Date de publication: 19/06/2019
Chapitre 28(2): À cœur ouvert
- J’ai cru comprendre que tu avais une affection particulière pour cette résidence ? me questionna Noé d’une voix endormie.
Nous sommes allongés sur le dos, l’un à côté de l’autre, à fixer le plafond. C’est la première fois que l’un de nous parle depuis un long moment. Pour ma part, je me laissais bercer dans la douceur du moment, par nos respirations bruyantes et saccadées, et par les souvenirs du moment que nous venions de partager. Un sourire gagne mes lèvres malgré moi.
- Mes parents nous emmenaient souvent ici lorsque nous étions gamins. Dan et moi avions l’habitude de nous incruster dans les cuisines. Le chef cuisinier était un ange, après toutes les fois où nous lui avions volé de la nourriture, pas une seule fois il nous a dénoncé.
Je l’entends rire, et il se redresse pour me regarder. Il me prend la main et y dépose un léger baiser avant de répliquer :
- Tu volais de la nourriture ? Je t’avais toujours imaginé comme une gentille fille.
Je me colle à lui à mon tour, la chaleur de son corps me manque déjà. Pour le taquiner, je monte à califourchon sur lui, ce qui semble le surprendre car il ne fait que me fixer pendant quelques instants. Je dépose plusieurs baisers sur son torse nu, alors que lui me caresse les cheveux.
- Une gentille fille ? Je reprends d’un faux air scandalisé. Tu es bien la première personne à me qualifier de cette façon.
Je parsème son torse de baisers et remonte lentement vers son cou, puis sa mâchoire. Mon sourire s’élargit quand je l’entends déglutir, et sa respiration se faire de plus en plus en lourde.
- Hum-hum ? Répondit-il. Je te connais mal apparemment.
Je sens ses bras entourer mon corps pour me rapprocher davantage de lui. Je ne sais pas d’où me vient le courage de me comporter de la sorte avec lui, lorsque quelques jours auparavant, je ne faisais que de le repousser. Je ne le nierais pas, lâcher prise en ce qui le concerne me fait beaucoup plus de bien que je n'avais pu l’imaginer.
- Il va falloir que je rétablisse ma réputation alors. Je lui chuchote à l’oreille.
Je sens les mains de Noé s’agripper fermement à ma taille, et sans que je m’y attende et d’un mouvement rapide, c’est son corps qui est sur le mien alors que je me retrouve allongée sur le dos, et il m’emprisonne ma main valide au-dessus de ma tête.
- Ah oui ? Et comment tu comptes t’y prendre ? Me lance-t-il, un sourire vainqueur aux lèvres.
- Libère moi et tu verras. Je le mets au défi.
- Je dois avouer que ton assurance ne me laisse pas indifférent. Mais crois-moi, tu ne gagnerais pas à ce jeu avec moi.
L’ambiance légère devient de plus en plus chargée. J’ai un soudain désir pour lui, et mon corps réponds à ses caresses, ce qui le fait sourire davantage. Je remarque une lueur dangereuse dans ses yeux. Je ne suis apparemment pas la seule affectée par la façon dont il me touche.
- Tu veux parier ? Je réussis à demander malgré le fait que j’ai l’impression de perdre la raison.
Noé n’ajoute rien et se penche rapidement pour m’embrasser passionnément, me faisant perdre toutes envies de compétition pendant quelques secondes.
- J’y crois pas ! Vous avez couché ensemble !
La voix d’Eden me ramène brutalement à la réalité. Je prends du temps pour réaliser ce qu’il dit, et quand c’est le cas, je rougis surtout parce que j'ai eu l'impression qu'il a pu voir ce à quoi je pensais. Je remarque que nous avons déjà quitté notre arrondissement depuis bien longtemps, mais j’étais beaucoup trop prise dans ma rêverie pour m’en apercevoir.
- Quoi ? De quoi tu parles ? Je m’exclame d’une voix moins convaincante que je ne le voulais.
- Ça fait un moment que je te parle et je n’ai aucune réaction de ta part. Sans parler du fait que je l’ai vu rentrer dans ta chambre hier, et apparemment il n’en est pas sorti puisque sa voiture est toujours garée devant la résidence. Et à juger ton air rêveur…
- Je ne suis pas perdue dans mes pensées, je suis juste fatiguée. J’essaye de me défendre pathétiquement.
- Oui, parce qu’au lieu de dormir comme tout le monde, Noé et toi vous êtes amusés sous les draps.
- Eden ! Je m’indigne ce qui ne fait que provoquer un rire hystérique de sa part.
Un petit silence confortable s’installe à nouveau. Lorsque Noé est rentré dans ma chambre hier, je ne tenais qu’à lui parler, mettre quelques points au clair. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il s’ouvre à moi, qu’il soit aussi honnête et se montre aussi vulnérable. Je n’ai pas pu garder ma façade plus longtemps, j’avais ressenti le besoin de lui rendre la pareille, je lui devais au moins ça. Et puis nous avons couché ensemble. C'est arrivé juste comme ça. J’ai encore du mal à y croire. Jamais je n’avais pensé que nous franchirions ce cap lui et moi.
- Tu es amoureuse ?
La question d’Eden me prend au dépourvu. Je me suis certes admis mes sentiments, mais je ne les ai pas formulés à voix haute, je ne les ai pas même avoué à Noé. C’était juste bien de se retrouver dans ses bras, sans penser à tout le chaos qui nous entoure. Dans la nuit d’hier, il n’y avait que lui et moi, et c’était tout ce qui comptait. Je garde les yeux rivés sur la route mais je peux sentir les yeux de mon ami sur moi. Je pense qu’il comprend mon silence car il n’insiste pas.
- Est-ce qu’il sait qu’il était là pour faire diversion ?
Soudain, tout me revient. Je ferme les yeux, j’essaye de mémoriser son sourire, son air paisible lorsqu’il est endormi, j’essaye de me rappeler la façon qu’il a eu de me regarder comme si j’étais ce qu’il y avait de plus précieux au monde. Et je me sens mal, je me sens horrible. J’ai l’impression de m’être servie de lui. Non, je me suis servie de lui. Tu parles de confiance. Je déglutis avant de répondre :
- Non.
- Tu as fait le bon choix. Dit Eden, je suppose dans l’espoir de me rassurer dans mes peurs.
Mais ça ne m’aide pas, cette boule affreuse que je ressens au bas de mon ventre ne part pas. J’ai menti à Noé. Je lui ai menti, après le moment que nous avons partagé. Cela ne me semble pas du tout être le bon choix, bien au contraire. Et je ne peux m’empêcher d’appréhender le fait qu’il ne me croirait plus, pas même si je lui disais que tout ce que je lui avais dit dans la nuit d’hier était vrai, que tout ce qu’il s’est passé était vrai pour moi. On dirait que cette fois, je le perdrai pour de bon.
Lorsque Eden gare la voiture, je me force à revenir sur terre. On a une mission à terminer, et je ne vais pas laisser mes problèmes d’amour être un obstacle. L’endroit dans lequel nous nous trouvons ne m’est pas familier et est mal éclairé. Il n’y a absolument rien dans les alentours si ce ne sont des arbres et de hautes herbes desquels Eden se sert pour cacher notre véhicule. Il est à peine quatre heures trente du matin, et le froid et l’exhaustion ne m’aident pas à rester éveillée. Eden me guide vers une petite maison à peine visible dans le paysage, celle-ci se trouvant en plein milieu d’une forêt d’arbres. Il est habitué à l’endroit, c’est clair, il semble le connaître comme le fond de sa poche. Nous marchons silencieusement côte à côte, tous les deux perdus dans nos pensées.
- Tu crois qu’on va y arriver ? Je lui demande brusquement.
- J’en sais rien. Répond t-il. J’en sais strictement rien.
Après cela, nous restons encore une fois silencieux jusqu’à ce que nous arrivions devant la porte de la maison, sur laquelle Eden donne deux légers coups. Pas plus de trente secondes plus tard, quelqu’un vient ouvrir. C’est un visage que je connais pour l’avoir rencontré l’année dernière. Ses cheveux blonds, autrefois coupés à la garçonne, sont tirés dans une haute queue de cheval très sophistiquée mais elle n’est pas méconnaissable. Et je comprends enfin. C’est l’aide qu’Eden est allée chercher.
- Chiara. Je souffle alors qu’un sourire gagne mes lèvres.
- Salut Mila !
Je m’avance vers elle pour la prendre dans mes bras et par la même occasion, remarque le grand-frère d’Eden qui se tient à quelques mètres de nous et qui m’adresse un sourire. Eden et lui partagent une longue accolade. D’après Eden, Sébastien et lui ne se sont pas vus depuis des mois, par soucis de protéger leurs identités respectives. Chiara et moi restons un peu en retrait pour laisser un peu de temps aux deux frères. Je scanne l’intérieur de la maison, et pour la première fois, près de la cheminée, je remarque une femme qui garde les bras croisés. Je me souviens enfin de la raison pour laquelle on est là. Agnès. La sœur de Ferdinand. Une autre boule se forme dans mon estomac. Encore un ami à qui j’ai menti. Elle a les mêmes yeux bleus et la même chevelure blonde qu’Eden. Comme Amélia, je la trouve un peu maigre, les vêtements qu’elle porte semble bouffer son corps. Chiara me fait signe pour qu’on aille la rejoindre, et c’est ce que nous faisons.
- Agnès, je te présente Mila, l’amie de Ferdinand dont je t’ai parlé. Tu peux lui faire confiance.
- Quand est-ce que je peux voir mon frère ? Elle demande d’un ton détaché.
- Tu la verras dès que possible…
- qu'est-ce qui me dit que vous dites la vérité? J’ai passé la moitié de ma vie avec des gens qui utilisaient mon frère pour faire pression sur moi. Je ne pourrais pas vous faire confiance si vous faites la même chose.
Eden et Sébastien semblent aussi avoir entendu ce qu’elle a dit. Je leur adresse un regard rapide, ils semblent tous les deux réfléchir. Je me rends compte qu’elle a raison, nous ne sommes pas mieux que ces personnes contre qui nous nous battons si nous agissons de cette façon.
- D’accord. Je cède. On informera Ferdinand de la situation dès que possible, tu en as ma parole. Mais pas tout de suite, il y a des risques que nos communications téléphoniques soient surveillées.
Elle me toise longuement, et ça me stresse car je ne sais pas à quoi elle pense. Les yeux de Ferdinand sont beaucoup plus expressifs que les siens. Je suppose que passer des années enfermées au même endroit pendant aussi longtemps a ses conséquences. Elle est une autre Amélia. Encore une à qui on a volé le droit de vivre. J’ai une soudaine envie de la prendre dans mes bras. Et pour la première fois, je me rends compte à quel point je suis chanceuse de m’en être sortie, d’avoir pu prendre la fuite à temps. La grossesse d’Alycia est probablement ce qui m’a sauvée. Je vois cette période de ma vie sous un œil nouveau. Ce n’est plus un moment où j’ai fait du mal à ma famille, où j’ai foutu en l’air ma vie. Non, ça m’a aussi sauvée la vie.
- Amélia m’a demandé de te remettre cela. Dis-je, me souvenant tout à coup du collier en argent avec un pendentif en forme de papillon que cette dernière m’avait remis quelques heures plus tôt.
D’une main tremblante, elle me le prend des mains, l’air à d’être à bout de souffle. Je lui laisse le temps de le regarder, de se remettre de sa nostalgie. Et j’espère de tout mon cœur qu’elle va coopérer.
- La fuite d’Amélia a déjà fait beaucoup de bruits. Tes amis disent qu’ils veulent sauver les huit autres filles, comment vous comptez vous y prendre ?
Cette fois, c’est Eden qui prend la parole :
- Nous avons posté des personnes de confiance près des endroits concernés. Ils n’attendent que notre signal pour passer à l’action. On a à peu près une heure et demie pour faire partir toutes les filles. Dans toutes les maisons, les gardes se réveillent aux alentours de sept heures. Et comme on est supposé tous être à Camélias, aucun n’aura de raisons de se montrer méfiants. Mila a une sœur qui prendra son exacte routine pour faire tenir le leurre un peu plus longtemps. Nous nous sommes échappés à travers un passage que seule la famille de Mila connaît. Mais dans l’idéal, il nous faudra avoir sorti tout le monde avant huit heures si on veut garder l’effet de surprise.
- Vous avez dit qu’ils surveillent vos communications téléphoniques. Comment… ?
- On a pris nos précautions. Nouveaux téléphones et numéros, ligne sécurisée.
- Et vous, vous faites quoi pendant tout ce temps ?
- On a un ami à retrouver. Intervient Sébastien pour la première fois.Salut! J'espère que vous allez bien! Voilà la 2e chapitre. Je ne voulais pas le poster avec l'autre parce ça faisait trop long.
On approche à grand pas de la fin, je pense que c'est une bonne nouvelle parce que cette histoire aura bientôt trois ans, on y arrivera xDMerci de me suivre et de gros bisous à vous!
Love!
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PROMESSES (PIIL Tome 2)
Romance#t2 Patron incognito in love Mila est de retour à Paris auprès de sa famille qu'elle n'avait pas revu depuis des années. Elle est décidée à se faire une place dans un environnement qui lui est devenu étranger et à se battre pour rendre sa fille heur...