CHAPITRE 5

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Réveillé par quelqu'un qui, visiblement, est pressé de me voir, je me lève et m'habille rapidement en lançant un "J'arrive, un instant".

J'ouvre et tombe sur un Léod agacé. Il tape du pied rapidement et souffle bruyamment en me voyant, puis il prends la parole.

— Enfin Finnéas, ça fait longtemps que je t'attends ! J'ai cru que t'étais mort ! Dit-il en plaisantant

Sûrement une blague sur mon âge avancé. Bon, d'accord, c'était drôle, mais je ne ris pas. J'ai pas envie de lui donner cette satisfaction. Je repars donc dans ma chambre et prends mes affaires.

— Alors ça y est, on marche jusqu'à la capitale aujourd'hui ?

— Oui ! J'espère qu'on aura pas de problèmes sur le chemin!

— J'espère aussi.

Nous descendons et prenons le petit-déjeuner dans l'auberge. Certains auraient pu dire qu'il n'y avait rien de bon au menu ce matin, et pour cause: du gruau et une tranche de pain un peu dure.

Personnellement, je l'ai plutôt apprécié. En même temps, quand on mange des rats et des chauves-souris pendant des jours, comprenez-moi.

On finit de manger, on paye l'aubergiste et je lui laisse même un petit pourboire parce que c'est un bon établissement. Je trouve.

On sort et on commence à s'éloigner du centre. On en profite pour faire quelques petites emplettes nécessaires pour le voyage et on se dirige vers les portes de la ville. Au moment de passer, un garde m'interpelle.

— Monsieur, on m'a ordonné de ne pas vous laisser passer.

— Mais.... que.... pourquoi ?! M'indignais-je

— Je ne sais pas. Mais les ordres sont les ordres, suivez-moi au poste je vous prie.

Je capitule et le suis. Le garde nous emmène à la caserne sous escorte. Tout les gens nous regardent, l'air de dire "bon courage". On rentre et j'aperçois une silhouette connue. Celle du bagarreur que j'ai soigné hier.

Nos regards ce croisent. Il se lève, me montre du doigt et s'exclame:

— C'est lui ! C'est lui ! J'suis certain !

Le garde à l'air de perdre patience.

— Rasseyez-vous et répétez votre témoignage devant lui s'il vous plaît

— Ouais. Hier, j'tais au Red Raven et je m'bagarrais. Et quelqu'un y m'casse l'bras. Mais pas quequ'chose d'normal, v'voyez ? L'était plié à l'envers. Alors j'gueulais pac'que j'avais mal et lui, y viens m'voir, sans causer, et le v'là pas qu'y me guéris! Alors j'vais pour l'remercier mais y m'laisse pas l'temps, alors moi, bah je...

— C'est bon, ce sera suffisant, merci.

— 'tendez, j'peux dire un truc encore ?

— Oui. Allez-y. Répondis le garde, agacé

— Ben v'là M'sieur, j'vous r'mercie d'fond du cœur.

— De rien, c'est tout naturel. Dis-je en m'inclinant légèrement, une main sur la poitrine

— Bien, vous pouvez y aller... il regarde ses notes... Monsieur Giboin.

— Au r'voir alors.

Il part en se faisant raccompagner par un garde, me faisant un signe de la main pour exprimer une dernière fois sa gratitude. Puis il disparaît dans l'encadrure de la porte.

— Bien, à nous Monsieur... ?

— Mon nom n'a pas d'importance.

— D'accord. Alors, vous confirmez les faits ?

— Oui Monsieur.

— Bien. Si je vous ai fait venir, c'est pour vous demander un service. Une de mes sections s'est faite surprendre par des brigands. Mes gars leur ont fait mordre la poussière, mais ils sont salement amochés. Vous pourriez les soigner s'il vous plaît ?

— C'est entendu. Où sont-ils ?

— Suivez-moi

Il se lève, m'invitant à le suivre, je lui emboîte donc le pas. Après avoir traversé la ville, nous arrivons devant ce qui semble être une infirmerie militaire.

Il me fait rentrer et je constate l'état de ses hommes. Ils sont pour la plupart à moitié morts. Il rentre et ferme la porte derrière lui.

— C'est pas beau à voir, hein ?

— Non, effectivement. Laissez-moi faire, ce sera vite réglé.

Je tends mes mains et les pointe de sorte à former un angle englobant toute l'infirmerie. De la lumière verte claire sort de mes paumes et se répand comme de la fumée parmi les blessés.

Au passage de cette fumée, des fleurs constituées de lumière éclosent. Soudain je ferme les paumes d'un coup et elle s'évaporent tout aussi spontanément, laissant des petites lumières flotter, comme des lucioles.

Après un court instant, les hommes se relèvent tous, complètement soignés. Ils crient de joie autant qu'ils sont étonnés. Le chef des gardes me regarde, ses yeux emplis de reconnaissance.

— Merci, me dit-il les yeux humides, merci milles fois.

— Comme je l'ai dit plus tôt, je trouve ça normal.

— Et pour votre récompense ?

— Je ne veux rien. Je vais plutôt vous donner quelque chose à la place.

— Je ne peux pas vous laisser faire ça !

— Oh que si !

— Bon... je .... si vous voulez... et de quoi s'agit-il ?

— Mon nom. Je m'appelle Finnéas.

Lorsqu'il entends ces mot, ses yeux s'arrondissent de stupeur. Il n'en revient pas. Comme pour la dernière fois, je pars sans même lui laisser le temps de répondre. Ou de me questionner.

Sur le pas de la porte, je marque un temps d'arrêt et lui pose une question:

— Rassurez-moi, je suis libre ?

— ...

— Monsieur ?

— Je... euh... oui ! Bien sûr ! Vous pouvez partir !

Je referme la porte et nous quittons la ville, Léod et moi, en direction d'Aorenn, la capitale du Royaume Bleu.

L'Archimage des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant