Chapitre quatre

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PDV ALASTAIR.

La pluie ne cesse de tomber sur Cambridge. Le printemps qui nous a fait quelques signes durant le mois de février s'est caché derrière ces nuages sombres et chargés. A part rester cloitré à la maison, je ne peux rien faire de plus.

- Hé psit, m'interpelle Asra en passant la tête par la porte. Ça te dérange si j'invite Sarah à diner ?

- C'est pas chelou que tu l'invites elle toute seule ?

- Bah pourquoi ?

- Tu lui as reparlé depuis l'escape game ? je demande en croisant les bras.

- Non ...

- Donc voilà. Si tu veux, je peux inviter Rex et Abby et lui dire de faire venir Sarah. Personne n'est aveugle je suis certain qu'ils ont tous capté que tu veux te la faire.

- Dis pas ça ! s'offusque-t-il.

- C'est une autre raison, peut-être ?

- J'en sais rien, mec.

Pantois, il échoue sur mon lit et s'allonge comme si une séance psy allait débuter. Quand Asra se met à parler, on ne peut plus l'arrêter. Il me raconte alors l'attirance qu'il éprouve et l'envie de prendre son temps et de faire les choses bien. Il paraît que, depuis qu'il vit ici, voir Julias si épanoui avec Erin lui a donné envie d'essayer de se caser.

- Même toi t'es en couple mec !

- Ouais, enfin, paye ton couple, on se dispute tout le temps.

- Peut-être, mais ça dure. Vous êtes fait l'un pour l'autre. Vous brûlez d'amour. Pire, vous vous consumez.

- T'as fini de jouer les poètes ? je dis, gêné.

- Mais c'est vrai ! Y a que vous pour pas vous en rendre compte et arriver à vous prendre la tête pour de la merde. Quand l'un est mal, l'autre devient un zombie. Puis, dès que ça va mieux, hop on a deux soleils qui se baladent main dans la main.

Sa comparaison me met le feu aux joues et me donne également envie de pleurer. Je suis trop sensible quand il s'agit de parler de Rex et moi. Soudain, j'ai le besoin irrépressible de lui raconter tout ce que l'on a traversé, tout ce qui fait que l'on est si mal à chaque fois. Mais j'aurais l'impression de trahir Rex si je parlais de lui. En faisant l'impasse sur les véritables détails, je conte alors à Asra le passé qui nous retient, qui nous brise. J'essaie d'expliquer ce lien fragile qui nous unit et qu'on tente de conserver tout en l'ébréchant à chaque dispute.

- Tu crois en vous ? finit-il par dire.

- Je ... oui.

- Tu l'aimes ?

- Oui, dis-je sans hésiter.

- Alors c'est réglé. Arrêtez de vous prendre le chou. Vivez léger, les gars !

Ses paroles rejoignent toutes celles que je peux entendre partout quand j'expose ce que l'on traverse. Asra ajoute malgré tout quelque chose de pertinent. « Vous ne pouvez pas souffrir indéfiniment pour l'autre. Sinon, vous allez forcément vous étouffer et vous détruire totalement. T'as changé, mec, depuis que je te connais. Rex a fait ressortir de toi toutes les craintes, toute la peine que tu n'as jamais ressentie. Il a décuplé tes sentiments de culpabilité. T'es devenu plus sombre, plus mature. Je ne sais pas si c'est bien ou si c'est mal. Mais de ce que tu me dis, vous essayer de vous tirer vers le bas, sans le vouloir. Prends-en conscience pour lutter contre ça. Soyez heureux. S'il faut que vous vous forciez à l'être un moment, faites-le. Tu verras ensuite que le bonheur sera simple et naturel. »

Inébranlable (T3 AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant