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Et me voilà sur le parking, toute seule, en train de fumer, comme d'habitude. J'essaie de ne pas m'énerver, mais je ne sais plus ce que je dois croire ou pas. Je me pose un instant, appuyée contre un mur, j'entends des bruits de pas, il semblerait que quelqu'un soit en train de courir vers moi. Je regarde vers ma droite, il s'agit du blondinet, il s'arrête juste devant moi et reprend son souffle. Il me regarde de ses yeux bleus comme la mer en se redressant.
" Lucy…je…je suis désolé, elle ne m'intéresse même pas. "
Je le coupe en le prenant par le col, je fronce les sourcils et monte sur la pointe des pieds, le forçant à se baisser un peu en tirant sur sa veste. Je pose mes lèvres contre les siennes en fermant mes paupières aussi fort que possible. Je sens que le garçon se laisse faire, il pose ses mains dans le bas de mon dos, son corps se détend alors que le mien se contracte de plus en plus. Je romps le baiser et fais un pas en arrière, presque en colère.
" Je veux apprendre à te connaître, pour de vrai. Je ne veux pas du Roger Taylor que tout le monde voit, je veux savoir qui tu es réellement. Je ne suis pas là pour la "star montante du rock", ni même pour le physique. Mais parce que je ressens des choses envers toi."
Je mets alors mes mains devant ma bouche, pourquoi je viens de lui dire ça !? Je commence à rougir, j'ai honte de moi. Lorsque je lève la tête vers lui, je réalise qu'il a l'air vraiment surpris, j'en déduis qu'il ne doit pas très bien le prendre, vu son expression.
" Je te demande pardon. "

Je pars en courant, j'ai envie d'être le plus loin possible de lui, je n'aurais jamais dû dire ça, c'était une grosse erreur, j'en suis certaine. J'ai très chaud et je me sens mal à l'aise. Je sens alors que quelqu'un prend mon bras, il s'agit du batteur, il me tire vers lui et m'embrasse à son tour, je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas l'impression d'être comme toutes celles à qui il a fait ça auparavant. Je sens quelque chose de profond dans la façon qu'il a de mettre sa bouche contre la mienne, il tient mes joues entre ses mains. Il s'éloigne doucement.
" Lucy, depuis le premier jour où je t'ai vue, j'ai tout de suite compris que tu serais une fille intéressante. Tu es drôle, gentille et aimable, mais avec un caractère explosif,  tu t'énerves vite et tu ne te laisses pas faire. Tu n'es pas comme ces filles qui disent oui à tout, qui ne réfléchissent pas à ce qu'elles veulent vraiment. Je t'adore, et je suis sincère."
Il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, comme la nuit dernière.
" Je n'ai jamais su comment t'aborder, puisque tu étais souvent distante, mais dès que j'ai su qu'on avait des points communs, surtout la batterie, je me suis dit que je pouvais trouver des sujets de conversation pour qu'on se rapproche, mais tu es partie juste à ce moment là, pendant deux ans, sans me donner de nouvelles."

Ses yeux sont un peu brillants et tristes, les miens se remplissent de larmes, je ne voulais pas lui faire de mal, et je le regrette sincèrement, si j'avais su, je ne serais peut-être même pas partie, il m'a atrocement manqué, et ça me blesse encore plus de savoir que je lui ai manqué aussi. Il me prend dans ses bras avec douceur, je pose ma tête sur son torse, c'est l'étreinte dont je rêve depuis si longtemps. Je caresse ses cheveux blonds en regardant vers le ciel, il est magnifique, complètement parsemé d'étoiles. J'ai l'impression que le temps est complètement arrêté, et lorsqu'il me lâche enfin, j'ai des sensations étranges dant tout mon corps. Le garçon prend ma main et me guide jusqu'à sa voiture, je me doute de ce qu'il a derrière la tête. Il prend la direction de mon appartement, lorsque nous arrivons, nous montons, il ferme la porte derrière moi. Il se baisse et passe un bras sous mes genoux pour me porter, il m'allonge sur le lit de ma chambre et recommence à m'embrasser passionnément. Je pose le bout de mes doigts sur ses lèvres, le forçant à s'éloigner un peu. Je secoue la tête de gauche à droite, je ne veux pas être comme les autres, je ne veux pas qu'il me jette après avoir fait ce qu'il voulait avec mon corps, je l'aime et je ne supporterais pas de n'être qu'un object, une distraction.
" Je ne suis pas une de tes groupies, je n'en serai jamais une, alors si ce soir ne mène à rien, je ne veux pas.
- Je ne t'ai jamais considérée comme une groupie. "
Il met sa tête dans mon cou en me serrant contre son corps.

Je me réveille et réalise que le batteur est allongé à côté de moi, il dort paisiblement et arbore son visage d'ange. Alors ce n'était pas encore un de mes rêves bizarres ? Ce qui s'est produit cette nuit, c'était pour de vrai. J'ai du mal à y croire, je pensais que c'était tout bonnement impossible. Je dépose un baiser sur le front du jeune homme et je me lève. Je pars m'habiller. C'est alors que le téléphone se met à sonner. Je réponds, il s'agit de John, mais il me semble entendre plusieurs souffles au bout de l'appareil.
" Lucy, excuse moi de te déranger, mais hier Rog a disparu d'un coup sans prévenir et on voulait savoir si…hm…tu avais une petite idée d'où il pourrait être. "
J'entends un rire un peu étouffé au bout du fil, qui ressemble étrangement à celui de Freddie. Je comprends où ils veulent en venir.
" Ne cherchez pas d'excuse pour savoir ce qui ne vous regarde pas. Oui, Rog est avec moi."
Je les entends faire du bruit de l'autre côté, et la voix de Freddie retentit, il est surexcité.
" Alors darling !? Il t'a dit ce qu'il pensait vraiment !?"
Je m'apprête à répondre, mais on me prend le téléphone des mains.
" Putain mais vous savez quelle heure il est !? Il est sept heures quarante-trois ! Vous devriez être en train de dormir plutôt que de vous mêler de mes affaires. "
Roger échange encore un peu avec les garçons et raccroche, énervé. Il se frotte les yeux et baille, il me sourit et m'enlace.
" Bonjour Rog.
- Je veux retourner dormir…"
Grogne-t-il en me traînant jusqu'à la chambre.

Je me recouche dans les draps un peu froissés, le parfum du garçon est partout dans mon lit, c'est vraiment particulier. Le blond me regarde tendrement et caresse mon visage de son index. Je me demande bien quel type de relations nous sommes supposés entrerenir à présent. Je me sens bien, j'aimerais que ça ne s'arrête jamais, même si c'est complètement nouveau pour moi de montrer mon côté doux, particulièrement à Roger. Roger Taylor, il a passé des mois à m'embêter en classe, me tirer un peu les cheveux, à m'écrire sur les mains, à dessiner sur mon bloc-notes, et maintenant que j'y pense, c'était sûrement sa façon de me montrer son intérêt pour moi. Comment ai-je pu être assez bête pour ne pas le remarquer ? Je me souviens aussi de ce jour où on faisait une expérience, qu'un camarade près de nous avait mis une dose légèrement trop importante d'un produit dangereux et que ça avait explosé. Roger s'était immédiatement précipité sur moi, me plaquant contre le mur (nous étions toujours dans le fond de la pièce) et cachant ma tête contre son buste. Sur le moment, j'avais juste été capable de le pousser en lui disant que je m'en serais très bien sortie sans lui, pour cacher qu'être contre lui avait réveillé tout mon corps, qui semblait être en effervescence, sans parler des battements de mon coeur, dont le rythme avait considérablement augmenté.

Il s'endort à nouveau contre moi, ou à moitié sur moi, devrais-je dire, alors que je passe le bout de mes doigts dans son dos, laissant mes ongles glisser légèrement sur sa peau, je crois qu'il est bien ici. Je finis par m'assoupir, et lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je suis toute seule. Il n'a quand même pas oser me laisser une deuxième fois de suite ? Je sors du lit pour essayer de partir à sa recherche, je le trouve dans le salon, en train d'observer ma batterie avec intérêt. Il s'installe et commence à jouer, doucement pour ne pas déranger les voisins. Je l'écoute attentivement, il est vraiment doué, mais ce n'est pas que technique, il a une sensibilité musicale très particulière. On peut sentir une passion violente dans ce qu'il improvise, voilà le mot, Roger est quelqu'un de passionné, il est très à l'écoute de ses émotions, il peut se laisser envahir et submerger par la joie, la peine, ou encore la colère, et il tente rarement de lutter. Tout cela fait qu'il a parfois un état d'esprit quelque peu chaotique, il part dans tous les sens et peut sembler maladroit de temps en temps, mais il est simplement impulsif, je suis exactement pareille que lui. Mais au-delà de ses sautes d'humeur, Roger est une personne très intelligente, brillante même, et que j'admire beaucoup.

The Drummer In A Rock'N Roll BandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant