Chapitre 13

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La nuit fut agitée et mon sommeil trouble par des rêves dont je ne me souvins pas au réveil. Je n'avais pas réussi à dormir plus d'une heure d'affilé, ne cessant de m'éveiller pour me rendormir, que ce soit tout de suite ou après un temps plus ou moins long. Entendre mon réveil se manifester me soulageai, même si je n'étais pas pressée de vraiment me lever. J'avais faim, sans trop savoir de quoi, sentant mon estomac se plaindre autant que ma gorge ne me brulait. Cependant, avant de faire quoi que ce soit, j'allai prendre une douche qui me réveilla, et me remis un peu les idées au clair tout en les embrouillant un peu plus.

Évidemment, c'était sans compter sur la présence d'Elyss dans le salon, quand je m'y rendis. J'évitais de le regarder, sans trop savoir que faire ou que dire. Sans pouvoir en être certaine, je me doutais qu'il n'était pas totalement à l'aise non plus. Dans tous les cas, hormis une vague salutation, il ne décrocha pas un mot. C'était gênant, ce qui arrivait très rarement, je n'en avais pas de raison habituellement. Cela n'empêcha pas que ce fût une sensation assez désagréable. Manger m'apaisa légèrement et calma ma faim, mais j'étais toujours aussi tendue, l'esprit ailleurs.

Nous partîmes comme nous en avions déjà pris l'habitude, mais l'atmosphère était bizarre, entre Elyss et moi, c'était difficile à supporter. Je n'étais pas la seule à le penser, visiblement, puisqu'à environ mi-chemin, Elyss, qui était un peu devant moi, s'arrêta. Je ne l'imitai pas tout de suite, mais seulement quand il prit la parole.

— Je crois qu'on devrait en parler.

Il se tourna un peu pour me faire face, mais son regard fuyait plus que de coutume, et je n'arrivais pas non plus à le soutenir quand lui en faisait l'effort. Il avait raison, mais je ne savais pas si j'étais capable d'en parler. En tout cas, pas pour le moment. Je n'eus aucun besoin d'énoncer une réponse qu'il lâcha :

— Si ça peut te rassurer c'est aussi gênant pour toi que pour moi. Mais ça ne va pas être possible si on continue comme ça.

C'était évident que le quotidien allait devenir insupportable si cette distance restait là. Et j'avais toujours été si habituée à un Elyss embêtant et léger que le sentir dans cet état était trop perturbant. Je dis alors, pas très à l'aise :

— Je ne sais pas quoi faire. J'ai envie de ne pas trop repenser a hier, mais c'est compliqué...

— Je sais, c'est pareil pour moi. Mais pour être honnête, je pense qu'on n'a pas à cesser d'y penser. C'est peut-être inhabituel, mais ca ne doit pas nous changer, alors reste comme tu l'as toujours été, et je ferais de même.

Je levai les yeux vers lui, vers ses yeux bleus qui, à présent, ne déviaient plus. Moi non plus je ne baissai plus le regard. Malgré tout, je savais que je serais toujours préoccupée par ces sensations fantômes de ce que j'avais fait la veille. Je pouvais encore sentir le goût du sang dans ma bouche, c'était ça que je voulais essayer d'oublier, plus que le fait de l'avoir mordu. Ça, ça m'avait semblé naturel. Peut-être un peu trop mais ça ne me dérangeait pas, pas autant que je l'aurais dû.

Elyss me questionna :

— Est-ce que ça va, pour toi ? Je veux dire... Au niveau... Soif.

— Ça va. Je crois que ça va. Mais je ne sais pas si je saurais résister la prochaine fois.

— Tu sauras. Tu l'as toujours fais jusqu'ici, tu continueras, et tu resteras libre de choisir en toute lucidité de si oui ou non tu veux le faire.

Un sourire bienveillant était apparu sur son visage, loin de son expression préoccupée qu'il avait eu depuis la veille, quand il est sorti de la chambre. Il détourna alors un peu le regard en ajoutant plus bas :

Vampire Hunters (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant