Chapitre 16 ✔

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Un silence pesant s'était installé au même moment que les paroles fermes du second commandant avaient surgies de nulle part. Maintenant, je le regardais droit dans les yeux et remarquai son attitude plus que méfiante à mon égard, bien paradoxale si on la comparait à celle de son pote Tatch.

- Alors ? Qu'est-ce que tu veux faire ? redemanda-t-il d'un ton très sérieux sans me quitter des yeux.

Je cherchai de suite un beau mensonge mais je compris vite que j'étais à cours d'inspiration face à une telle situation où j'avais clairement été prise la main dans le sac. La seule solution que je trouvai fut de répondre par une autre question pour faire retarder l'échéance.

- Et toi que fais-tu là ? le questionnai-je sèchement, me moquant bien de sa réponse.

Après un moment statique, il releva légèrement le plat de pâtes qu'il tenait dans la main et déclara simplement :

- Je suis venu t'apporter ton repas puisque tu n'es pas venue.

Whaou, génial ... Ce n'est pas comme si on ne m'avait pas dit où se trouvait le réfectoire ...

- Je vois.

Quelques secondes défilèrent sans qu'il ne se passe quoique ce soit. Je décidai donc de clore la discussion en me dirigeant vers la chambre de Kyoko en lui passant à côté. Mais avant que ma main ne se pose sur la poignée, cette ordure de pirate attrapa mon avant-bras pour m'arrêter.

- Attend. Ordonna-t-il d'une voix grave.

Je soupirai de lassitude en me retournant face à lui. D'un coup d'oeil, je pus voir ce contact qui nous liait, et qui au passage me dégoûtait.

- Lâche-moi immédiatement si tu ne veux pas mourir sur le champ. lui lançai-je d'une voix glaciale, le regard noir.

Il fit de même tout en se moquant pas mal de ma menace, et ça avait le sérieux don de m'exaspérer.

- Tu ne m'as pas dit ce que tu voulais faire. M'expliqua-t-il sans enlever sa main de mon bras.

- Je t'ai dit de me lâcher tout de suite. Répétai-je en perdant patience.

- Pas avant que tu m'aies dit ce que tu voulais faire. Insista-t-il tout aussi froidement que moi.

- Comme tu veux, je t'aurais prévenue.

Avec le plus faux de mes sourires, je lui envoyai mon poing dans la gueule ce qui le força à lâcher mon bras et couper ces sensations physiques.

- Ce n'est que le début. Vous auriez dû me laisser dans l'une de vos cellules ou me tuer dès le départ. Annonçai-je blasée avant d'entrer dans la chambre de Kyoko et de lui claquer la porte au nez.

Ce type, je le tuerais ... Mais pas maintenant. Sinon c'est moi qui me ferais tuer et je ne peux pas encore mourir, pas maintenant.

Je me laissai de nouveau tomber sur la chaise avant que la porte ne se rouvre dans un fracas insupportable.

- On ne t'a jamais appris à toquer avant de rentrer ? m'impatientai-je en revoyant sa gueule détestable d'abruti de pirate.

Cette fois-ci, il avait l'air plu détendu, à croire que manger mon poing lui avait fait du bien ?

Non mais il était presque en train de me sourire ... Il était bipolaire ou quoi ...

- Faut bien que tu manges non ?! déclara-t-il calmement en s'approchant de moi pour mettre l'assiette sur le bureau.

Mes yeux se posèrent sur le plat encore fumant, puis je reportai mon attention sur Poing Ardent.

- C'est Thacht qui l'a fait, c'est un excellent cuisinier. Continua-t-il avec un petit sourire.

- Bien. Maintenant que tu m'as remis cette assiette tu peux repartir. Répondis-je froidement en croisant mes bras.

- Je suis désolé.

J'écarquillai mes yeux face à sa soudaine déclaration d'un ton des plus sérieux.

- Pour avant, je suis désolé. fit-il en passant une main gênée derrière sa tête. Je n'aurais pas dû me montrer si soupçonneux envers toi alors que tu es notre invitée ... Mais comprend moi, tu es de la Marine, je ne peux donc pas te faire entièrement confiance.

Traduction : Barbe Banche a accepté ta présence ici sans te faire pour autant confiance donc je suis obligé d'être un peu plus sympa avec toi qu'à l'arrivée, mais tu es notre ennemie donc un seul mauvais coup et je te tue.

Cette bande de pirate était vraiment minable ... Ils vivaient dans une espèce de monde utopique qui les faisaient penser qu'un commandant de la Marine pourrait devenir ami avec des putains de pirates ... Cela ne m'étonnerait même pas qu'ils croient au Père Noël ...

J'eus un rictus amusé alors qu'il se retournait pour contempler les lieux avec minutie. De toute façon, je ne mangerai jamais quelque chose préparé par des pirates, rien n'était garanti que cela ne soit pas empoisonné.

- C'est donc ici ta chambre ?!

- Non. C'est celle de Kyoko pas la mienne. Lâchai-je sèchement en jetant un coup d'œil sur son dos nu qui arborait le tatouage de l'équipage de Barbe Blanche.

Je reportai mon attention sur mon avant-bras, là où il m'avait touché. J'y passai ma main frénétiquement pour frotter la parcelle de peau qui avait été salie.

- Je vais partir et te laisser dormir. Si tu as besoin de quelque chose je serais à côté, je viendrais te chercher demain. M'informa-t-il avant de quitter la pièce.

Après avoir refermé la porte, j'entendis un bruit de clé dans la serrure, signe qu'il venait de m'enfermer dans ma chambre.

Je me levai précipitamment de ma chaise afin de courir vers la salle de bain et passer mon bras sous l'eau. Je vis mes rougeurs commencer à s'apaiser mais je continuai à frotter avec acharnement la zone que je trouvai sale

- Me dégoutte ... me dégoutte ... me dégoutte ... ne cessai-je de répéter avec écœurement.

Ma peau avait rougie et commençait à perdre une partie de son enveloppe. L'eau me piquait et je voyais peu à peu apparaître des gouttelettes de sang sortir des zones les plus attaquées. Je soupirai puis relevai la tête vers le miroir afin de découvrir mon visage. La seule chose qui me venait à l'esprit à chaque fois que mon regard croisait mon reflet, c'était les paroles destructrices de Yuko qu'elle me chuchotait à l'oreille : « Meure ... »

Mais je ne pouvais pas mourir maintenant, c'était trop tôt. Mais bientôt.

En retournant dans la chambre, je sentis mes membres engourdis et mes paupières devenir lourdes. Je ne savais même pas pourquoi j'étais épuisée de cette journée sachant que je n'avais quasiment rien fait et je revenais d'une journée entière de sommeil. Mais le choc mental que j'avais subi m'avais fait perdre tous mes moyens et je n'avais envie que d'une chose : passer une bonne nuit de sommeil.

- Tu n'y crois pas sérieusement ? répondis-je tristement à moi-même en fixant le lit qui ne serait qu'un support de médiation nocturne.

Au bord du gouffreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant