Chapitre quinze

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PDV REX.

Les résultats des partiels viennent de tomber. Le stress me noue la gorge et pourtant, lorsque j'ouvre le site internet, je ne découvre que des notes positives et satisfaisantes. Alastair laisse échapper un immense soupir. Lui aussi a validé son semestre et, par conséquent, son année. Une de plus. Peu à peu, nous approchons de la fin. Le diplôme commence doucement à se laisser apercevoir.

Pour fêter cette fin d'année en beauté, sachant que nous n'avons aucun rattrapage à passer, je propose à Alastair de braver les interdits. Ne sachant pas ce que j'entends pas là, il reste d'abord sceptique et monte en voiture en me posant un million de questions auxquelles je ne donne aucune réponse. Ce n'est que lorsque nous arrivons sur le parking du parc naturel le plus grand de Birmingham que je me tourne vers lui, prêt à lui fournir des explications. De ma poche, je tire le pin's banane que nous avons chassé de notre vie quelques semaines plus tôt.

- Je te propose un dernier défi. Fais-moi l'amour dans le parc.

- Mais t'es complètement malade, toi !

- Bah quoi ? C'est excitant.

- Si on se faire prendre on part en taule, hein ! crie-t-il.

- C'est ça qui est drôle.

- Non mais toi ...

S'il rit nerveusement sans tourner le regard vers moi, je sais qu'il considère pourtant la proposition. Ma main qui glisse doucement vers son entrejambe achève de le convaincre. Je sais que ce n'est pas bien, que c'est illégal. Mais je m'en fous. Je chie sur les lois qui régissent notre vie. Bon, pas totalement, car ça m'emmerderait profondément d'être arrêté, d'autant plus qu'il doit bien y avoir quelques petites choses dans mon casier judiciaire. Avec toutes mes fugues ce n'est pas possible autrement. Alastair m'embrasse et finit par me tirer de la voiture.

Il n'a jamais endossé le rôle du dominant, même si ce terme n'est pas exactement celui qui me plait. Il ne l'a jamais voulu, en vérité. Cependant, j'ai besoin de le sentir en moi, de le laisser prendre les commandes. Je sais qu'il ne me décevra pas. L'excitation se ressent malgré tout dans les gestes d'Alastair. Il est évidemment grisant d'enfreindre les lois, de faire quelque chose qui n'est pas moralement acceptable. On risque quelque chose, en plus d'être simplement surpris par des passants.

Je l'entraine néanmoins dans un coin supposément tranquille. De ce dont je me rappelle, rares sont les gens à venir trainer par ici. Alors que je l'embrasse en tirant ses cheveux, je me retrouve bien vite à la merci d'Alastair. Sa main dans mon pantalon caresse cet organe si sensible, m'arrachant quelques gémissements que je tente malgré tout de contrôler. L'excitation du lieu public me rend dingue.

- Rex, je crois qu'il y a des gens là-bas.

- On s'en fiche.

- Pas trop quand même ...

- T'as la trouille ?

- Complet.

Je me redresse et l'observe avec tendresse. Je referme finalement ma braguette et l'entraine sur le sentier découvert un peu plus loin, main dans la main.

- Oublie le défi, c'est vrai que c'était stupide.

- T'es pas fâché ? s'étonne-t-il.

- Je dois l'être ?

- Je sais pas, mais bon t'avais peut-être env...

- On s'en fout, d'accord ? Ce n'est que partie remise, dans un environnement qui te mettra en confiance.

Alastair approuve d'un hochement de tête et nous continuons alors notre balade, réfléchissant à ce que nous voulons faire. J'ai comme l'impression de tourner en rond à Birmingham. Même avec la présence de ce garçon si cher à mes yeux, je n'apprécie pas cette ville et c'est un supplice que d'imaginer y rester quelques jours de plus. L'avouant à Alastair, ce dernier me propose de partir plus tôt pour Londres. Nous avions prévu de fêter nos un an ici, mais il est vrai que la capitale m'attire inexorablement. Elle est vivante et bouge énormément, offrant des milliers de possibilités quant à la façon de célébrer cet anniversaire si particulier.

Sans plus attendre, nous regagnons la voiture, roulant vitres ouvertes jusqu'à la maison. Moins d'une heure plus tard, nos valises sont prêtes et tous les volets sont fermés. Je donne le dernier tour de clé à la porte d'entrée et nous sommes prêts à partir. J'aime ces décisions prises sur un coup de tête.

- Tu me laisses conduire ? demande Alastair.

- Pour moins de trois heures de route c'est pas la peine.

- Dans une heure et demi je prends le volant, c'est pas négociable.

Son air bougon me tord l'estomac. Je suis beaucoup trop sensible aux mimiques qu'il peut exprimer. J'appuie sur l'accélérateur après un petit baiser et nous quittons Birmingham sans aucun regret. Cette ville, c'est l'horreur. Je ne comprends pas que mes mères aiment tant y vivre. Il faut dire que je n'ai pas vraiment de bons souvenirs par ici. Un peu par ma faute, sans doute, je n'ai jamais essayé de m'y sentir bien. J'ai toujours voulu partir et mon acceptation à Cambridge était exactement ce qu'il me fallait.

Le paysage morose de l'autoroute arrive rapidement et je pourrais presque mettre la voiture en pilote automatique. Si seulement c'était possible ... J'enclenche seulement le régulateur de vitesse pour être certain de ne pas trop dépasser les limitations. Alastair s'endort bien vite sur le siège passager. Je baisse le son de la radio et me concentre sur la route. J'ai trop l'habitude de conduire, je sais à quel point je peux rapidement être distrait.

Je pense alors à notre anniversaire. C'est une boucle heureuse qui me retient, en ce moment. Je veux faire de ce six juillet un moment mémorable. Il faut que je me renseigne sur les bars. Certainement pas un club de strip-tease, je vais faire une attaque si je le vois s'exciter pour d'autres corps. Mais nous pourrions aller dans ces endroits méconnus de ceux qui ne cherchent pas bien. Le genre de bar qui propose quelques chambres érotiques derrière une devanture qui montre patte blanche. Quoique. Je ne suis pas certain que ce soit réellement le genre d'Alastair.

Ces endroits, je les ai longtemps fréquentés et il est vrai que c'est un monde à part. Il faut avoir une certaine assurance et des yeux partout pour ne pas se retrouver dans des plans foireux. Pas sûr qu'Alastair aimerait qu'on traine là-dedans. Il est trop propre sur lui pour fréquenter cette population. Il l'est déjà trop pour moi, quand j'y pense. Seulement, je refuse même d'y réfléchir, ne voulant pas laisser cette petite voix rabaissante gagner. Je suis plus fort qu'elle. Alastair m'aime pour ce que je suis. Il a accepté ma maladie, mon trouble et mon passé. Il n'a rien d'autre à découvrir, rien à craindre. Alors je ne dois pas avoir peur, moi non plus.

- On est où ? demande-t-il d'une voix ensommeillée.

- Ça y est, tu fais surface ? Je sais pas exactement, regarde sur le GPS.

Je décroche le téléphone du tableau de bord et le lui tends. Mon regard reste accroché sur le visage encore endormi d'Alastair, qui peine à ouvrir les yeux. Trop longtemps. Une seconde de trop.

- Attention ! hurle Alastair en se crispant.

Un seul mot avant le noir complet.

Inébranlable (T3 AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant