- chapitre 4

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- Tu as été formidable Soo ce matin ! me sourit une interne

Je lui jettai un rapide coup d'œil, avant d'abaisser légèrement ma tête en signe de remerciement. Je pris rapidement mes classeurs et mes feuilles colorées, avant de sortir d'un pas rapide de la salle. Un examen de réussi, et une potentielle amie de perdue, car mon esprit désire rester seul.

Je marchai entre les murs épais du bâtiment, balayant des yeux les sourires des internes rigolant entre eux, se donnant des tapes amicales dans le dos, suivit d'un rictus excité. Une fraction de seconde, je me sentis bête de ne pas être plus ouverte,une fraction de seconde, je voulus rire à leur côté, sans me soucier du passé ni du futur.

Je secouai la tête, à la vue de mes cahiers, de mes cours, poursuivant mon chemin. Je regardai ma montre et sortit prendre l'air pour sentir le vent contre mon visage, secouer les rêves dans ma tête et emporter mes désirs les plus chers. Je m'assis sur un banc marron, à l'allure ancienne mais malgré tout inspirante.

Un homme s'approcha de moi, un vieux bohnome à la figure ridée et au dos vouté. Toute son anatomie ne tenait qu'à une misérable canne et je fûs attristé par ce triste spectacle, il semblait fatigué et s'asseya à côté de moi, avant de s'essuyer le fond de sa main libre.

- Vous allez bien ? demandai-je en le regardant

Il tourna la tête vers moi avant d'hausser les épaules.

- Ça doit-être l'âge, rassurez-vous. assura-t-il

Je levai un sourcil, dubitative.

- Pourquoi êtes-vous ici dans ce cas là ? fis-je en m'adossant contre le banc

Il sembla ne pas comprendre la question, son visage commença soudainement à se tordre de douleur. J'ouvris grand les yeux et me précipita vers lui quand je vis qu'il tombait vers l'avant.

- Urgence ! criai-je en regardant les infirmiers sur le palier de l'hôpital

Je les vis courir vers moi, tandis que je mis le patient sur le côté, il avait perdu connaissance, je mis rapidement une main sur son cœur et mon oreille près de sa bouche. Il respirait encore et je soufflais de soulagement. Il fût rapidement embarqué sur un brancard. Je marchais avec vitesse à ses côtés, un problème de cœur, voilà ce que c'était, pensais-je.

- Il faut un chirurgien cardio-vasculaire, maintenant ! fis-je en regardant l'urgentiste

Celui-ci me regarda d'une manière aussi hautaine que méprisable.

- Tu ne prends pas les décisions, ici c'est moi l'urgentiste, il faut d'abord faire une oscultation, alors pars ! s'énerva-t-il

Je ralentissai, le toisant d'un air ahuri, comment pouvait-on être aussi stupide, me disais-je. C'est alors qu'avant qu'il ne passe les portes blanches que je lui attrapai la manche.

- Je vous conseille de prendre un putain de stéthoscope, si vous ne voulez pas une mort sur votre votre conscience. le fixai-je

C'était donc à son tour de faire les gros yeux. Je me retournai, je ne pouvais plus rien à faire, je n'abritais aucun quelconque pouvoir, or j'étais désormais bien inutile pour cet homme qui rencontrera probablement la mort si cet urgentiste ne se décide pas à mettre sa fierté de côté. Et c'est quand je vois ce genre de chose que je me dis peu importe le nombre d'études, le nombre d'heures à écouter des professeurs parler, le nombre de règles à mémoriser, un connard reste un connard et ce, même dans un hôpital.

Je m'arrêtai net, en voyant docteur Park marcher rapidement dans le couloir parallèle à moi. Je me précipitai vers lui, avant de marcher à sa vitesse à ses côtés.

- Docteur Park, est-ce que vous pouvez venir voir un patient en urgence ? demandai-je assez fort pour qu'il m'entende

Il fronça les sourcils avant de baisser la tête vers moi.

- Il est actuellement pris en charge ? questionna-t-il

Je baissai les yeux, une question pareille n'aurait pu venir que de sa bouche et malgré toute attente je n'avais aucun argument qui me venait à l'esprit dans la seconde.

- Oui mais l'urgentiste ne se rend pas compte qu'il-

Il s'arrêta brusquement, avant de fronçer les sourcils, il me détailla quelques secondes avant de relever de ses doigts l'étiquette sur ma blouse. Ses yeux me toisèrent.

- Kim Soo.. Apprenez à vous mêler de ce qui vous regarde, dans ce cas. me coupa-t-il

C'est ainsi qu'il partit, me laissant ici, au milieu du couloir. La bouche entre-ouverte, le regard glissant sur la carrure de ses épaules, je le regardai s'éloigner avec la gorge nouée par la haine. Je serrai à en trembler le tissu de ma blouse beige, j'aurais voulu l'étrangler mais je fis demi-tour car mon ego me criait qu'il avait malheureusement raison et que je devais me faire à l'idée de n'être encore qu'une interne.

Je me dirigeai vers l'ascenseur lentement, contrôlant ma respiration. Gardez son calme, levez le menton, ne jamais flanchir. Un jour, je serais au dessus que ce maudit urgentiste, et un jour je le prendrai par le col, et lui dirai que ce ne sera pas à lui de prendre les décisions.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le toit du batîment, et c'est près d'un arbre que je pris place. Il fallait que ma tension redescende, alors je regardais les ambulances s'enchaîner sur la route devant l'hopîtal. Je restai blasée jusqu'à ce qu'une silouhette que je pensais bien connaître se dessina devant l'établissement.

Docteur Park.
Encore lui.

Il m'énervait, autant qu'il puisse susciter mon admiration pour son travail. Je jalousai sa blouse blanche, sa démarche assurée et son autorité presque insolente. M'endormir en regrettant d'avoir laissé un mourrant entre les mains d'incapable me donnait tout simplement la nausée et ce fait s'illustrait comme un échec dans mon esprit. Je devais ne rien échouer.

Je devais tenir une promesse, une promesse d'adolescente immature et détérminée. Voilà ce qui pouvait me représenter, une fille qui ne se lève que pour répondre à sa promesse d'enfance, qui n'a qu'un seul réel objectif et qui n'aime pas être inférieur aux autres, et c'est en pensant ce genre de chosr que tout à coup, la personne prétentieuse n'était plus docteur Park mais bel et bien moi-même.

- Soo ! Docteur John veut te voir. fit quelqu'un derrière moi

Je me retournai et tombai nez à nez avec un visage qui m'étais totalement inconnue, je devinai à sa blouse beige qu'il s'agissait d'un interne. J'hôchai la tête et le remerciai rapidementavant de quitter les lieux, mais à peine allais-je franchir le pas de la porte qu'il m'interpella.

- Attends !

Je le regardai, attendant ce qu'il avait à me dire. Il était timide et je pouvais voir ça à son regard fuyant et à ses doigts jouant ensemble. Je n'aimais pas ça, car ça n'annonçait rien de bon.

- Je me demandais si on pouvait manger ensemble demain à midi.. demanda-t-il en passant une main derrière sa nuque

Je fûs comme bloquée sur place, je ne savais absolument pas quoi répondre. Je n'étais pas partie pour me faire des amis, ni m'attacher à qui que ce soit, alors presque à contre cœur je répondis.

- D'accord.

Paradoxe | P.JMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant