Soupir

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Lassé par tant d'indifférence,
Je tends alors à répugner ma chance.
J'en viens à croire que je me délecte de la décadence
Dont regorge ce monde immense.
Mais toute cette violence qui sans cesse repasse,
Me donne l'impression que mon âme trépasse.
Je ne sais que faire pour la préserver,
Alors j'observe et j'essaie de me faire oublier.

Pourtant, rien ne m'aide, on me remarque,
Et quand je me terre, on m'attaque.
Mais en quoi penser que cela sera efficace,
De me pousser à bout,
Tout ce que cela fait, c'est que davantage je m'efface,
Et me terre dans mon trou.

Oh, laissez-moi, je ne veux plus voir ce monde,
Laissez en paix ma carapace,
Qui me protège même du tonnerre qui gronde,
Qui efface chaque menace.
Je désespère, même si la vie a beaucoup à offrir,
Pourtant, l'Homme ne cesse de flétrir.
Jamais il n'apprend, toujours il blesse son prochain,
Quoiqu'il en soit, il ne sert à rien.

Je regarde l'extérieur,
Je ne sais pourquoi, mais je ressens une certaine rancoeur,
Le vingt-et-unième siècle m'écoeure
Car il brise trop de coeurs.
Quand je regarde ça, je ne sais plus,
Ce qui me retient ici,
Car tout blesse ma vue,
Et tout détruit la vie.
Plus rien ne meurt, plus rien n'existe,
Tout n'est qu'éphémère,
Et ce qui persiste,
Finit par errer dans le désert.

Décadence, insolence, insouciance,
Errance, distance, éloquence,
Instance, ordonnance, ignorance.
Que de mots pour décrire notre existence.
Tout perd de sa valeur ou de son sens.

Il exalte, il exulte, il se libère en des râles,
Terribles qui exprime sa rancoeur pourtant pâle,
Il observe cet étrange monde,
Où tout se détruit et devient immonde.
D'un souffle, il balaie le chagrin,
La guerre, le sang, les larmes,
Qui lui font crisper le poing,
Et lui murmurent de prendre les armes.

Mais un deuxième souffle le ramène à la réalité,
Pacifié, il calcule chaque seconde,
Il se demande comment protéger,
Sans qu'il ne fonde,
Ce trésor qu'on lui a confié, qu'il chérit tant,
Que la vie tente de lui arracher en tout temps.
Mais avide et protecteur,
Il conserve son honneur,
Tout comme son malheur.

Et alors que le vent le menace,
De l'effacer, il se tourne vers sa glace.
Pour y voir son portrait.
Mais quelle surprise quand il voit un autre corps,
Qui lui semble si parfait,
Ne comprenant nul désaccord.
Ce qu'il voit, c'est moi, songe insensé,
Mais moins que sa volonté de me rejoindre,
Et dans un soupçon de volupté,
Son désir se réalise même s'il n'est pas moindre.

Lui et moi nous rejoignons,
Appartenant désormais à la même dimension,
Pièce par pièce, nous fussionnons,
Et alors nous échangeons,
Cet éternel soupir.

Soupir, qui expulse ce qui nous empêche de grandir,
Soupir, qui décharge le moindre de nos désirs,
Soupir qui dessine les traces d'un Empire,
Soupir, qui excuse toutes nos maladresses,
Soupir, qui résulte de notre délicatesse,
Soupir, qui exprime l'ennui,
Soupire, qui témoigne de la sagesse,
Soupir, d'un être trop instruit,
Soupir, désincarné de toute allégresse,
Soupir, de la trahison qui blesse,
Soupir, du temps qui nous délaisse,
Soupir, du désespoir,
Soupir, de chaleur ou de froideur,
Soupir, lorsqu'on peut déchoir,
Soupir, qui s'affirme à chaque clameur,
Soupir, qui par la forme remplit le fond,
Soupir, que chacun oublie,
Soupir, désabusés de ce que nous avalons,
Soupir, comme un être désincarné de toute vie,
Soupir, qui glisse doucement vers le sommeil,
Soupir, on ne se rappelle plus de la veille,
Soupir, ingrat souffle qui se raréfie,
Soupir, de la Mort qui approche petit à petit,
Soupur, d'agonie et que rien ne puisse guérir,
Soupir, de maladie ou de quelqu'un qu'on vient d'oxir,
Soupir, de celui qui voit le monde pour la dernière fois,
Soupir, des masques qui tombent,
Soupire, de celui qui n'a plus que sa foi,
Soupir, de celui qui s'apprête à rejoindre sa tombe.

Mais ce soupir s'éteind,
Car la Mort l'a emporté, 
Et dans ce cycle sans fin,
J'entends le soupir d'un nouveau-né.

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Hello, voici votre poème pour le mois de décembre. Et il ne neige toujours pas, ce quu me déprime et me pousse à écrire ce poème. N'hésitez pas à voter ni a commenter !
 

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