Paradoxe | P.JM

- chapitre 9

Je soufflai tristement, avant de sécher mes larmes du revers de la manche. Je venais tout simplement de fondre en pleures devant un de mes supérieurs. Je levai les yeux vers celui-ci et constatai qu'il me regardait toujours. Il m'avait offert ses bras pour misérablement sangloter le temps de quelques minutes, et je les avais acceptés.

- Je suis désolée.. murmurai-je

Il leva un sourcil, bougeant légèrement sa tête vers le côté, comme s'il cherchait à comprendre quelque chose. Pour ma part, je n'osai plus le regarder dans les yeux rien qu'une fraction de seconde. Une partie de moi fût soulagée, tandis qu'une autre était terrifiée à l'idée que quelqu'un m'ai vu aussi vulnérable et pathétique.

Soudain, un bip retentit. Mes yeux s'accrochèrent à son bracelet métallique. Il avait une urgence. Il devait partir, là maintenant. Et j'allais être seule. Quelque part ce n'était pas plus mal, mais mon inconscient me criait que ses bras me manquaient d'ores et déjà.

- Je dois y aller. fit-il

- Faites. souriai-je tant bien que mal

Pendant quelques secondes, il resta planté là. Il me jaugeait un moment, avant de doucement approcher sa main de ma figure. Je frémissai tandis qu'il rangea paisiblement une mèche de cheveux derrière mon oreille. Tout parraîssait si irréel, voilà que nous nous détestions presque et voici qu'il s'attarde sur ce genre de détails.

Puis, il tourna les talons. Après tout, nous étions au travail. Nous n'étions même pas collègue, il était mon supérieur.

Je restai un instant dehors, histoire que mon visage redevienne normal. Sans larme, sans pleure, sans rougeur, sans douleur. Un visage neutre, souriant par moment. Le visage de n'importe qui peut faire n'importe quoi. Je voulais être madame tout le monde sur qui on ne lève pas les yeux. Oui, je voulais disparaître aujourd'hui, pour une fois, je voulais être invisible.

J'ouvris la porte avant de marcher rapidement dans les couloirs. Je sursautai presque quand une main vint se poser sur mon épaule droite pour me faire arrêter. Je me retournai avant de tomber nez à nez avec l'infirmière de tout-à-l'heure.

- Excusez-moi.. elle semblait embarassée et passa une main dans sa nuque

- Pour ? demandai-je subitement

- Enfin, merci plutôt ! Vous avez pris de gros risques afin de m'aider et j'en suis à la fois flattée mais honteuse.. elle baissa les yeux

J'entre-ouvris légèrement la bouche, surprise. Je secouai la tête, remettant mes idées en place. Je plissai des yeux plusieurs fois avant de lui offrir un fin rictus.

- C'est normal, je vous en prie.

Soudain, elle me prit les mains et me fixa avant des yeux brillants, pétillants. Ses cheveux chataîns ruissellaient le long de ses épaules tandis que son teint caramel apportait un peu de soleil dans ce couloir pâle. Son nez retroussé pointé vers moi me fit m'attarder sur ses pommettes rougissantes enjolivées par quelques tâches de rousseur. Cette fille était tout simplement magnifique, comment n'avais-je pas pu le remarquer avant ?

- Je vous offre le café ! elle s'exclama

J'entre-ouvris la bouche, surprise. Depuis mon arrivée dans cet hôpital, jamais personne ne m'avait regardé comme ça. Il y avait dans ses yeux, une admiration qui scintillait en son sein.