Partie 13 : Pour de bon

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Aby et moi sommes arrivées au Sénégal vers 08 heures du matin. On est allé à l'hôtel où maman Céci avait réservé. Maman Céci voulait venir aussi pour me soutenir mais je lui ai dit de rester près des enfants et d'en prendre soin. Une fois dans notre suite, on s'est changé en tenue de deuil et on a pris la route pour Thiès. Il fallait à tout prix que je vois ma mère et Seynou. Je n'ose même pas imaginé ce qu'ils doivent ressentir. Quant à moi je me sentais détruite et  j'étais très faible sûrement à cause de l'accouchement.

Après une heure de route on est enfin arrivé à Thiès, mes jambes tremblaient et mes larmes coulaient à flot. Quand on est arrivé à la maison de grand-mère, il y avait un monde fou. Tout le monde me regardait de haut, je les entendais faire des messes basses à mon propos mais j'étais tellement mal que je faisais même pas attention aux gens que je voyais. J'ai essayé de me frayer un chemin pour entrer dans la maison et voir ma famille. Une fois dans la cours, j'ai vu mon frère Seynou, les yeux rougis avec beaucoup de cernes. Quand il m'a vu, il est directe venu vers moi et on s'est pris dans les bras.

Moi:" Seynou dis moi que c'est pas vrai je t'en supplie, dis moi que c'est faut. Papa ne peut pas nous laisser, il n'a pas le droit. On a encore besoin de lui, on a encore besoin de lui Seynou."

Il ne faisait que pleurer, on est resté ainsi très longtemps jusqu'à ce grand-mère arrive. Elle m'a pris dans ses bras et a essayé de me réconforter tant bien que mal. Après elle nous a dit d'aller rejoindre maman dans le salon. Dans le salon mon cœur a failli sortir de ma poitrine, maman était assise sur une natte couverte de plusieurs voiles, le visage effacé, les yeux rougis et remplis de cernes, elle avait la tête baissée et égrenait son chapelet.

Quand je suis arrivée à son niveau, je me suis  effondrée par terre, elle a levé la tête et pendant plusieurs minutes qui parurent des heures on s'est regardé. A travers ce regard on a partagé toute notre peine, nos larmes coulaient à flot, on ne disait rien mais on se comprenait tellement. Soudain maman brisa le silence avec une  voix à peine audible.

Maman Ndella: "Vas-t-en"

Moi en larmes: "Maman je suis tellement désolé"

Et là, elle s'est levé et a commencé à me frapper et à crier comme pas possible.

Maman Ndella en criant :  "Fatima dégages, dégages je veux qu'elle dégage. Je te déteste plus  que tout au monde, tout ce que tu  nous as fait jamais je ne te le pardonnerai. Ton père m'a fait promettre que tu n'assisteras pas à ses funérailles donc Fatima vas-t-en"

Je n'oublierai jamais ses cris là, ils résonnent encore dans ma tête comme si c'était hier. Tout le monde est venue voir, j'avais l'impression de vivre un cauchemars, maman ne voulait rien savoir. Malgré les supplications de ma grand-mère, de Aby et de Seynou  elle m'a quand même mis dehors après m'avoir insulter de tout et n'importe quoi.

Je n'ai pas eu le droit d'assister aux funérailles de la personne que j'aimai le plus sur cette terre.

Quand on est sorti de la maison, Seynou nous a suivi, il m'a dit où papa était enterré et j'en ai profité pour lui donner mon numéro  et  adresse en France.

Après ça on est directement allé aux cimetières de Yoff. J'ai demandé à Aby de me laisser seule pour que je puisse me recueillir sur la tombe de mon père. Quand j'ai  vu son nom écrite là, je n'ai pût m'empêcher pleurer comme pas possible. J'étais couchée par terre et je pleurais toute les larmes de mon corps, j'avais l'impression d'avoir perdue une partie de moi qui ne reviendra jamais de la vie et ce sentiment est juste atroce.

Je suis restée là à pleurer presque 30 minutes.  Soudain, j'ai sentie quelqu'un me tenir la main.
J'ai soulevé la tête et je l'ai vu, ma vision était flou à cause des larmes mais je percevais un jeune homme très imposant: Abdalah Sarr. Il m'a aidé pour que je  me relève.

Lui: "Mademoiselle, j'imagine ce  que vous ressentez, il faut beaucoup prier pour votre proche qui repose désormais ici, c'est ce dont il a besoin actuellement "

Cet homme est resté avec moi jusqu'à ce que je décide de partir et on est sorti  du cimetière ensemble.

Lui: "Je m'appelle Abdalah Sarr moi, j'ai perdu mon père il y a presque 8 ans donc j'imagine votre douleur"

Moi : "Merci monsieur mais je dois y aller"

Abdalah Sarr : "Vous pouvez me dire votre nom pour la prochaine fois qu'on se rencontre"

Moi:  "Je doutes fort qu'on rencontre à nouveau, c'est Fatima"

Abdalah Sarr : « Ravi de te connaître Fatima »

Je suis allée retrouvée Aby  qui m'attendais dans un café non loin  des   cimetières.

On est retourné à l'hôtel, le lendemain Aby m'a supplié d'aller voir Bachir pour lui parler des enfants parce qu'il avait le droit de savoir mais j'ai catégoriquement refusé.

Aby: "Si tu ne lui dis pas, je le ferais"

Moi: "Tu me l'a promis Aby, si tu lui dit je ne te le pardonnerai jamais"

Aby : " Un jour tu seras obligé de le faire Fatima. Quand Ndella et Mouhamadou Ibrahim te demanderont leur père là tu seras obligée de le dire à Bachir"

Aby est ensuite rentrée chez elle vu que les vacances étaient presque fini, elle devait reprendre les cours en Septembre, on s'est dit au revoir et elle m'a promis de venir m'accompagner à l'aéroport avec son chauffeur.

Je devais prendre le vol de minuit pour rentrer en France. Une fois seule dans la chambre d'hôtel j'ai encore pleuré toutes les larmes de mon corps jusqu'à m'endormir. C'est un appel de Aby qui m'a réveillé. Je me suis précipitée de prendre une douche et me préparer pour y aller. Aby m'a déposé à l'aéroport, on s'est dit au revoir avec beaucoup de larmes et on s'est promis de s'appeler tous les jours.

Avant de monter dans l'avion, je me suis retournée et j'ai regardé derrière moi, ma vie ici est terminée, cette fois je m'en vais mais pour de bon. Ce beau pays où j'ai grandit et où je suis née, je n'y suis plus la bienvenue. Presque tout le monde me déteste ici, les gens que j'aime ne veulent plus de moi. Je n'ai plus de chez moi ici, je n'ai pus de père et ma mère ne veut plus me voir. Je m'en vais et je ne reviendrai pas de si tôt.

Enjoy it 😘😘😘

Amour d'enfance (En correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant