À peine sortis du bourg, Léod me regarde avec impatience. Je sors alors l'objet de sa convoitise de sous ma cape et, lorsqu'il le vois, la joie illumine son visage.
Il s'agit de l'épée bâtarde que je lui avait promis le matin même. Lors de nos emplettes, j'ai profité qu'il soit occupé dans un autre magasin pour filer chez le forgeron.
Je lui ai dit que c'était pour nous protéger et me donner le temps de lancer mes sorts. Mais c'est surtout que je ne veux pas qu'il soit blessé en cas d'attaque et qu'il puisse se défendre.
Il l'attache à sa ceinture et nous nous éloignons du bourg, commençant enfin notre périple en direction d'Aorenn, la capitale.
Nous rejoignons la route, un long trait fin, sinueux, entre forêt et plaine.
Le premier jour se déroule sans anicroches. Il fait beau, les oiseaux chantent et on s'arrête camper à la tombée de la nuit. Ce qui nous sert de tente n'est rien d'autre qu'un tissu auquel j'ai appliqué un sort de lévitation presque permanent.
Nous nous remettons en route et le second jour se passe tout aussi bien. Mise à part une attaque de brigands qu'on a vite mis en déroute.
Nous sommes donc au troisième jour de marche. La capitale n'est plus qu'a un ou deux jours et les discussions vont bon train. Nous marchons à côté d'une route censée être très empruntée mais nous n'avons croisé personne depuis hier.
Nous nous arrêtons finalement pour faire une pause et nous restaurer vers midi. Nous sommes assis, l'un en face de l'autre et Léod me pose des questions sur ma vie. Il est intarissable. À peine je réponds qu'il m'en pose une autre.
Mais, alors qu'il se prépare à me reposer une énième question, une forme sort de la forêt que nous avons longé et atterrit entre nous. Après avoir reculé, je me rends compte que c'est un énorme sanglier.
— F-Finnéas, c'est une bête démoniaque. Je sais pas si je pourrais la tuer, ou même lui résister.
Après une analyse magique poussée, je détermine que Léod est un peu plus fort que l'animal. Certes, c'est un démon, mais avant tout un sanglier, donc un animal.
— Léod, je t'assure que tu peux en venir à bout. Combat-le et gagne. Si tu es en difficulté, dis-le moi et je te donne un coup de main.
— Mais Finnéas, j'ai jamais fais ça, moi !
— Je ne me souviens pas que tu avais peur lorsqu'on s'est rencontré. Pourtant, tu étais beaucoup plus en danger. Et désarmé.
Suite à me paroles, Léod se ressaisit. Il affiche désormais de la détermination et une volonté de vaincre sur son visage. Il se met en garde face au sanglier et le regarde. Il examine chaque muscle, chaque mouvement afin de prévoir au mieux ce que va faire son adversaire.
Brusquement, le sanglier le charge. Mais au lieu de foncer bêtement, comme le ferait tout sanglier, il saute au dernier moment afin d'atteindre la tête de sa cible et non ses jambes. Mais Léod est plus rapide.
Il se décale sur le côté et, au moment où la tête de la bête démoniaque arrive au niveau de son épaule, il abat rapidement son épée, séparant la tête du corps du sanglier.
Une fois le stress, la peur et toute autre sensation négative dûe à l'apparition de l'animal retombée, Léod se tourne vers moi avec un léger sourire.
— Merci de m'avoir encouragé, Finnéas.
Il rengaine son épée après avoir essuyé le sang du sanglier sur les feuilles d'une plante se trouvant au bord de la route. Je le regarde faire, interloqué.
— Pour éviter que l'épée rouille, m'explique-t-il
— Je ne savais pas... Dis-moi, Léod, c'était bien une bête démoniaque ?
— Oui, pourquoi ?
— Depuis combien de temps la première est-elle apparue ?
— Environ trois mois
C'est grave. Très grave. En cassant la pierre bleue et en libérant la magie, j'ai aussi libéré un grand mal. Je l'ai nommé Le Fléau. Je l'avais déjà vaincu une première fois quand j'avais deux-cents ans. Les bêtes démoniaques étaient la première étapes du Fléau pour répandre le chaos.
— Léod, il faut presser le pas. Je dois voir le Roi. Au plus vite !
Et sans lui laisser le temps de répondre, je reprends la route en marchant plus rapidement. Je devais vaincre Le Fléau une seconde fois. À la tombée de la nuit, on dresse le camp comme à notre habitude.
C'est à la fin du quatrième jour que nous apercevont enfin la capitale. Nous nous hâtons encore plus et arrivons au contrôle. Nous faisons la queue pendant une durée interminable. Quand vient enfin notre tour, Léod me fait signe de le laisser faire lorsque le garde nous interpelle
— Halte ! Présentez vos papiers d'identité.
— Soldat Léod, commence mon compagnon, je dois délivrer une missive au Roi au plus vite.
— Soit, lui répondis le garde, mais cela ne vous exempte pas du contrôle. Quasiment rien ne le peut, alors vos papiers.
Je jette un coup d'œil à Léod, lui faisant comprendre que je vais jouer ma carte maîtresse. Je m'avance et tends le sauf-conduit délivré par Fulor au garde.
— C'est un sauf-conduit, tout ce qu'il y a de plus basique, lui expliquais-je. Et il est censé nous exempter des contrôles d'identité si je ne me trompe pas.
Le garde déplie le sauf-conduit et en parcourt le contenu. Il ouvre de grands yeux et nous demande de patienter. Il rentre dans le corps de garde puis en revient rapidement et nous demande de le suivre à l'intérieur.
Après m'avoir longuement dévisagé, il commence son interrogatoire.
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L'Archimage des Légendes
FantasyFinnéas est un mage qui n'a pas quitté sa grotte depuis plus de 300 ans à cause de sa puissance incommensurable. Cependant, cela va changer lorsqu'un jeune soldat s'introduit dans sa caverne pour s'abriter de la pluie. Après avoir été témoin de la p...