Mes parents sont morts dans un accident de voiture alors que mon fiancé conduisait. Ce jour là j'ai perdu trois personnes, les plus importantes de ma vie. Celles qui donnaient un sens à ma vie. Mes parents ont laissé derrière eux, des dettes. Les personnes à qui mes parents devaient de l'argent n'ont pas réellement cherché à comprendre, étant le seul lien qui les liaient à eux, je suis évidemment l'unique à pouvoir renflouer leur caisse. J'ai tout quitté pour pouvoir y remédier. J'ai deux jobs qui me permettent de payer tous les mois un peu. Chanteuse la nuit, caissière le jour.
Tous les jours, j'essaie de ne pas en vouloir à mes parents. Tous les jours je me rappelle qu'ils ont un jour également tout donné pour moi. Lorsque l'on a tout, on apprend à partager et lorsque l'on a rien on apprend à s'en passer. J'ai toujours appris à m'en passer. Si Isabella se retrouve dans mes chaussures aujourd'hui c'est que sa vie n'est pas si agréable, et ce malgré tout l'argent et la notoriété qu'elle a.
Rien n'est facile pour personne. Rien n'est donné. Je souhaite qu'une chose c'est retrouver mes parents et mon fiancé. Les revoir, quitter cette misère interminable. S'il vous plait. Qui que ce soit, rendez ce corps à cette jeune fille, facilitez-lui sa vie et laissez-moi partir.
Une bonne fois pour toute.
*
J'ai cru pouvoir remédier au problème en souhaitant inverser les choses. Pourtant, au profond de mon être je savais qu'il y avait quelque chose à apprendre d'une situation pareille. Je ne sais pas ce que le destin me veut, si c'est Isabella alors ça sera elle. Et si on se retrouve toutes les deux dans cette situation c'est qu'on a plus de chose en commun que prévu. Son monde j'ai réussi à l'apprivoiser en une petite semaine. Grande héritière d'une famille de renom. Voilà qui est Isabella. En une semaine, j'ai épluché les sites internet pour comprendre qui est-ce que je serai pour les prochains jours. Elle a grandi à l'étranger, parle sept langues différentes dont le russe et le mandarin. Son auteur préféré a un nom qui est impossible à prononcer et ses parents l'ont également quitté. Sauf, que pour elle c'est encore frais. Ça s'est passé il y a trois semaines, je crois que c'était une semaine avant ce qui nous est tombé dessus. Un accident de voiture paraît-il. Comme moi. Comme mes parents. Tant de circonstances qui me laisse à croire que nous sommes destinées à nous croiser et peut-être même pour une durée indéterminée.
« Sois souriante, tout ira bien... »
Julie, la manager d'Isabella est un vrai chef d'orchestre. Elle fait tout pour moi, du moins pour celle dont j'occupe le corps. Elle est perfectionniste, tout doit être chronométré à la seconde près. Je pose pour un magasine. Je ne sais pas pourquoi mais Isabella m'a expliqué que c'était les procédures de bases. Depuis l'accord que j'ai signé pour elle, on se parle quasi deux fois par jour. Le matin et le soir. De son côté, elle a également pris ses repères et ma vie de petite pauvre l'amuse comme une dinette sur pattes. Je sais que ça ne l'enchante pas vraiment, mais si nos corps ne se sont pas inversés c'est qu'elle bloque le changement également. Elle a peur de quelque chose et j'ai du mal à comprendre de quoi. J'affiche un petit sourire forcé à Julie pour qu'elle me lâche un peu. Arrivée sur place on s'occupe de moi très rapidement. Mais lorsque je me retrouve devant les flashs et les appareils photo professionnels je perds tout mon calme. Je suis stressée alors que je tente de montrer tout le contraire. Les premiers flashs retentissent et je plisse les yeux. Je ne suis pas à l'aise, je n'ai jamais été à l'aise face à autant de regards. Ne vous méprenez pas, Isabella est magnifique, elle a un corps digne des grands mannequins, un visage doux, une peau bronzée et des yeux verts qui vous percent le cœur. Je sais qu'elle rendra bien sur les photos mais les photographes ne semblent pas satisfaits. Après tout je suis autant crispée que lorsque je fais des photos d'identité. Julie arrive à ma hauteur pour me sauver.
« Je sais que c'est pas facile, mais il leur suffit d'une prise et on remballe tout, promis. »
Son sourire chaleureux me va droit au cœur. C'est une fille bien Julie, elle fait son taffe sans rien me reprocher alors qu'Isabella n'a pas l'air d'être facile tous les jours.
Je m'installe confortablement sur le tabouret et relève la tête pour croiser le regard de Julie. Mais lorsque je l'aperçois de dos, ce sont les prunelles d'un rappeur qui me percent. Je le vois me sourire et terminer sa discussion avec Julie. Qu'est-ce qu'il fait là. Ce n'était pas prévu. Julie a dû manigancer la rencontre. Je suis loin d'être à l'aise et avec son regard sur moi c'est pire. Le photographe tente d'attirer mon attention et par politesse je le regarde avec un sourire forcé.
« Je ... je suis désolée c'est juste que ... je ne suis pas ... à l'aise ... » que je me tente à avouer.
Julie reporte son attention vers moi, Tarik jette de petits coups d'œil sur la scène entre deux textos. Le photographe fait signe à Julie et je descends du tabouret. Elle m'emmène à l'abri des regards.
« Il faut que tu laisses les choses se faire naturellement. Tu veux faire une pause ? » je fais non de la tête alors que Tarik nous interrompt.
Tarik: « Laisse je vais lui parler. » Julie nous quitte et nos regards se croisent.
« Salut. » que je lance en premier.
« Tu vas bien ? » j'hoche la tête et me triture les doigts. « T'es pas obligé d'faire ça tu sais... »
« C'est déjà fait, je veux pas leur faire perdre leur temps. Ils sont là, autant en terminer. Mais j'y arrive pas... c'est pas moi ça... c'est ...»
Tarik: « Alors fais les choses comme toi tu les aurais faites. »
Je le regarde un instant, au final ce qu'ils veulent avoir c'est une photo d'Isabella. Pas une photo d'elle tirée à quatre épingles. Ce qu'ils veulent c'est la savoir en vie, tenant le coup. Personne n'est aussi bien habillé après des funérailles. Personne.
Moi : « Passe-moi ton sweatshirt... »
Tarik : « Pardon ? » dit-il en rigolant. « Tu grilles pas un peu les étapes par hasard ? J'suis pas un gars facile si tu veux me déshabiller faut me séduire Bella... »
Sa remarque me fait sourire mais je sais parfaitement qu'il a compris où je voulais en venir. Il retire son sweatshirt et remet sa veste en jean sur son t-shirt noir qui bizarrement lui colle parfaitement au corps. Mes hormones de jeune adulte jouent avec mes nerfs. Je secoue la tête attrape son sweat et l'enfile sur la robe.
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ASTRES (PNL)
RomanceBahia a tout, sauf une vie facile. Cliché vous dites et pourtant c'est bien le cas. Depuis deux ans, après la mort de ses parents et de son fiancé, elle se bat contre la réalité. Sa réalité. Les dettes de ses géniteurs et la vie dure que lui mène ce...