❃ SEPT ❃

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Après l'annonce de notre « couple », les réseaux se sont déchaînés. Je me suis attirée la foudre des jeunes filles qui rêvaient se voir un jour épouser Tarik, l'énervement des p'tits bourgeois qui refusaient de voir une fille « aussi bien éduquée » avec un type comme lui. D'autres crient au scandale. Bref. Pleins de choses auxquelles je ne fais pas attention. Ça ne m'atteint pas réellement puisque je ne suis pas vraiment Isabella. Ce qui me peine, c'est cet accord. Tarik n'est pas au courant, pris par les sentiments il a accepté. Les frères ne manquent pas d'argent, mais j'imagine qu'ils hériteront d'une vraie fortune.

Nabil est sous mes yeux, il discute avec Amira qui semble énervée. Je ne rentre pas dans leur histoire mais leur couple est à mourir d'amour. Tarik ne tarde pas à arriver. Il me sert la main et me fait un signe de tête. Ce soir ils ont un petit showcase. Pour plus de crédibilité à partir d'hier, on sera désormais l'un sans l'autre. Toujours ensemble. Je n'aime pas trop les événements du genre. Ceux où il y a trop de monde. Les amis des deux frères affluent rapidement. Par respect ils ne s'attardent pas trop sur moi. Lorsqu'un d'entre eux filme, Tarik pose sa main sur ma cuisse. J'imagine qu'il veut juste paraître crédible. Je suis d'un coup tellement gênée. Tellement que je bois cul sec le verre de Tarik. Je me crispe et tire une sale tronche. Ce n'était probablement pas du soda. J'entends Tarik rire alors qu'il me reprend le verre des mains.

Tarik: « Tu fêtes quoi ? »

Moi: « Hum... pardon ? »

Il rit encore plus fort. Mais entre la fumée de leurs joints et la boisson je ne comprends pas la moitié de ce qu'il se passe. Un type sert Tarik et je le regarde boire dans son verre. Je lui fais signe de me passer son verre. Son sourire charmeur me fait complètement fondre. Je passe mes doigts autour de son verre mais il le tient fermement en me regardant.

Tarik: « Doucement bambina, une gorgée et tu m'rends le verre, ok ? »

Moi: « Ok bambino... » dis-je en buvant une gorgée mais dès qu'il tourne la tête j'en bois plus que prévu.

Il sourit et récupère le verre. Sans surprise son verre est quasi vide mais ça ne le dérange pas plus que ça.  Il termine le verre et tire une taffe sur son joint. La pièce qui était bondée se vite d'un coup et je me retrouve seule avec les deux frères. Ma vision est floue, mes doigts sont cramponnés au bras de Tarik. J'ai du mal à revenir à la raison.

Nabil: « Elle est complètement déchirée... tu l'as laissé boire ? T'abuses ! »

Tarik: « Elle a à peine bu pourtant... » je les entends exploser de rire.

Nabil: « J'vais voir avec Amira si elle peut rester avec elle. »

Leurs mouvements me paraissent si lents, que j'ai du mal à comprendre ce qu'ils font. La seconde qui suit, je suis complètement écroulée contre le canapé.

*

Tarik: « Merci t'assure je vais la déposer. »

Amira: « Bonne soirée fais attention à elle. »

Mon corps est soulevé et je reconnais l'intérieur de la jolie voiture de Tarik. Mon état me donne comme l'impression que le temps vole. Parce qu'en un rien de temps je suis sur le lit du rappeur.

Moi: « Au dd.... jgdjvfukjourdgoplfj devant ton bébé... » je me lève et me mets à danser en répétant le peu de paroles que je connais de ce son. « Mon cœur fait oulalala... crime passionnel à l'ammoniaque ... j'suis mélangée bougnoule il veut que j'le keeennn... » Je monte d'un coup sur le lit, alors que les paroles me paraissent correctes Tarik se retourne vers moi. « Au dd jghfklugkljdfj mon bébé... »

Mon regard croise celui de Tarik qui explose de rire. Je l'entends et j'ai l'impression qu'il ne s'arrête plus. Il est à la limite du malaise et je crois que ça me vexe. Parce que je descends du lit et je le confronte. Un doigt pointé vers lui.

Tarik: « Fais gaffe tu m'fais peur. » dit-il en explosant à nouveau de rire.

Mon moi intérieur complètement ivre est perdu entre s'énerver et s'écrouler de fatigue. Mais c'est la deuxième option qu'il décide de choisir. Je tombe dans les bras du rappeur qui me rattrape dans ma chute. Ce n'est que le lendemain matin que je me réveille la tête en vrac et un mal de crâne horrible.

Tarik est couché à mes côtés, torse nu les cheveux en pagaille. Quand je jette un regard sur ma tenue je sors du lit dans un bond. Pourquoi est-ce que je porte seulement le t-shirt de Tarik et que je suis en petite culotte.

Tarik: « Relax il s'est rien passé... » il se retourne et se couvre le visage pour continuer sa nuit de sommeil.

Moi: « C'est toi qui m'as... »

Tarik: « T'as vomis sur tes vêtements j'allais pas te laisser nager dedans... » il retire la couverture de sur son visage et pose son regard sur moi. Ses yeux détaillent mon corps et plus particulièrement mes jambes avec un petit sourire en coin. « Recouche toi, j'imagine pas la migraine que tu dois avoir... »

Cet imbécile a raison. J'ai très mal et j'ai du mal à me souvenir de la soirée d'hier. Comme conseillé je me recouche sur le lit et tente de m'éloigner le plus de Tarik.

Tarik: « Rappelle-moi de ne plus jamais te laisser boire... »

Moi: « J'ai quoi ?!! »

Tarik: « T'as insisté, je pouvais pas refuser tu m'as sortie tes jolis p'tits yeux et t'as fait la moue. J'suis qu'un homme, faible. »
Moi: « Salaud ! »

Je le vois se retourner vers moi et me regarder dans les yeux.

Tarik: « Pardon ?! »

Moi: « Désolée je ne suis qu'une femme, impulsive. » dis-je en le recopiant.

Après tout, les mauvaises excuses étaient bonnes à sortir. Tarik me sourit, amusé par la situation.

Tarik: « T'as de la répartie j'aime bien. »

Je hausse les épaules mine de lui dire que j'étais déjà au courant. Cet abruti me pousse hors du lit pour que je tombe et me mange le sol. Quel connard ! Je me relève avec mal et lui jette le premier coussin que j'arrive à attraper. Je m'apprête à répliquer quand il se lève à son tour et se met devant moi. Torse nu il est tellement plus beau. J'ai du mal à me concentrer et je crois qu'il le remarque.

Tarik: « Demain on a un concert à Londres, tu veux venir ? »

Je fais non de la tête par réflexe. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je refuse alors qu'au final ce n'est pas grand chose. La Bahia en moi aurait rêvé dire oui. Je n'ai jamais été aussi loin que ma petite ville du sud. Et là c'est un peu ma chance de visiter.

Tarik: « C'est toi qui vois. » il me quitte et j'imagine qu'il entre sous la douche puisque quelques secondes après j'entends le jet d'eau.

Il faut que j'en parle avec Isabella. Je ne sais pas si je suis autorisée à quitter le territoire français au vu des événements. Et par événements je parle de cet échange de corps inopiné.

Je le laisse sous la douche et je cours me préparer un petit déjeuner. J'ai une faim de loup. Le corps d'Isabella ne stock rien pas même la nourriture. Pas étonnant qu'elle ne tienne pas l'alcool. Je mets la télévision et je déguste mes céréales devant un épisode de Dora l'exploratrice. Un passage me tord de rire, parfois je peux vraiment être une enfant dans un corps d'adulte. Tarik s'installe à mes côtés et me pique le bol de céréales. Je jette un coup d'oeil vers lui et me rend compte qu'il est en serviette le corps mouillé. Mon Dieu, tuez moi. C'est de la pure torture d'être à côté de cette chose sans pouvoir regarder ni toucher.

Tarik: « Je rêve ou tu me mates ? »

Moi: « Quoi ?! N'importe quoi... » dis-je en levant les yeux vers le ciel.

