Loque

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Elle se laisse aller à sa paresse quotidienne,
Masse informe d'os et de muscles,
Pour elle, se mouvoir demeure une peine
Infâme, car elle ne sait qu'être mollusque.

Lorsqu'on la surprend à faire du sport,
On se dit qu'on lui a jeté un sort.
Elle qui, sans cesse, avance au ralenti,
Fait tour ce qu'elle peut pour éviter la sortie.

On ne la voit que lorsque l'ombre la recouvre,
Comme si la lumière venait la briser,
Alors qu'il vient juste troubler son sommeil apaisé,
Et ignore la haine qu'il rouvre.

Celle de cet étrange individu malmené,
Être sans âme, invisible aux yeux de tous,
Pourtant, elle râle lorsqu'elle devient exilée,
Mais elle ne sait comment être douce.

Errante, errante, elle se perd,
A son contact, plus d'un désespèrent,
Pourtant, elle ne change pas,
Aimant se caller sur son propre pas.

On lui dit qu'elle est trop lente,
Elle répond que c'est le monde qui va trop vite,
On lui reproch8e d'être chiante,
Elle rétorque que sots sont ceux qui lévitent.

Ces lièvres qui s'agitent sans cesse,
Lui provoquent des démangeaisons,
Elle ne comprend paa ce qui les presse,
A croire qu'ils ont perdu la raison.

Soupir qu'elle pousse comme une hérésie,
Rire qui se dégage du gosier de ses ennemis,
Vacarme qui l'oppresse,
Nuisance sonore qui l'agresse.

Âme solitaire,
Qu'on isole davantage,
Être à tout point de vue sauvage
Qu'on désigne comme délétère.

Quelque part, ils ont raison,
Ces grands singes qui dénigrent son existence,
Elle ne possède pas assez de passion
Pour déverser en public toute sa contenance.

Peu avide de mots, on la pense timide,
Cela n'arrange rien à son charme acide,
Elle ne doit pas se méprendre,
On la dénigre à qui veut bien l'entendre.

Elle le sait car elle sait bien de chose.
Comment pourrait-elle l'ignorer ?
On se joue de son sobriquet
En lequel elle se métamorphose.

Loque, tel est ce nom qu'on lui a attribué,
Par faute de goût ou de clarté,
Loque, la mal aimée,
Créature impie que rien ne saurait apaiser.

On la blâme d'être ainsi,
Ce serait la blâmer d'être en vie,
Mais les autres s'en moquent,
Et continue de la nommer loque.

Au lieu de lutter contre leur stupidité,
Elle a préféré en jouer,
Et à chaque fois qu'on lui demande de s'activer,
Elle rétorque qu'elle n'est autre qu'un déchet.

On pense que ce n'est qu'un morceau de vie,
Celle dont les rêves sont noyés d'étincelle,
On la fustige sans répit,
Celle dont le sourire ensorcelle.

Virtuose dans l'art de se complaire dans sa médiocrité,
Fière de poursuivre son chemin sans trépasser,
Odieuse car elle nie ceux qui souhaitent la changer,
Disgrâcieuse car elle ne fonctionne pas comme ses congénères si concrets.

Abstraite, elle préfère se perdre dans son monde
Qu'on pourrait croire immonde,
Pourtant pur comme du verre,
Et tout aussi fragile que le vair.

Tant qu'il n'éclate pas en mille morceaux,
Elle reste fidèle à elle-même,
Persévérant sans nul modèle,
Elle continue de s'évader dans ses songes pële-mêles.

Loque, haillon, souillon,
On lui donne tous ces surnoms,
Mais on pourrait tout aussi bien la nommer :

Espoir, paix,Liberté.

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Bonjour/Bonsoir, cela fait très longtemps que je n'ai pas publié de poème ! J'espère que je ne suis pas rouillée et que ce poème vous plaira !

Les rêves d'une vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant