CHAPITRE 1

128 11 24
                                    

Trois-cents ans plus tard

Cela faisait maintenant trois mois que nous étions stationnés dans la forêt. Depuis que l'apparition des bêtes démoniaques a été annoncée, le Roi a affecté la moitié de son armée dans cette forêt.

Cette horrible forêt où chaque plante, chaque racine, chaque arbre peut cacher un danger mortel. Sur les cent soldats qui sont partis, il n'en reste plus que la moitié.

Personnellement, ma seule envie est de rentrer vivant. Et payé. C'est pour ça que je me suis engagé: pour la solde.

Il faut dire que je suis issu d'une famille pauvre pour laquelle une solde de soldat de première ligne représente une fortune.

Et donc je me suis engagé dans l'armée et je me retrouve ici. Je m'ennuie. Mais bon, pour m'occuper, je dicte une lettre pour ma mère à un camarade qui a bien voulu écrire pour moi.

Et oui, qui dit famille pauvre dit pas d'éducation. J'ai déjà la chance de parler correctement. Et par correctement, j'entends sans l'accent paysan.

Donc je dictais ma lettre quand un camarade fait irruption dans la tente où on était.

— Léod ! Léod ! Cria-t-il à bout de souffle. Le lieutenant veut te voir ! Et il avait l'air en colère ! Vas-y vite !

D'abord surpris par cette soudaine intervention, je me rend finalement compte de ce qu'il se passe. Je remercie rapidement mes deux camarades et file à toute vitesse devant la tente du lieutenant. Je reprends mon souffle et entre dans la tente. Je me met immédiatement au garde-à-vous.

— Soldat Léod, au rapport mon Lieutenant !

— Ah ! Vous voilà enfin ! Vous en avez du cran pour me faire attendre, me dit-il avec un sourire carnassier. Adjudant ! Pas d'alcool pour cet homme pendant une semaine ! Et le fouet au moindre écart !

— À vos ordres, Lieutenant !

À vrai dire, je n'en ai rien à faire. Je n'aime pas l'alcool. Par contre, pour le fouet, ça risque d'être plus compliqué. Sachant que le lieutenant est un homme sadique, il trouvera un prétexte quelconque pour me fouetter lui-même.

— Bien. Soldat, repos. Je vous ai appelé pour une affaire des plus pressantes, à vrai dire. On nous a signalé l'apparition d'un vieil homme tout de blanc vêtu. Et... il se perdit dans ses cartes

J'ai attendu quelques instants avant de prendre la parole

— Un homme, mon Lieutenant ?

Il revient à lui

— Ah oui ! Votre mission est de délivrer une missive au Roi afin de demander les ordres.

— À vos ordres, mon Lieutenant.

— Parfait. Vous partez demain. Rompez.

Je sortis de la tente en sueur. Je l'ai échappé belle, ce coup-ci ! Je m'empresse donc de repartir avec la missive avant que le lieutenant veuille me donner des coups de fouet et retourne dicter ma lettre.

Une fois finie, et voyant que la nuit tombe, je décide donc de poser mes affaires et de me coucher.

Le lendemain

Je me réveille aux aurores afin d'échapper à la tyrannie du lieutenant au plus vite. Sans un bruit, je me lève, déjeune avec les cuisiniers, me prépare et pars.

Après deux heures de marche, je me suis perdu dans cette satanée forêt. Et puis la pluie menacant de tomber, il faut que je trouve rapidement un abri.

Au bout d'une demi-heure de marche supplémentaire, j'aperçois enfin une grotte. Je fonce m'y abriter et c'est précisément à ce moment-là que la pluie commence à tomber. Pour une fois que j'ai de la chance.

Bon. Comme on nous l'a appris durant notre entraînement, quand on s'abrite dans une grotte, il faut s'assurer que l'on y soit en sécurité. Je m'y aventure donc et me rends compte que c'est un vrai dédale de couloirs.

J'abandonne presque la fouille en me disant qu'il n'y a aucun danger, mais j'entends un bruit. Pas un bruit de goutte d'eau ou de chute de cailloux, comme il serait normal d'entendre dans une grotte, mais un bruit de bris de verre. Suivi d'un juron.

Je décide de pousser l'exploration de la grotte et m'enfonce plus profondément dans une des multiples galeries.

Quelques heures d'exploration plus tard, je me retrouve à l'entrée de la caverne, bredouille. Et il pleut toujours. Je commence à penser que j'ai rêvé et décide de rester à l'entrée pour dormir, le temps que la pluie cesse.

Je me réveille un peu plus tard, la pluie s'est arrêtée et je devine à la position du soleil que c'est le début d'après-midi. Je mange une de mes rations et m'apprête à partir lorsque j'aperçois un filet de fumée sortant de la grotte.

Curieux, je décide de le suivre. Et c'est ainsi que je me retrouve une nouvelle fois dans le dédale de galeries où je remarque par endroits les traces de mon exploration précédente.

Je continue de suivre le filet de fumée qui devient progressivement plus épais, signe que je me rapproche de la source. Je suis sur le point de prendre un virage à droite quand je me fige. Il y a bien quelqu'un dans cette grotte. Et il parle tout seul.

Je me colle contre la paroi de la galerie et jette un rapide coup d'œil à l'intérieur du boyau. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un vieil homme au milieu d'un bric-à-brac sans nom.

Il porte une longue tunique blanche et je remarque dans un coin une cape blanche accrochée à une patère. Les objets présents me font penser que c'est un mage.

Intrigué, je continue de regarder l'étrange personnage s'agiter tantôt devant un grimoire, tantôt devant un trou dans la paroi de la grotte donnant sur l'extérieur.

Je sentis une extraordinaire chaleur se dégager d'où il se tenait et les événements auxquels j'ai assisté par la suite me donnèrent des sueurs froides.

L'Archimage des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant