- chapitre 11

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Tu ne laisseras plus quelqu'un mourir..





Il y avait les courageux, les insouciants et les cartésiens. Tout ce que je sais, c'est que je fûs les trois lorsque je m'élançai vers cet homme s'étouffant misérablement dans son sang. Je distinguai dans les yeux de cette femme en rose pâle, une lueur rassurée traverser vraisemblablement rassurée. Le patient quant à lui, était difficilement maintenu par les fins bras de l'infirmière, il se mourrait dans son hémoglobine, il se mourrait dans l'essence même de sa vie et, cette ironie morbide me fit frissoner.

- Sa langue ! je m'exclamai en me rapprochant d'eux à vive allure


La blonde était si paniquée que ses doigts tremblaient comme des feuilles. Elle approcha minablement sa main du visage du patient mais plissait des yeux tant elle était effrayée. Voyant qu'elle ne réagissait pas aussi vite que l'urgence était importante, je la bousculai pour brusquement enfouir mon index ainsi que mon pouce dans la bouche agonisante du vieillard. Près de moi, je sentis la silouhette frissonnante et tétanisée de l'infirmière. Immobile, elle m'observait faire et je m'énervai.

- Cherchez de l'aide ! je lui jetai un regard alarmant

Elle s'activa dans la seconde tandis que je perdais mes moyens. Cet homme était atteint de l'hémoptysie, soit le fait de cracher du sang. Bien souvent à son plus grand malheur, ce signe désigne la sombre existence d'une maladie sévèrement grave des voies respiratoires. Autrement dit, je ne servais à rien dans ce misérable couloir à paisiblement lui tenir compagnie. Non, ce qu'il fallait c'était l'analyser au plus vite, mais si je prenais le risque de le relever seule, avec l'aide mon bras, je pouvais facilement aggraver son cas.


Tout ce que je pouvais faire, c'était éviter qu'il ne s'étouffe en posant sa tête sur le côté, permettant à son sang de glisser sur le sol, formant une flaque démoniaque qui me glaçait le sang. Je soufflai, je me sentis si inutile et puérile à minablement le regarder paniquer, tousser cet ignoble liquide rouge qui se reflétait avec dégoût dans ses yeux.


- Monsieur, il s'agit d'une crise passagère. Nous devons vite analyser vos voies respiratoires, je vais faire en sorte que vous ne vous étouffez pas.


Du coin de l'œil, il me jeta un regard terrifiant, ne me regarde pas mourir, ne me laisse pas crever voilà ce qu'il essayait de me dire. Et moi j'ouvris grand les yeux et j'avalai misérablement ma salive, impuissante face à ce cri silencieux qui exprimait son effroyable détresse.


Soudain, je tournai la tête à l'entente de rapides bruits de pas. Je reconnus la jeune infirmière et une femme à ses côtés. Elle portait une longue blouse blanche, celle que je rêvais d'un jour porter. Ses cheveux noués en une queue de cheval élégante dégageait son visage fin, semblable à une poupée de par son teint de porcelaine et ses grands yeux bruns. Elle s'approcha de moi et un infirmier ramena un brancard. Je vis les yeux de cette femme glisser sur ma personne avant de me parler sur un ton aussi froid que l'hiver.


- Pourquoi ne pas avoir essayé de le déplacer ? On a perdu du temps à cause de votre choix. elle me lança un regard dédaigneux


J'entre-ouvris la bouche, choquée par ses propos. Rapidement, je fronçai les sourcils avant de rapporter mon attention sur le patient tremblant. Je fulminai avant de vivement planter mes prunelles dans les siennes.



Paradoxe | P.JMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant