonnantes, et les laisser scintillantes, pour remplir chaque boucle fermée de ronces avec un hématome violacée imprimé sur la peau de Harry par sa propre bouche.

Ils s'étaient déjà faits des suçons auparavant, Louis inspirant timidement pour laisser des marques dans le cou de Harry, puis avec plus de confiance, laissant des traces violettes foncées s'épanouir sur ses clavicules et sa jugulaire, puis Harry lui retournait la faveur avec de marques plus douces et éphémères qui disparaîtraient après quelques heures, ne laissant rien pour éveiller les soupçons des parents de Louis. Mais ce dernier voulait laisser des marques plus profondes, mordre, sucer et entendre Harry haleter en réponse, son regard brûlait sur les lignes du tatouage avec assez d'intensité pour y mettre le feu. Il pouvait presque imaginer les étincelles s'envoler des pétales couleur rubis ; un retour de flamme balayant chaque ronces élaborée. L'envie brûla dans ses veines, faisant bouillir son sang, et il mordit sa lèvre pour retenir un gémissement pas si discret.

Sa réaction ne passa pas inaperçue. Harry lui fit un petit sourire en coin, satisfait – et Louis pensa qu'il savait ce qu'il venait de lui faire ressentir, si lui et Harry étaient, comme toujours, sur la même longueur d'onde, foutu Harry pour l'avoir émoustillé avec un tatouage – et il commença à recouvrir son bras. Louis le regarda avidement, alors que les pétales pourpres disparaissaient de sa vue, ressemblant à un homme affamé à qui on venait juste d'enlever le banquet d'un chef étoilé de sous son nez. Harry ricana doucement.

« Désolé. Ça doit cicatriser. Tu sais quoi; regarde-moi à nouveau comme ça dans une semaine ou deux, et on pourra se livrer à tous les petits fantasmes qui traversent ta tête à cet instant, chéri. » Ce 'chéri' condescendant aurait courbé les lèvres de Louis avec dérision en étant adressé de façon si sarcastique, mais à la place il eut une faiblesse aux genoux.

Il fit la moue. « Une semaine, c'est un temps horriblement long. »

« Ouais, mais je ferai en sorte que ça en vaille la peine. » Harry l'embrassa affectueusement sur la bouche, puis il le tira par le poignet et ils montèrent les escaliers quatre à quatre jusqu'à la chambre de Harry.

Turning From Praise [Traduction - Larry Stylinson - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant