Ma tête était face à l'immensité du ciel d'un bleu éclatant, nullement déformé par de quelconques nuages. Une légère brise vint chatouiller mon nez et releva quelques mèches de cheveux frivoles. Je ne percevais aucun son étrange, c'était un silence relaxant dont je ne pourrais jamais me lasser.
En baissant le regard, je pus détailler de nombreux arbres qui m'entouraient dans une sorte de petite clairière en plein milieu d'une forêt.
Mais cette forêt-là, je la connaissais que trop bien. Elle était sombre la nuit et me rendait à notre cabane délabrée si je prenais à droite, alors que si je continuais tout droit j'arrivais chez Kyoko.
D'un instinct primitif, je m'éloignai du chemin en tournant à droite, entre les arbres et les buissons. Mon choix était toujours le même depuis longtemps, Yuko restait ma priorité au détriment des autres.
- Pardon Kyoko, Mai. Murmurai-je d'un souffle non sans jeter un dernier regard derrière mon épaule.
En parcourant le chemin que je connaissais si bien par le nombre de fois où je l'avais emprunté plus jeune, je finis par sortir de la forêt et trouvai une rivière à traverser. Je n'étais plus très loin de mon objectif, encore quelques minutes de marche seulement. Quand je dû emprunter le pont en bois, j'eus le réflexe de me pencher au-dessus de l'eau qui dévalait à grande vitesse. Je constatai avec surprise que le reflet qui me faisait face correspondait à la petite fille de sept ans que j'étais autrefois : mes cheveux m'arrivaient aux épaules et mes habituelles cernes avaient disparus.
Je continuai ma route avec ce sentiment étrange qui me prenait les tripes, comme si je me rapprochai d'un lieu que je redoutais alors que je ne faisais que rejoindre mon ancien foyer.
Les premiers reliefs de toits en bois m'interpelèrent directement. C'était notre cabane, elle avait toujours la même allure et cette structure qui menaçait à tout instant de s'effondrer ...
La gorge nouée, je m'approchai d'elle comme un petit animal craintif en constatant que rien n'avait bougé. L'intérieur était resté intact depuis cette fameuse nuit et seul le silence qu'il y régnait semblait inhabituel. Mais lorsque je franchis la pièce de gauche où se trouvait la cuisine, je me figeai de tout mon être en la voyant là, devant moi.
Elle était assise sur la chaise et balançait ses petites jambes qui n'atteignaient pas encore le sol, dos à moi. Quand elle sentit ma présence, elle se tourna vers moi et m'afficha un grand sourire :
- Bonjour grande sœur ! Bien dormi ? demanda-t-elle en gardant le sourire et en se levant de sa chaise.
J'ouvris lentement la bouche, mais aucun son n'en sortit. A la place, mes yeux s'embuèrent de larmes en contemplant avec émerveillement la petite fille à la mine rayonnante qui m'avait été enlevé des années plus tôt. Mais non, elle était là, bien vivante.
Sans que je m'en rende compte, je m'étais précipitée vers elle pour la serrer dans mes bras et respirer son odeur qui m'avait tant manqué.
- Tu m'étouffes grande sœur. Se plaint-elle en articulant comme elle le pouvait.
Je la relâchai rapidement en comprenant ce qu'il la perturbait et lui sourit moi-aussi de toutes mes dents en séchant mes joues.
- J'ai un truc à te montrer ! m'indiqua-t-elle en se dirigeant vers la sortie.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Viens et tu verras ! s'exclama-t-elle joyeusement en commençant à courir au dehors de la maison. Je m'empressai de la suivre vu la vitesse où elle dévalait la pente herbeuse, en direction de la forêt que je venais de quitter. En étant toujours sur ses pas, nous traversâmes la rivière et pénétrâmes dans le petit bois, avec appréhension cependant.
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Au bord du gouffre
FanfictionElle s'appelle Minami D Yuki. Commandante de la Marine reconnue pour ses exploits maritimes et un caractère aussi froid que menaçant, cette femme a tout bonnement horreur des criminels. Par un passé difficile qu'elle traîne encore aujourd'hui, elle...