- chapitre 16

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Les rayons lumineux éclairaient la pièce d'une atmosphère jaunâtre. Docteur John se tenait là, le dos droit, devant le tableau immaculé. A ses côtés, de la même taille que la sienne, un squelette incolore manipulé par les mains liliales du chirurgien qui nous professait. Le silence qui flottait dans la salle était imperturbable. Nous busâmes les paroles de notre professeur comme s'il s'agissait d'une eau divine.

Mais j'avais beau me concentrer sur la figure concentré du médecin, sur sa bouche lisse qui nous prodiguait ce cours, sur ses mains qui articulaient les ossements fébriles de la silhouette près de lui, le visage hiératique de monsieur Park ne quittait jamais mes pensées. A aucun moment. Je trouvais même cela handicapant, à la longue. C'était quelque peu irritant d'être déconcentré par la luxure. Quelque peu frustrant d'être hanté par un être tel que lui.

- J'aimerais finir ce cours théorique sur une dernière chose.

La voix tout à coup sérieuse de monsieur John me poussa à lever les yeux vers lui. Quel fut ma stupeur quand je remarquai que son regard était rivé sur moi, comme s'il tentait de transpercer mes iris de les siennes. Je distinguai un léger rictus s'afficher sur ses lèvres et très vite, l'intégralité des internes se tournèrent vers moi, intrigués. Je fronçai les sourcils. Je n'aimais pas cela.

- Vous pouvez applaudir votre camarade Kim Soo qui a réussit son examen pratique ! j'entre-ouvris légèrement la bouche Félicitations.

Quelque personnes se mirent alors à applaudir, mais il ne s'agissait que d'une écrasante minorité. En effet, le reste des internes me regardaient d'un œil éminemment mauvais, prêts à en découdre à tout moment avec moi. Je déglutis nerveusement.

- Merci. Répondis-je à l'intention de mon professeur

Celui-ci m'adressa un léger signe de tête avant de regarder d'un geste vif les aiguilles mouvantes de sa montre. Il se précipita d'un pas pressé vers la sortie, saluant furtivement l'ensemble des élèves. Mais ceux-ci continuaient de me regarder. Je baissai la tête et fermai d'une vitesse affligeante mon manuel et ma trousse. Mais je réalisai bien vite, que j'étais la seule à ranger mes affaires. J'étais bien la seule qui provoquait la totalité du bruit qui résonnait dans la pièce. Je levai alors la tête. Les gens me fixaient, les bras croisés, comme si il s'agissait d'un procès dont ils étaient les juges.

- Alors ? Une blonde prit soudainement la parole Qu'est-ce que ça fait de passer sous le bureau ?

Malgré moi, malgré toute ma contenance, je lâchai abruptement mon ouvrage. Celui-ci s'écrasa brusquement sur le sol carrelé. La chaleur du soleil semblait avoir quitté la pièce, comme si celle-ci craignait la suite des évènements. La jeune interne me jaugeait avec sévérité, ses yeux verts me transperçaient véritablement, je ne distinguai aucune once de plaisanterie dans son regard, ni dans le regard de tout les autres. Elle pencha fébrilement la tête sur le côté, elle attendait une réponse. Oui, une réponse. Mais elle m'avait violemment arraché les mots de la bouche. Je sentis mes ongles déchirer ma paume.

Je ne savais pas quoi répondre. C'était vraisemblablement cela, le plus humiliant.

Je baissai une seconde fois la tête. Pour la première fois depuis longtemps, je fus incapable de me défendre. Mes lèvres tremblaient tandis que mes doigts se raccrochèrent à mon livre vulgairement tapis dans la poussière du carrelage. C'était outrageux et mortifiant. Je pris la sangle de mon sac dans ma main et leur tournai le dos avant de me diriger vélocement vers la sortie. Mais à peine eus-je le misérable temps d'accrocher la poignée que des doigts fins et agressifs vinrent agripper mon avant bras.

Paradoxe | P.JMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant