Pour moi, prendre des rendez-vous, me faire aider, c'est quelque chose de compliqué. Quand quelque chose ne va pas, j'ai tendance à créer une carapace infranchissable, m'exprimer sur ce que je ressens, c'est impensable. Je minimise les choses, je relativise, j'en fais un tout petit rien et la vie continue.
J'ai pris mon courage à deux mains, en ce moment je me surpasse. Avant je me surpassais toujours, j'étais cette femme qui n'avait pas peur de son ombre et aujourd'hui je rase les murs. Je suis mon parfait contraire. Je me hais, je me dégoûte, il est temps que je me fasse aider. Je me hâte de savoir ce que le ou la psychologue pense de moi. De mon état, de ma spontanéité, de ma vie en général et de mon état mental. Je pousse la lourde porte, il était marqué « Psycho-thérapeute » sur la plaque en or, suivit de Pauline et son nom de famille. A nous deux, Pauline. Qu'as tu de bon à m'apporter ? Vas tu me changer ? M'aider à revenir celle que j'étais ? Peut être que je serais encore meilleure qu'avant. La vie est complexe peut être qu'elle aussi a été touchée par un drame, elle a peut être perdu quelqu'un qui lui était cher, peut être qu'elle a eu une vie difficile, que son père était absent et ne faisait pas preuve de bonne fois. Je devrais me reconvertir en psychanalyste. A me surprendre imaginer la vie d'autrui je ne vais même plus m'occuper de la mienne. Reprends toi Maylis. Avant de penser aux autres, il faut d'abord penser à soi.
Premier rendez vous, j'étais pleine de bonne fois, élève docile dans le boulot comme dans la vie, j'apprenais vite de l'hôte et de l'autre. Ratatinée sur mon siège, je parlais timidement, j'apprenais à faire connaissance avec ma dite sauveuse. Qu'est ce que j'aimais faire comme loisirs, quelles étaient mes passions. C'est vrai ça, quelles sont mes passions ? J'aime vivre, mais ça je l'ai dit plus d'une fois. Je me reprends. J'aimais vivre. J'aimais écrire, c'est vrai ça, j'aimais et peut être que l'accident s'effacera plus facilement si je le brûle aux mots. Je vais parler, je vais écrire et tout ce que je dirais, je le ferais s'envoler. J'aimerai que le monde sache que le mal de vivre et moi on sera toujours ami.
Les mois ont passés. Pauline a écouté, beaucoup écouté. Pauline a conseillé, Pauline m'a faite avancer.
Il y'a ce premier rendez vous, on peut dire que ça a été le « coup de foudre ». J'idolâtre ma psychologue, qui l'aurait cru ? Peut être elle, mais pas moi, avant de se connaître, j'avais la motivation de m'en sortir, mais je pensais un peu que ça n'allait pas marcher, j'étais dans le fond pessimiste. Aujourd'hui j'ai la force pour quatre de me relever plus forte que je ne l'ai jamais été.
Je me souviens d'un des rendez-vous, elle m'a fait me lever après avoir écrit ce pourquoi je me battais. Elle m'a dit « crie, frappe, arrache. » Moi j'avais honte de me donner en spectacle, parce que même si j'avais perdu pas mal de ma dignité, je tiens à ce qu'il me reste. Je l'ai fait, un peu hésitante, comme d'habitude je me prive d'être moi même. Pourtant qu'est ce que je me serai défoulée. Je le sais au fond de moi que c'est pour lui éviter ou pour m'éviter à moi de m'effondrais et de lui offrir un mauvais spectacle.
J'ai refait cet exercice chez moi, j'ai utilisé le sang, le feu, le vent, l'eau. Je me suis coupée, j'ai brûlé sa photo, j'ai fait envolé les fragments, et j'ai noyé ses traits.
Je ne me sens pas plus libre mais j'ai l'impression d'avoir rendu ce que l'on m'a fait. J'ai l'impression de m'être vengée.
Je ne me sentirais pas plus légère puisque je vivrais tout le temps avec ça mais bon, c'est un début.
Vais je continuer de me brûler ?
Invoquez Dieu, mon cas était désespéré, Pauline était ma déesse, elle a fait de mon enfer un paradis sur terre.

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Passé.
פרוזהMaylis, jeune femme déterminée enchaîne les péripéties. Lorsqu'elle pense rentrer chez elle et continuer sa vie tranquillement, le pire se produit. Une raison étonnante remontant à plusieurs années n'a pas finit d'étonner notre Maylis. Une route lon...