Mon attention se repose sur la télévision pour ne pas qu'il me sorte une nouvelle bêtise du genre. L'atmosphère est super gênante, on est tous les deux à moitié à poil devant un dessin animé. Cet imbécile termine le bol et me le tend comme pour me dire d'aller lui remplir un second bol.

Moi: « J'suis pas ta bonne ... » je croise les bras sur ma poitrine en le défiant du regard.

Tarik: « Non mais t'es ma copine ... »

Moi: « Que sur papier... »

Tarik: « On va se marier ... » dit-il en s'approchant de moi.

Moi: « Pour de faux... »

Tarik: « Je compte pas t'épouser si tu me promets pas une progéniture. C'était l'accord... »

Moi: « Y'a pas mal de moyen pour tomber enceinte sans se toucher de nos jours... »

Tarik: « Hors de question que mon gosse sorte d'un tube... »

Cette discussion devient gênante. Et plus je lui réponds et plus il s'approche de moi.

Moi: « Tout ça pour des céréales ? »

Je le vois hausser à son tour les épaules. Qu'est-ce qu'il m'agace celui-là. Il a gagné la bataille mais la guerre n'a pas encore de vainqueur. J'attrape le bol et vais lui remplir avec des céréales. Quand je reviens, je l'entends parler au téléphone. Avec une femme. Peut-être est-ce la même que l'autre fois. Je ne sais ps. Je suis partagée entre écouter et porter mon attention sur autre chose. Mais je peine à faire preuve de maturité. Pour dire vrai, ça m'agace. Ça ne devrait pas mais ça m'énerve. J'aime pas cette idée qu'il est en train de parler avec une autre femme. Le ton ne monte pas mais la voix de Tarik reste ferme et autoritaire. Il lui demande d'arrêter de faire son cinéma et qu'entre eux ça n'aurait jamais fonctionné. Il raccroche et me jette un coup d'oeil. Je suis là le bol de céréales dans les mains, écoutant ce qu'il raconte. Je dois bien avoir l'air bête. Le rappeur ne réfléchit pas vraiment et me prend le bol des mains.

Tarik: « Merci bambina. »

Je lui sourit alors que je meurs d'envie de lui poser la question. Je me mords la langue mais c'est plus fort que moi.

Moi: « C'était qui ? »

Ma question ne semble pas le surprendre et pour la peine, je ne l'avais pas quitté du regard.

Tarik: « Une fille... »

Moi: « Et ? »

Je le vois sourire mais moi ça ne me fait pas sourire. Je ne sais pas ce qui me prends mais j'essaie de me trouver des excuses et de me dire que je tâte le terrain pour Isabella.

Tarik: « C'est une fille que j'ai fréquenté y'a un moment. »

Moi: « Et ? »

Cette fois-ci il rit de bon cœur. C'est pas méchant mais il vient de tâter ma curiosité.

Tarik: « T'es jalouse ou t'es juste naturellement curieuse ? »

Moi: « Moi jalouse ?? Pff n'importe quoi. Je fais juste attention à ta part du contrat. »

Tarik: « Ne t'inquiète pas pour moi va. Je devrais m'inquiéter de ton p'tit fiancé peut-être ? »

Nabil le salaud a vendu la mèche. Ça ne m'étonne pas, après tout ils sont frères et cet accord peut les faire couler ensemble. Instinctivement je me referme sur moi même. Ce sujet est tabou même avec Bilal je n'en parle pas.

Moi: « Y'as pas de quoi s'inquiéter... »

Tarik: « Ah bon et qu'est-ce qui peut me le garantir ? »

Moi: « Son acte de décès pourra te le garantir... » finis-je par dire avant de me lever pour aller prendre une douche à mon tour.

De là où je me tiens Tarik ne dit plus grand chose. Du moins je ne lui laisse pas le temps d'en placer une. Parce que je me douche et je quitte rapidement sa maison pour retrouver celle d'Isabella.

Je me déteste quand je suis comme ça. Mais c'est plus fort que moi. Mon esprit ne cesse de revenir le jour de leur mort et ça me ronge de l'intérieur. Le problème c'est que c'est Bahia qui s'est ouverte aujourd'hui pas Isabella. Et j'ai bien peur que ça ne pose problème à l'avenir.

ASTRES (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant