L'Archimage des Légendes

CHAPITRE 8

Je me réveille au doux son du martèlement de ma porte. Je me dépêche de me lever puis de m'habiller. Je file ouvrir la porte et me trouve nez-à-nez avec un Léod passablement énervé, les bras croisés et qui me fusille du regard.

— Tu avais pas un rendez-vous ce matin à la neuvième heure ?

Je commence légèrement à paniquer.

— L'heure est déjà passée?! Zut zut zut ! J'ai pas mangé et il m'attend déjà! Faut que je me dépêche !

— Calme toi, je viens te réveiller pour que tu ne sois pas en retard. Tu as encore le temps de manger. Par contre Finnéas, tu vas pas me faire le coup tout les matins.

— Le coup ? Quel coup ?

— Le coup de pas te lever le matin, me laisser te réveiller et en plus me faire attendre.

— Je vais essayer à l'avenir, pardonne-moi Léod.

— C'est bon, t'en fais pas... Allons-y, tu veux ?

— Je te suis sous peu, le temps de prendre mes affaires.

Il commence à descendre et je le rejoins peu de temps après avec ma besace sous le bras. Nous nous installons à l'une des tables de la taverne et mangeons.

Le repas est de bien meilleure qualité qu'au bourg précédent: il est composé d'un bon morceau de sanglier rôti la veille, de pain de seigle frais et des carottes.

Une fois notre repas avalé, il est presque l'heure de retrouver le sergent. Nous payons le tavernier et sortons l'attendre devant l'établissement.

Il arrive à l'heure et, lorsqu'il nous aperçoit, se met au garde-à-vous devant moi.

— Sergent Donoghan, au rapport Monseigneur! Est-ce votre compagnon de voyage ?

— Bonjour sergent! C'est bien lui. Je vous présente Léod, un jeune soldat. Léod, voici le sergent Donoghan.

— Enchanté, soldat Léod.

— Moi de même sergent, dit-il en se mettant au garde-à-vous

— Bien, repris-je, il est temps de rendre visite au Roi.

Les deux acquiescent et nous partons, prenant la route qui nous mène au château. Sur le chemin, les discussions vont bon train: elles vont de la qualité des repas à la personnalité de Sa Majesté, en passant par les missions de mes deux compagnons.

Sans nous en rendre compte, nous sommes parvenus au pied de la grande porte du château. Nous nous approchons mais sommes vite arrêtés par un garde.

— Halte! Qui va là ?

Les deux soldats se mettent au garde-à-vous.

— Sergent Donoghan!

— Soldat Léod!

Le sergent continue pour les deux.

— Nous avons pour mission de rendre compte au Roi.

— Et l'homme derrière vous ?

— Je me présente: Andrel Méliamne. J'accompagne ces soldats car je suis l'objet de leur compte-rendu. J'ai également une demande au Roi.

— Sergent Donoghan, Soldat Léod, vous pouvez passer. Sieur Méliamne, je vais devoir vous contrôler.

— Sans aucun soucis.

Je lui tends mes papiers et il y jette un œil. Il ne s'attarde pas dessus.

— Tout est en règle. Vous pouvez passer, seigneur Méliamne.

Nous rentrons dans le château et nous sommes guidés jusqu'à la salle du trône. On nous fouille afin de nous désarmer et la porte s'ouvre.

À peine rentrés, je pose un genou à terre et baisse la tête. Et je remarque que mes camarades n'ont pas fait comme moi. Le protocole a changé, j'ai même peut-être manqué de respect au Roi.

Je commence a paniquer quand le Roi prends la parole.

— N'est-ce pas l'étiquette de l'Empire Carmin d'il y a 300 ans ?

— Si, Votre Majesté.

— Tu ne connaissais donc pas celle en vigueur dans le Royaume Bleu ?

— Non, Votre Majesté.

— Soldat, rompez. Vieil homme, relève-toi. Que me vaut votre visite ?

— Nous venons rendre compte à notre Roi.

— Et le vieil homme ? D'ailleurs, quel est ton nom ?

— Je suis venu vous mettre en garde Votre Altesse. Et mon nom est Andrel Méliamne.

— Morn Coldshore, enchanté. Contre quoi souhaites-tu me mettre en garde ?

— Contre le retour du Fléau, Votre Altesse.

— Ce mal millénaire vaincu par le Mage Finnéas ? Comment peux-tu être sûr qu'il s'agit de ça?

— Le retour des bêtes démoniaques, Votre Majesté. Elles ne sont que la première étape de l'apparition du Fléau. C'était déjà le cas il y a cinq-cents ans.

— J'en tiendrais compte, merci. Et vous ? Dit-il en posant son regard sur les soldats

Le sergent prend la parole.

— Je viens vous rapporter les talents de guérisseur du seigneur Méliamne. Il a soigné une section complète en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

— Intéressant... et toi, jeune soldat ?

— Une missive de mon lieutenant, Votre Altesse.

Un garde vient récupérer la missive que tend Léod et l'apporte à Morn. Ce dernier la lit et demande son bureau, du papier et une plume. Une fois le matériel apporté, il se met a rédiger une missive. Une fois cette dernière achevée, il la tend au même garde qui l'apporte à Léod.

Je reprends la parole, peu sûr de moi.

— Votre Altesse...

— Qu'y a-t-il ?

— J'aimerais que vous fassiez un appel à guerriers au nom du Mage Finnéas, c'est-à-dire moi, afin que je puisse vaincre Le Fléau.

Le Roi me regarde et éclate de rire.

— Toi, le Mage Finnéas ? Tu plaisantes j'espère ? Soldats, dit-il à mes compagnons, je vous remercie de vos comptes-rendus. Maintenant, sortez-moi cet illuminé d'ici !

Mes compagnons s'inclinent et me poussent jusqu'à la sortie. On sort du château et on retourne au Drunken drunk. On commande une chope chacun et je passe le reste de la matinée à me faire rabrouer.

— Bien, seigneur Méliamne, je vais devoir vous quitter et retourner à mon bourg. Ce fut un plaisir et je vous souhaite bonne route.

— Plaisir partagé, sergent. Et bonne route à vous aussi.

Nous nous retrouvons donc seul, Léod et moi.

— Léod, maintenant que le sergent est chargé de remettre ta missive, nous pouvons aller vers notre prochaine destination.

— Je suis d'accord, partons demain pour l'Empire Carmin afin de récupérer ton bâton!

— Tout à fait! En avant pour l'Empire Carmin!