D'aucun s'en doute certainement mais elle existe, la mort existe. C'est la destination finale de tout être vivant koulou nafsin za-iqatou lmawt ( toute âme goûtera à la mort). Certaines personnes puissantes pensent que la fin n'arrivera jamais et se croient immortels. C'était le cas de Safiétou Touré. Cette femme a tellement fait de mal dans sa vie que je crois que même le diable s'inclinera devant ses manœuvres. L'argent était son monnaie d'échange pour obtenir tout ce qu'elle voulais dans la vie. Quand la foudre Safiétou Touré s'est abattue sur ma personne, je n'avais que 17 ans. Elle m'a montré qu'elle était puissante et a ravagé tout sur son passage. Elle a brisé ma famille, brisé mes rêves et détruit tout ce que j'avais. Elle était puissante et savait s'imposer, elle n'hésitait pas à écrabouiller toute personne qui gênait sur son passage. Elle survolait les airs et avait fait le tour du monde. Elle faisait partie des femmes les plus respectées de son époque.
Ce 28 Mars là, une montagne est tombée, c'était la fin pour cette femme puissante, impitoyable et respectée de tous. Les jumeaux avaient déjà 22 ans.
Depuis quelques mois, elle était très très malade et souffrait, je l'ai su par ses petits enfants qui l'adoraient plus que tout au monde.
Ainsi, ce jour là, j'ai reçu un appel assez inattendu, c'était Bachir.
Bachir : « Bonjour Fatima »
Sa voix était toujours aussi imposante.
Moi: « Bonjour Bachir, comment vas tu ? »
Bachir : « Ça peut aller, Fatima il y a quelqu'un qui veut te parler »
Safietou Touré avec une voix à peine audible : « Fatima »
Moi : « Bonjour c'est qui ? »
Safietou Touré : « C'est Safia Touré, je veux que tu viennes me voir à l'hôpital, il ne me reste plus beaucoup de temps Fatima. J'ai besoin de parler en face, ce sont mes derniers souhaits »
Tout le mal qu'elle m'avait fait a commencé à défiler dans ma tête, ma longue nuit à l'hôpital quand mon père était entre la vie et la mort, ma longue nuit sur ce pieds de mur quand elle m'a jetté hors du chalet, mon amour d'enfance qu'elle a brisé sans aucun remord.
Mes larmes coulaient et je n'arrivais pas à ouvrir la bouche pour dire quelque chose.
Bachir a reprit le téléphone.
Bachir : « Ne te sens pas obligée de le faire, je sais tout le mal qu'elle t'a fait »
Moi: « Je suis désolée Bachir mais je ne pourrais pas »
Je suis allée me recroquevillée dans ma chambre pour pleurer. Abdalah était au boulot et j'avais personne pour me réconforter. Après plusieurs minutes à pleurer j'ai pût me calmer et j'ai un peu dormit jusqu'à ce qu'Abdalah soit rentré. Il a pris une douche et je lui ai réchauffé le repas. Après on est allé s'installer dans le salon avec toute la famille mes beaux parents et Mohamed et la petite Kadija. Quelques minutes plus tard ma fille Ndella est entré dans le salon en furie suivi de près par son frère. Ndella n'a salué personne et s'est dirigé vers moi, son frère essayait de la retenir mais elle était comme possédé.
Ndella Céci Aby Oualy : « Lâches moi Mouhamadou Ibrahim. »
Mouhamadou Ibrahim : « Si tu as quelque chose à lui dire allez au moins à l'intérieur, tu ne vois pas qu'il y a tout le monde ici »
Ndella Céci Aby Oualy : « Je m'en fou. Maman tu es qui toi ? Tu es qui putain. Ma grand-mère est à l'hôpital entre la vie et la mort, ses derniers souhaits c'est de te parler et tu oses le lui refuser. Excuses moi maman mais je ne te savais pas si méchante, t'es ignoble comme femme et tu n'as pas de cœur »
Je me suis levée et je lui ai administré une gifle tellement forte qu'elle est tombée »
Moi: « Tu me parles sur un autre ton jeune fille, je suis ta mère pas ta pote. Si je ne veux pas aller voir ta grand mère j'irai pas la voir et ce ne sont pas tes cris et injures qui me feront changé d'avis »
Abdalah : « Calmez vous les filles, Ndella ma chérie assieds toi et parles moi calmement, que se passe t-il ? »
Ndella Céci Aby: « C'est grand-mère Safia papa »
Et là elle a fondu en larmes brisant mon cœur en mille morceaux.
Mouhamadou Ibrahim: « Mamie est malade depuis quelques temps, et là ça a empiré, elle veut te voir maman pour juste quelques minutes pour te demander pardon. Je sais qu'elle t'a fait beaucoup de mal mais tu peux aller au delà de ça maman, tu es une bonne personne et la rancune n'a pas de place dans ton cœur.
Ndella est venue s'accroupir devant moi.
Ndella Céci Aby en larmes: « Manan je t'en supplie, allons la voir pour l'amour de Dieu »
Voyant mes enfants mal ainsi, après mure réflexion j'ai décidé d'y aller. Accompagné d'Abdalah et des enfants on a pris la route de l'hôpital principal.
A mon arrivé j'ai vu toute la famille Oualy dans la salle d'attente, ils avaient tous le visage lasse. Je suis allée prendre Aby dans mes bras.
Moi : « Je suis désolée ma chérie »
Aby: « Elle te demande depuis hier mais j'avais honte de te demander de venir sachant tout ce qu'elle t'a fait »
Moi: « T'inquiètes pas ma chérie »
Ensuite, Aby, Les enfants, Salimata et moi on est allée dans la salle où Safia Touré agonisait. J'y ai trouvé Bachir, les yeux larmoyant il lui tenait la main ainsi que Daouda Oualy. Je me suis dirigé vers Bachir et je lui ai tapoté l'épaule pour l'encourager. Quand je me suis retourné vers Safietou Touré, mon cœur a fait un bon dans ma poitrine. Elle agonisait au vrai sens du terme. Elle était tellement maigre qu'elle se confondait au lit. Son visage était méconnaissable et son corps rattaché à plusieurs machines montrait qu'elle souffrait énormément.
Safietou Touré avec une voix à peine audible: « Fatima c'est toi ? »
Moi: « Oui Safia c'est moi, massa »
Safiatou Touré: « Viens t'asseoir près de moi »
Je suis allée m'asseoir près d'elle à côté de Bachir
Safietou Touré : « On attend qu'une seule personne »
Quelques minutes plus tard, ma mère Ndella Diaw est arrivée, elle était belle et en forme. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu, depuis la naissance de Mohamed.
Maman Ndella : « Bonjour tout le monde »
Nous : « Bonjour »
Safietou Touré : « Viens Ndella on attendait plus que toi »
Ma mère est venue s'asseoir près de moi, Safiétou Touré m'a pris la main à moi et à Bachir.
Safietou Touré : « Je vous ai réuni tous aujourd'hui pour vous demander pardon. C'est la fin et je sens les flammes me consumer déjà alors que je ne suis pas encore morte. J'ai été méchante avec chacun d'entre vous. Je commence avec toi Daouda, mon amour. Tu m'as aimé plus qu'il ne fallait et moi j'en ai profiter pour te manipuler. Je t'ai mis en mal avec la plupart de ta famille, je te demande pardon mon amour »
Daouda Oualy: « Je te pardonnes chérie et ne parles pas ainsi tu es juste malade, tu vas te relever de ce lit »
Safiétou Touré: « Pardonnes moi ma Aby, ma chérie, pour tout le mal que je t'ai fait. Malgré tout je t'aime plus que tout »
Aby en larmes : « Je te pardonnes maman »Safietou Touré : " Pardonnes moi Salimata pour tous les tors que je t'ai causé"
Salimata Hanne : "Tu es ma mère Safia, je te pardonnes"
Safietou Touré: « Mes petits enfants adorés, mes amours de toute une vie je vous aime. Pardonnez moi d'avoir séparé vos parents alors que vous n'étiez même pas encore né. J'ai gâché la magnifique histoire d'amour de vos parents »
Ndella Céci Aby: « On t'aime aussi mamie, tu n'as pas à nous demander pardon »
Mouhamadou Ibrahim: « Tu es pardonnée mamie, on t'aime beaucoup »
Safiétou Touré : « Ndella Diaw, cela doit te faire bizarre de me voir ainsi plus bas que terre. La dernière fois qu'on s'est vu j'étais venu chez toi pour t'humilier pour te rabaisser toi et ta famille. Ndella Diaw je te demande pardon pour tout le mal que je t'ai fait à toi et à ta famille. J'ai brisé votre vie, j'ai détruit tout sur mon passage. Pardonnes moi aussi pour ton mari Ibrahim »
Maman Ndella Diaw: « Safia Touré après tout ce temps on se revoit enfin. Je suis musulmane et juste pour ça et pour mes petits enfants qui t'aiment plus que tout je te pardonne. Mais quant à Ibrahima, je ne pourrais être garante de son pardon, il est parti depuis longtemps et lui seul pourra t'accorder son pardon »
Safietou Touré : « Merci beaucoup Ndella, ton pardon m'apaise déjà le cœur »
Elle s'est retournée vers Bachir et moi et ses larmes ont commencé à couler.
Safietou Touré: « Bachir, mon Bachir pardonnes moi. Pardonnes moi mon amour de t'avoir à jamais volé ton sourire. Cela fait tellement d'années que je ne t'ai plus jamais vu sourire toi qui était si gaie et souriant. Je t'ai séparé de l'unique amour de ta vie, je t'ai séparé de l'unique femme que tu as aimé dans ta vie. Je sais que même si tu me pardonnes, ton cœur ne me pardonnera jamais mais j'ose quand même te demander pardon »
Bachir : « Bien sûre que je te pardonnes maman, tu es ma mère et je ne peux que te pardonner. »
Safietou Touré : « Je t'aime mon fils »
Bachir: « Je t'aime aussi »
Elle s'est retournée vers moi et a plongé ses yeux sur les miens, malgré son regard fatigué, je voyais ces beaux yeux dont Bachir a hérité et dont mes enfants ont hérité.
Safiétou Touré: « Fatimata Binta ka, ma très chère Fatima. J'ai détruit ta vie, je t'ai réduis plus bas que terre, je me suis attaquée à ce que tu avais de plus cher et je l'ai détruit. Tu étais pauvre et je ne pouvais accepter cela, je t'ai fait tellement de mal que je sais que d'une manière ou d'une autre je payerai pour cela. Je paye déjà, regarde moi sur ce lit d'hôpital. Fatima pardonnes moi pour l'amour de Dieu, pardonnes moi je t'en supplie. Si tu ne me pardonnes pas jamais je ne pourrais mourir en paix »
Je suis restée silencieuse pendant plusieurs minutes et mes larmes coulaient. Cette femme qui m'avait tellement fait de mal dans le passé me tenait la main et quémander mon pardon. J'ai vu mes enfants pleuré tous les larmes de leur corps. J'ai pris sur moi et d'une voix à peine audible.
Moi : « Safiétou Touré je te pardonne pour tout le mal que tu m'a fait, Que Dieu te pardonne »
Quand j'ai dit ça elle a inspiré et expiré très fortement laissant ainsi son dernier souffle. La machine qui indiquait les battements de son cœur s'est mis en arrêt et donnait un bruit assourdissant. Les médecins se sont dépêchés de venir et ils nous ont fait sortir de la salle. Tout le monde pleurait, Après quelques minutes le médecin est venu nous voir.
Médecin: « Je suis désolé, madame Safia Touré a rendu l'âme »
Et là bame, Ndella ma fille a commencé à crier comme pas possible. Je l'ai pris dans mes bras.
Moi: « Calmes toi ma chérie, la mort fait partie de la vie »
Aby et Bachir aussi était au plus mal, les pauvres. J'imagine ce qu'ils doivent ressentir. Je ressentais la même chose quand j'ai perdu mon père, cette douleur est inexplicable. On a l'impression de perdre la plus bonne partie de nous, on a l'impression d'être seul au monde, on a l'impression que jamais au plus grand jamais on ne se relèvera. Mais on y peut rien c'est la vie et le plus dure c'est que la vie continue. On est obligé de vivre sans cet être aimé, on est obligé de rire sans lui, on est obligé d'accepter que jamais au plus grand jamais on ne reverra son sourire.La mort ne préviens pas, réconciliez vous avec vos proches, ne laissez pas une dispute être la dernière parole échangée avec quelqu'un, demandez pardon aux gens, œuvrez dans le bon sens, ne pensez pas que vous aurez le temps de vous rattraper, repentez vous le temps n'est pas notre allié !
Après tout ce temps, tu me manques encore chaque jour, clin d'œil à toi Papa. Ta fille continue de vivre malgré tout, mais cette vie est tellement nulle sans toi ❤️
Enjoy it 😘😘😘
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Amour d'enfance (En correction)
RomanceUne histoire profonde, remplie d'amour, remplie de joies mais aussi remplie de tristesses. Je m'appelle Fatima, à travers ces lignes je vous raconte mon histoire. Tout commence avec un amour d'enfance.