Inébranlable (T3 AVIFic - BxB)

Chapitre six

PDV REX.

Une chose que je n'avouerai jamais non plus, c'est bien la jalousie et le sentiment de rejet que je ressens lorsqu'Alastair rentre chez lui. C'est ridicule. Il connaît ses colocataires depuis son arrivée à Cambridge et aucun d'eux n'est gay. De plus, je n'ai plus besoin de preuve pour savoir qu'il m'aime et qu'il ne veut pas d'autre mec dans sa vie. Mais quand même. Mon esprit ne veut rien entendre de ce raisonnement logique. Pour lui, le risque zéro n'existe pas.

Aujourd'hui, Alastair joue son premier match depuis note phase chaotique. Pour l'occasion, je m'installe dans les gradins. Il n'y a pas encore grand monde, je suis en avance. J'ai conduit ce matin en sa présence. Juste un petit tour de la ville avec le 4x4 puis un plus grand avec la coupée sport. Ça fait un bien fou de sentir les pédales sous ses pieds et d'avoir le contrôle. C'était vivifiant. Je suis donc venu seul ce soir et bien évidemment, pour être sûr d'être bien placé, j'ai joué les groupies et je suis arrivé tôt. Plusieurs petites bandes sont déjà installées.

En attendant que le match commence, je surfe sur internet tout en laissant mon esprit vagabonder. Je n'ai toujours pas trouvé le défi à lui donner. Au final, ce jeu empiète totalement sur la liste des choses à faire que j'avais prévue. Enfin, presque, puisque j'avais soumis certaines idées à Abby et, au final, elle n'a rien oublié. Demain, nous allons donc au bowling avec Sarah, Asra, Alastair et Enzo. Ce dernier semble se faire à l'homosexualité de son colocataire avec plus de facilité qu'autrefois. Plus le temps passe, plus les choses se tassent et deviennent normales.

- Tu es déjà là ! s'exclame une voix, me faisant sursauter.

Asra en tient en bas des tribunes, une grande gourde d'eau à la main. Je me penche et tape dans sa main, expliquant brièvement mon envie d'être là tôt.

- T'as raison. L'autre équipe ramène un tas de supporters à chaque fois, c'est possible que ce soit très vite rempli. T'as prévu de quoi manger pendant le match.

Je tapote mon sac du bout des doigts et le capitaine de l'équipe lève les deux pouces en l'air avant de rejoindre les vestiaires pour se changer. Petit à petit, les lieux se remplissent. Les équipes apparaissent enfin sur le terrain. Celle d'Alastair est en bleu et leurs adversaires en blanc. De là où je ne suis, je ne suis pas certain de le reconnaître réellement. Le terrain est quand même grand et avec tous ces joueurs, c'est un peu le troupeau. Il porte le numéro 12. Juste avant que le match ne commence, il vient rapidement me faire un petit coucou et se fond à nouveau dans la foule.

Suivent ensuite de longues minutes pendant lesquelles je ne comprends rien. Je ne connais rien des règles ni des fautes alors je fais seulement comme tout le monde. Je crie quand l'équipe de notre école marque des points. Au final, je crois qu'ils gagnent, car tous les garçons se font d'immense câlins et s'arrosent avec les bouteilles d'eau qu'ils sont censés boire. Plusieurs d'entre eux tapent sur les épaules d'Alastair, l'embrassent sur les joues ou lui pincent les fesses. J'ai beau savoir qu'ils sont simplement heureux, et savoir qu'ils font ça à tout le monde, ça ne me plait pas du tout. Alors, quand on peut s'approcher du terrain, je tire Alastair vers moi et lui plante le pin's dans la main.

- Embrasse-moi devant tout le monde, maintenant.

Emporté par l'euphorie, il le fait sans même réfléchir. Résultat, à vouloir faire le malin, je me retrouver également trempé de la tête aux pieds et bientôt, Alastair me porte même sur ses épaules en faisant le tour du stade. C'est ridicule et embarrassant, mais ma jalousie s'envole comme par magie. Comment ai-je pu douter ne serait-ce qu'une seconde ? Je suis véritablement détraqué. J'aurais été capable de lui faire une énorme scène pour quelques accolades entre coéquipiers.