PROMESSES (PIIL Tome 2)

Chapitre 33

Date de publication: 16/11/2019

Chapitre 33: Guérison

Elle avait l'impression que cela faisait une éternité depuis la première fois qu'elle avait mis les pieds dans les couloirs de cet institut d'études supérieures. Cela ne faisait pas plus d'un an et pourtant tant de choses avaient changées. Tellement de choses s'étaient produites. Alors qu'elle arpentait les couloirs pour se rendre au bureau de sa responsable pédagogique, ses yeux restèrent longtemps sur le distributeur automatique. Le symbole du début de sa relation avec Enora. Son cœur se gonfla sous l'émotion, la nostalgie, un bonheur amer, le désarroi. Elle s'arrêta un instant, regarda derrière elle comme pour être sûre d'avoir de l'intimité et s'avança vers la machine. Elle y posa sa main. Elle avait l'impression de toujours entendre la voix d'Enora à cause de sa réaction excessive parce que la boîte de céréales qu'elle avait commandées refusait de sortir alors qu'elle avait déjà introduit une pièce d'un euro.

- Vous n'êtes pas du tout chanceuse. Ça n'arrive qu'une fois sur quatre.

Comme prise au dépourvu, Mila se retourna brusquement vers son interlocuteur. Elle était sûre de la connaître, son visage lui était si familier. Elle lui souriait d'un air bienveillant.

- Ça ne vous est jamais arrivé ? Questionna-t-elle en essayant d'être discrète dans son questionnement intérieur.

- Non, jamais. Rigola-t-elle, en secouant la tête.

Soudain, elle se souvint. C'était la femme qu'elle avait rencontrée au cimetière quelques semaines avant. Quelque chose en elle s'apaisa, elle en oubliait sa boule au ventre.

- Enora, c'est ça ?

Son sourire s'élargit.

- Vous vous en souvenez. Je marque rarement l'esprit des gens, j'ai l'habitude de me faire oublier très rapidement.

Mila voulut protester, lui dire combien ce qu'elle disait était absurde. Mais elle sentit que ce n'était pas utile. Elle était persuadée qu'Enora avait compris qu'elle pensait le contraire. Elle avait marqué son esprit à elle. Bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer.

Mila sentit ses yeux s'emplir de larmes alors que le visage souriant refusait de quitter son esprit. Que serait-il arrivé si elles ne s'étaient pas rencontrées ? Elle inspira profondément. Elle devait rester forte.

- Mila ! Je vous trouve enfin !

Elle s'essuya rapidement les yeux en entendant sa responsable pédagogique l'interpeller. Elle lui accorda son attention. Ses bras étaient chargés de dossiers et elle se battait pour ajuster son sac sur son épaule et dégager des mèches brunes de son visage. La maladresse d'Olivia, sa responsable pédagogique qu'elle appelait par son prénom en privé, enfin quelque chose de normal, de familier.

- Laissez-moi vous débarrasser un peu. Lui dit-elle en s'avançant vers elle. J'ai pas très envie de vous voir tomber. Ajouta t-elle, le rire dans la voix.

- Merci ma belle. Répondit-elle en la laissant prendre la pile de dossiers. On va discuter dans la salle de repos. J'ai enfin décidé de suivre votre conseil, je fais repeindre mon bureau à l'instant même.

Les deux femmes se dirigèrent vers la salle de repos, côte à côte. Mila garda le silence. Elle sentait qu'Olivia voulait lui parler d'Enora, lui présenter ses condoléances, mais elle n'en fit rien. Elle en était reconnaissante. Elle ne saurait quoi dire, ni comment faire pour ne pas éclater en larmes. Son stage était maintenant terminé, elle reprenait les bancs de l'institut, elle ferait tout pour que sa vie redevienne normale. Elle était Mila Richt, mère d'Alycia Carti qu'elle aimait plus que tout au monde, étudiante dévouée.