Chapitre 12

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Sur son trône, il se tenait, fier. Il imposait le respect, rien que par sa simple présence. Pour rien au monde la jeune femme n'aurait échangé ce moment avec quelqu'un d'autre.

Tout à coup, le souverain détourna son regard. Par réflexe, Caroline voulu détourner le sien ; mais ce fut impossible. Son cœur s'emballa dans sa poitrine.

Deux yeux bleus comme le ciel la regardaient. C'était comme si le temps s'arrêtait, comme si rien n'existait autour. Le seul réflexe qu'elle eut, ce fut de sourire. Il fit de même.

Elle remarqua qu'il avait quelques petites taches de rousseurs sur ses joues, presque invisibles. Ramsès II était roux. Elle l'avait appris, dans ses livres.

Puis, le souverain détourna son regard presque magnétique et Caroline revint brusquement à la réalité.

Ramsès II l'avait vu, il lui avait souri. Elle l'avait vu. Vivant.

« C'est une grande chance que tu as, Caroline. »

La jeune femme sursauta. Puis, elle se rappela que c'était Atshet qui lui parlait.

« Mais comment a-t-il fait pour me voir ? » demanda-t-elle.

« Je te rappelle que tu n'es plus Caroline, mais Méreret. Que tu t'es introduite dans l'histoire passée. »

« Oh, c'est vrai, j'avais oublié. »

« Je vais te conduire à un autre endroit. »

De nouveau, elle fut transportée dans un tourbillon invisible.

Elle arriva dans une nécropole. Des torches illuminaient l'endroit. De délicieuses odeurs flottaient dans l'air.

Dans une grande cour se dressait un grand banquet. On voyait des femmes danser et chanter, jouer de la lyre et taper avec énergie sur des tambourins. On buvait et on mangeait tous ensemble.

Caroline eu grandement envie de s'asseoir à leurs côtés.

« Vas-y, si c'est que tu souhaites. » murmura Atshet.

Alors, Caroline s'avança.

Un égyptien l'invita à s'asseoir. Étonnamment, Caroline comprenait tout ce qu'il disait.

- Veux-tu boire un verre de bière avec nous ? C'est ma femme qui l'a préparée.

- Je veux bien.

- Je suis Nakhtmin. Et toi ? Quel est ton nom ?

- Méreret.

- Sois la bienvenue, Méreret.

Il la présenta aux autres convives qui s'empressèrent de la saluer.

Caroline se sentait bien avec eux.

Soudain, elle vit au loin deux formes. Elle tourna la tête et les vit tous les deux. Atshet et Âmosé. Ils se tenaient la main, l'un contre l'autre.

A regrets, elle prit congé de ses nouveaux amis et se dirigea vers eux.

« Nous ne te reconnaîtrons pas, car nous sommes tous deux une image du passé. » la prévint Atshet.

Alors, Caroline alias Méreret les suivit discrètement.

Au loin, elle entendit des chanteuses agiter leurs tambourins. Elles chantaient des louanges à la vie terrestre.

Dans les allées de tombes, Caroline voyait des femmes, des hommes et même parfois des enfants poser des offrandes.

Devant elle, elle vit Atshet et Âmosé se diriger vers un grand tombeau.

« Nos deux familles reposent ici. A chaque Fête de la Vallée, nous nous y rendions, Âmosé et moi. » Dit la voix d'Atshet.

Âmosé prit la main de son épouse, et, ensemble, ils déposèrent un panier d'offrandes devant les statues funéraires de leurs parents. Ils restèrent là, quelques instants, seuls, dans le silence.

Caroline ressentit un pincement au cœur.

Les deux époux sortirent de la tombe et partirent de nouveau se joindre à un banquet.

Caroline resta devant la tombe, incapable de bouger. Soudain, elle remarqua quelque chose qui se détachait dans la nuit.

Un chacal vint près d'elle. Étonnée qu'il n'ait pas peur d'elle, Caroline caressa sa fourrure. C'était agréable, doux et chaud.

L'animal se coucha à ses pieds et Caroline sentit ses yeux se fermer petit à petit.

A son réveil, elle était de nouveau dans sa chambre ; il faisait encore nuit. Épuisée, elle plongea dans un sommeil sans rêve.

Sous le sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant