Il pleuvait dehors et la mélodie qui se faisait entendre était très douce et calme, presque mélancolique. Les notes défilaient, fluides et belles. Tout le monde savait de quelle chambre venait cet air ; tout le monde savait qui jouait si bien de cet instrument. Tout l'étage devenait paisible quand il jouait du piano, on l'écoutait, on appréciait. Cependant, un jeune homme se sentait coupable de goûter à ce moment de paix alors qu'il savait que le pianiste n'exprimait rien d'autre que sa souffrance. Mais l'exquise lamentation continuait de se faire entendre alors que de légères notes plus aigües, plus approximatives, commençaient à ponctuer le morceau. Elles tombaient là, au hasard, brisant l'harmonie de la musique. Le jeune homme, mal à l'aise en écoutant ceci, était le seul à trouver cela étrange. Il n'avait jamais entendu le pianiste jouer aussi mal. Quelque chose clochait. Il n'eut pas le temps d'en faire la remarque qu'une alerte indiquait un début d'incendie dans la suite numéro deux. Personne ne semblait réagir. Il voulait s'y jeter afin de secourir le musicien, mais pas un seul de ses collègues ne bougea. Ils restaient tous assis et continuaient d'écouter le piano qui agonisait avec l'alarme. Il tentait de les presser, il les secouait.
- Laisse-nous tranquille et fais ton boulot ! Vas dans la chambre cinq, le Doll J23 a encore inondé sa salle de bain !
Il ne pouvait rien dire et c'était la tête baissée qu'il se dirigeait vers la cinquième suite. En passant devant la deuxième, la chaleur se faisait sentir et le crépitement du feu était perceptible. Le piano était devenu muet. Il voulait ouvrir la porte mais il ne savait pas ce qu'il y trouverait derrière. Si la chaleur était capable de se faire sentir, il était fort probable qu'il soit déjà trop tard pour sauver le Doll Y25. C'était donc d'un pas confus que le jeune homme continuait son chemin vers la suite numéro cinq, celle de J23. Une fois devant la porte massive, il tremblait en cherchant les bonnes clefs ; l'idée de laisser brûler Y25 avec son piano lui était insupportable. Son angoisse grandit soudainement quand de l'eau recouvrit ses pieds après l'ouverture de la suite numéro cinq. J23 n'avait pas inondé que sa salle de bain, mais bien la suite entière ! C'est le cœur affolé que le jeune homme courut vers la salle de bain afin d'y trouver J23 plongé dans la baignoire, inerte. Sans « vie ». Une peine immense l'envahissait progressivement puis il s'approcha du corps pour le sortir de l'eau ; il était extrêmement lourd. Il contemplait un instant le visage endormi de J23, remettant en place ses cheveux mouillés et caressant ses joues.
-Tu étais le plus doux, le plus gentil...
Le jeune homme se sentait au bord des larmes. Il coupa l'eau et souleva le corps pour le poser sur son lit, puis regagna d'un pas dur et lent la salle des employés. Ses collègues l'interrogeaient du regard, il en avait mit du temps ! Ils étaient tous là, toujours en train de boire et de s'empiffrer alors que l'alarme incendie de la suite numéro deux hurlait encore. Le jeune homme s'assit sur sa chaise et dit du plus calmement qu'il put :
-Jimin s'est noyé... Ses collègues le fixaient du regard sans comprendre, ce qui eut le don de l'énerver, mais il se reprit tout aussi sereinement. Pardon, J23. J23 s'est noyé.
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-Expliquez-moi ce qui vous amène ici. Le jeune homme ne semblait pas disposé à répondre. Il était angoissé et se plantait les ongles dans le bras, il ne savait pas ce qu'il avait le droit de divulguer ou non. Vous pouvez tout me dire. Ce policier était d'un calme grandiose et semblait psychologue. Il tentait tant bien que mal de rassurer le garçon afin de le faire parler. Il était arrivé au poste, tôt dans la matinée, trempé et l'air affolé. Seulement il semblait incapable de parler, quelque chose l'effrayait. Vous avez peur de potentielles représailles ? On peut assurer votre protection s'il le faut. Le silence s'installait à chaque fois que le policier cessait de parler. Ce blanc fut plus long que tous les autres, le garçon se concentrait pour sortir une phrase.
-Il faut les sortir de là... Le policier semblait déconcerté et ne comprenait pas. C'est tout naturellement qu'il commença donc à lui poser des questions pour démêler ce sac de nœuds. Le garçon était encore un peu perdu et répondait sans réellement écouter les questions. Il se mettait enfin à parler. Les autres, il faut aller les chercher. Il faut les sortir de ce cauchemar avant qu'il ne soit trop tard pour eux aussi.
-Qui ça « les autres » ? Qu'est-il arrivé ? Le garçon retomba à nouveau dans le mutisme, se griffant la peau. Il commençait à trembler et ne regardait rien d'autre que le sol. Ses jambes aussi s'agitaient, comme si elles étaient prêtes à fuir de la salle à tout instant. C'est après de longues secondes de silence qu'il se reprit et leva les yeux vers l'homme en uniforme.
-Ils les ont tués.
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Heavenly dolls (BTS fanfiction) EN PAUSE
FanfictionLes Dolls sont des bijoux de technologie si complexe qu'il est difficile d'en posséder un tant leurs prix sont élevés. Seules les grandes entreprises en possèdent pour accomplir des tâches comme accueillir les clients. Ils sont beaux, intelligents...