PDV REX.
Deux semaines plus tard.
Je ne sais pas où je suis. Je ne sais plus qui je suis. Avec peine, j'ouvre les yeux et inspecte cet environnement blanc et vide. Des tubes passent sur mon visage et dans mes bras. Du plâtre gris recouvre l'une de mes jambes et une minerve fait le tour de mon cou. En levant la main, je touche un tissu troué qui enserre mon crâne.
Petit à petit, ma vision s'acclimate et je perçois davantage de détails. Le bruit que produisent les machines résonne à l'intérieur de ma tête. Je tente de me redresser sans y parvenir. Je glisse et mes bras ne produisent aucune énergie, aucune force. Je suis parfaitement incapable de bouger.
La panique monte en moi. Je suffoque et des larmes glissent sur mes joues. Le moniteur chargé de mon rythme cardiaque s'emballe. Deux médecins arrivent presque en courant dans la chambre d'hôpital et m'obligent à me rallonger, vérifiant les perfusions ainsi que mes constantes.
J'ai envie de parler, de dire quelque chose, mais un tube est toujours coincé dans ma gorge, me donnant envie de vomir. Je pleure toujours et personne ne me dit rien. Je tente de capter leur attention, mais rien n'y fait.
Entre mes cuisses, un liquide chaud se répand et l'un des médecins s'en aperçoit, parlant pour la première fois. Les mots sont adressés à son collègue, comme si ma présence n'était qu'illusoire. Qu'est-ce que je fais ici ?
- La sonde a lâché.
Une infirmière apparaît un court instant pour donner à cet homme une autre canule en plastique emballée dans un sachet stérile. Il tire le drap, laissant à la merci de tous la nudité dont je fais preuve. Où sont mes vêtements ? J'angoisse davantage et, alors qu'il s'approche de moi pour placer une nouvelle sonde, je fais tout ce que je peux pour le faire reculer.
Impossible de dire quoi que ce soit ou d'accentuer mes mouvements. Il n'est pas difficile pour lui de garder le dessus sur moi. En quelques secondes, la sonde est replacée dans mon urètre. Je sais pourquoi il n'a pas pris la peine de m'avertir. Il doit avoir lu dans mon dossier que je suis insensible à la douleur. Mais un mot ne coute rien.
Pour la première fois, malgré tout, il capte mon regard suppliant et remet le drap en place sur mon corps plein de contusions et aussi maigre que possible.
- Je suis désolé, murmure-t-il à mon attention. Le réveil est difficile, nous avons diminué doucement la dose. On va vous enlever la sonde gastrique dans quelques temps. N'ayez pas peur.
C'est un peu tard pour s'excuser. Il aurait pu tenir compte de l'être humain que je suis avant de faire ses protocoles de vérification. Je suis agacé mais bien trop sonné pour demander quoi que ce soit. Je finis par sombrer à nouveau, pour me réveiller un peu plus tard. C'est ainsi durant un long moment. Je ne sais pas l'heure ni le jour. Les larmes ne cessent de rouler sur ma peau et un infirmier vient les éponger pour ne pas qu'elles glissent dans le tube qui relie mes voies respiratoires à une machine un peu plus loin.
Il me faut un moment pour émerger complètement et, alors que je retrouve véritablement mes esprits, un sentiment de détresse s'empare de moi. J'attrape le bras de la personne à côté de moi, les yeux pâteux et la bouche irritée par ce tube qu'on a fini par m'enlever. J'essaie de parler mais les sons ne sortent pas.
- Ne forcez pas, me dit-elle. Vous retrouverez votre voix sous peu.
Je mime alors un téléphone pour pouvoir écrire ce que je meurs d'envie de dire. J'ai besoin de savoir. Il n'y a que ça qui compte. Quand l'infirmière, ou peut-être l'aide-soignante, revient avec un bloc de feuilles et un stylo, je m'empresse de vouloir écrire, mais mes doigts ne coopèrent pas. Je m'énerve et les bips alertent tout l'hôpital de mon état d'anxiété.
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Inébranlable (T3 AVIFic - BxB)
RomanceCeci est un tome trois. La force s'inscrit en nous au rythme des épreuves que l'on endure. Rex et Alastair pensent avoir survécu au pire. Le bonheur les étreint avec une force inaltérable, repoussant la méfiance et les mauvais rêves. Mais si le plu...