CHAPITRE 12

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J'ai accepté Torlak car je ressentais en lui un véritable désir de protéger Léod. Il n'avait pas l'air d'avoir d'arrière-pensées et semblait être sincère.

Une fois la fin du recrutement annoncé, je ferme la porte et me tourne vers mon nouveau compagnon, ébahi par mon sort d'invisibilité. Il prend la parole, hésitant.

— Sir Finnéas...

Je le coupe immédiatement: je déteste les titres honorifiques.

— Finnéas. Appelle-moi Finnéas, tout simplement.

— Entendu, Finnéas. Je souhaitais connaître le but de notre voyage s'il vous plaît.

— Détruire Le Fléau une bonne fois pour toute, voilà notre but! Décides-tu de venir malgré tout?

Il avait l'air d'avoir un peu peur mais répondit par l'affirmative.

— Bien, alors à demain. J'ai encore quelques affaires à régler en ville. Préparez-vous, nous partirons dans la matinée.

— Oui, Finnéas! répondirent-il à l'unisson

Nous partons chacun de notre côté et je retourne à mon laboratoire. Comme j'ai retrouvé mon bâton et que je n'ai pas envie de le garder à la main tout le temps, je vais faire en sorte de pouvoir l'invoquer et le révoquer à volonté.

Je m'attelle donc à la création du sort qui me le permettra. Une fois ceci fait, je fais léviter mon grimoire, prends mon bâton dans l'autre main et récite l'incantation.

In legibus regendi cælum et terram, non ut mihi in lignum unum!
Voco tibi videtur, et venite ad me manu mea!
Redige te linquo abit, ac duae sunt!
Summa Magia venit ad me!
Imperium lignum unum!

Je le test plusieurs fois pour constater son efficacité. Mon bâton apparaît dans un tourbillon de fumée noire et disparaît de la même manière, comme je l'avais imaginé.

Après cet essai concluant, je reprends mon bâton en main et vérifie son état. J'aurais dû faire ça tout de suite après l'avoir sorti de sa cache mais je n'en ai pas eu le temps. Le bois est intact, la sphère au sommet aussi et les sept bout de la pierre bleue lévitent toujours dans la sphère.

Ces morceaux contiennent encore, malgré toutes ces années, une magie pure et puissante. Après avoir vaincu Le Fléau, j'avais conscience qu'il reviendrait plus puissant et j'avais par conséquent enchanté chacun des sept morceaux de pierre.

Cet enchantement me donnait le droit de transcender les lois de la magie, les lois spatio-temporelles et les lois de la vie une fois par morceau. Après activation, un bout de pierre enchanté est réduit en poussière.

Pourquoi avais-je prévu de sauver l'humanité au vu de comment elle m'avait traité ?

Je suis né dans une famille noble mais rien ne m'avait épargné. Jusqu'à ce que je quitte l'école, c'est-à-dire vers quinze ans, les prêtres et autres enseignants, ainsi que tout les élèves, m'avaient pris pour cible. Je me faisais humilier, maltraiter, punir et mettre à l'écart sans pour autant qu'il y ait une raison à cela.

À l'âge de dix-sept ans, j'avais vu mourir mes parents et mon frère dans un incendie dont j'étais le seul survivant. Suite à cet horrible jour, j'avais hérité de l'immense fortune de mon père dont je ne voulais pas.

À l'époque, le continent était un seul pays et le Roi, qui était très proche de mes parents, m'avait envoyé vivre chez un couple de nobles âgés. C'est à ce moment de ma vie que j'ai découvert ce qu'était l'amour pour la première fois. Ils m'avaient chéri durant toute leur vie.

À leur mort, à mes vingt-cinq ans, j'avais pris la résolution d'aider autant de monde que je le pouvais. Ça me tenait tellement à coeur que je ne me suis jamais marié. J'ai vu plein de choses dans ma vie. J'ai vu le pays se déchirer, la folie, l'horreur de la guerre.

Des pères, des frères et des amis, se battant les uns contre les autres pour la gloire d'un meneur qui les fera retourner à leur vie misérable.

Et la Grande Guerre s'acheva dans un silence assourdissant. Et malgré toute cette horreur, une chose m'a donné de l'espoir. J'ai aperçu un autre monde où l'humanité rayonne intensément, émergeant des cendres de ces heures sombre.

J'ai passé les années suivantes à aider autant de gens que je pouvais à travers les quatres nouveaux pays. Puis je suis entré au service de l'Empereur Carmin. Grâce à lui, j'ai pu mener des recherche pour aider mon prochain au mieux et j'ai découvert la magie.

Je sors de mes pensées lorsque quelqu'un frappe à ma porte.

— Archimage Finnéas, vous êtes là ?

— Oui, entrez je vous prie.

Un jeune garde ouvre la porte et fait un pas dans la pièce.

— Sa Majesté Uldor vous invite à sa table.

— C'est très gentil à lui mais je me vois contraint de refuser: j'ai déjà mangé.

— je vais lui transmettre. Au revoir, Archimage Finnéas.

— Au revoir.

Je décide de partir du château avant que l'empereur fasse irruption dans mon laboratoire pour me forcer à venir à sa table. En sortant, je constate que la nuit tombe et décide de retourner à l'auberge.

En arrivant, je commande de quoi remplir mon estomac et m'installe dans un coin de la pièce. Je mange tranquillement mon repas et pars me coucher. Je fais un crochet par la chambre de Léod pour voir s'il est rentré mais je constate que ce n'est pas le cas. Je rentre dans ma chambre, révoque mon bâton et me met au lit. Je m'endors promptement, me reposant pour le long voyage qui débutera demain.

L'Archimage des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant