[Août 1975]
Quelques temps sont encore passés. Aujourd'hui, les garçons ont quelque chose à nous annoncer, nous nous retrouvons tous dans un petit café londonien. Deaky est accompagné de sa femme, Veronica, avec qui il s'est marié en tout début d'année. Brian est avec Chrissie et Freddie avec Mary. Bien évidemment, j'accompagne Roger. Le chanteur se lève.
" Bon, les filles, nous sommes navrés de vous mettre au courant aussi tard, mais dans deux jours, nous devons partir, nous serons absents quelques semaines car nous partons enregistrer un nouvel album. "
Je ne sais pas vraiment si notre réaction est positive ou négative, nos hommes vont devoir partir pendant plusieurs semaines et nous ne pourrons pas les voir, mais en même temps, ils vont encore faire un travail génialissime, et c'est la preuve que ça commence vraiment à bien marcher pour eux. Je leur demande si ils ont des idées.
" Rien de concret pour l'instant Darling. "
Répond Freddie. Je regarde vers le blond, il me fixe, arborant un air innocent comme toujours, me disant qu'il ne sait pas si il va écrire une chanson pour l'album, je fais une mine déçue, ce qui le fait rire. Nous sortons du café et Roger me ramène chez lui, me demandant si je veux bien passer le temps qu'il nous reste en sa compagnie. Je serais bête de refuser. Nous arrivons à sa maison et entrons. Il me porte et me pose sur le plan de travail.
" Et si on faisait quelque chose à manger ?
- Tu ne sais toujours pas cuisiner. "
(Tout comme votre auteure adorée :( )
Il me lance un regard glacial, mais je sais qu'il a envie de rigoler, il a du mal à se retenir. Il est tellement mignon, je l'adore.

Je descend du plan de travail et ouvre le réfrigérateur, si on ne veut pas mourir d'intoxication alimentaire, il va falloir que je surveille la cuisine. Je regarde ce qu'il a, eh bien, pas grand chose aparemment, il n'a pas dû faire de courses, sachant qu'il devait partir dans peu de temps. Il reste des spaghetti dans le placard, et quelques tomates dans le bac à légumes.
" Tu crois que tu es capable de faire cuire des pâtes, Rog ?
- Euh, sans doute. Enfin généralement je m'en sors. "
Dit-il en attrappant une casserole et en la remplissant d'eau. Il pose le recipient sur le gaz mais il ne l'allume pas tout de suite. De mon côté, je fais la liste des ingrédients pour faire de la sauce tomate, j'ai besoin de trois tomates, un peu d'ail, le quart d'un oignon, de poivre, et de sel. Je commence à cuisiner, et je mets le tout à cuire, ça sent vraiment bon. Le problème, c'est que maintenant il faut attendre un petit moment avant que ce soit prêt. Nous allons vers la salle de vie, je m'asseois sur le canapé. Je commence à être vraiment à mon aise avec Roger, on peut emprunter les affaires de l'autre sans même demander, et on ne téléphone même plus quand on veut se rendre visite, on le fait sur un coup de tête, sans prévenir. J'allume une cigarette, mais pour une fois, le blond ne fait pas comme moi, au contraire, il se saisit du mégot entre mes lèvres, puis il l'écrase dans un cendrier. Je ne sais pas ce qui lui prend. Il caresse ma joue et m'embrasse. C'est vrai que c'est plus intéressant que de fumer.

Notre heure d'attente passe très vite, nous faisons nos pâtes, et pouvons finalement manger. Ça me fait plaisir d'être en tête à tête avec le jeune homme, je rafole de tous ces petits moments à deux. Roger lève la tête vers moi.
" Chérie ? "
C'est rare quand il me donne vraiment un surnom, j'en déduis qu'il a quelque chose important à me dire. Je l'écoute.
" Quand je rentrerai de l'enregistrement, il faudra que je te demande quelque chose, mais pas avant, d'accord ? Et ne cherche pas à savoir s'il te plait."
Je hoche la tête alors qu'il me fait un clin d'oeil, mais je dois bien avouer que je suis très curieuse maintenant, je me demande ce qu'il va me poser comme question. Nos deux jours ensemblent passent trop vite, et Roger doit partir, il me laisse les clés de chez lui au cas où. Avant de me quitter, il me dépose devant mon immeuble et me serre longuement dans ses bras.
" Lucy, tu vas me manquer.
- Toi aussi, Rog.
-J'essaierai de t'appeler de temps en temps.
- J'essaierai de répondre. Mais téléphone plutôt chez mes parents. "
Il me sourit et me donne un baiser passionné avant de remonter dans sa voiture et s'éloigner. Je décide donc de rentrer faire ma valise. Je passe un coup de fil à ma mère pour qu'elle vienne me chercher, elle decroche immédiatement et se met en route à peine cinq minutes après mon appel. J'habite à environ une demi-heure de chez ma famille, et je suis déjà trop impatiente de les voir. Je profite de l'attente pour faire un peu de rangement avant de partir. On frappe à ma porte, je vais ouvrir et saute dans les bras de ma maman, mais nous ne perdons pas de temps et partons à la maison.

Je suis en pyjama, allongée sur le canapé en train d'écrire, ça fait déjà plusieurs semaines que j'habite avec mes parents, j'ai l'impression d'être une adolescente en vacances d'été. Mon père passe un oeil par dessus mon épaule pour lire ce que je fais, il s'agit d'une fiction. Il me demande si je n'ai jamais pensé à finir une de mes histoires, qu'il pourrait la faire éditer par son entreprise. Je hausse les épaules, ce n'est pas que l'idée me déplaît, mais je n'ai pas toujours le temps d'écrire, et je finis rarement ce que je commence, mais cette fois, je compte bien le faire.  Je chantonne tout en continuant, mon père retourne à son occupation principale, le dessin, il est graphiste en quelque sorte, enfin il tient avant tout une maison d'édition (de livres et de disques), mais il est aussi illustrateur et designer, il fait les images de certains livres et aide des groupes pour leurs pochettes d'albums. J'ai toujours été très admirative. Le téléphone retentit, ma mère décroche et me fait signe d'approcher en mimant un bisou du bout de ses lèvres, je lève les yeux en riant et prend l'appel.
" Hey, Rog, comment ça va au studio ?
- Moyens, les garçons m'énervent.
- Et pourquoi ça ?
- Ils se foutent de ma gueule à cause de la chanson que j'ai écrite."
Il soupire violemment pour montrer son mécontentement. Personellement, je trouve ça plutôt drôle, mais je ne dois pas le montrer.
" Et pourquoi ils se moquent, ça raconte quoi ?
- Ça s'appelle "I'm In Love With My Car ", c'est sur un mec qui est…vraiment fan de sa voiture.
- Ouais, un mec un peu comme toi.
- Mais arrêtez tous ! Ce n'est pas sur moi. "
Mais oui, bien sûr, Roger proteste, mais on le connait, il est littéralement amoureux de sa voiture, il passe son temps à la chérir.

" Mouais mouais. Enfin bref, en quoi c'est gênant ?
- Ils disent que les paroles sont un peu étranges, et ils ne veulent pas de ma chanson sur l'album.
- Impose toi, je suis sûre que ce n'est pas si mal que ça, j'ai confiance en toi.
- Merci, je vais essayer de les convaincre.
- Et à part ça, cet album ?
- Freddie me torture, il a écrit une chanson qui s'appelle Bohemian Rhapsody. Ça regroupe plusieurs styles de musiques, dont de l'opéra, et je dois chanter tellement haut !
- Je suis sûre que tu t'en sors très bien."
Nous parlons encore un peu, puis il doit raccrocher. Nous retournons à nos affaires, chacun de notre côté. Je passe donc mes journées à la maison, le temps passe assez vite et je ne m'ennuie pas. Ma mère vient de me ramener chez moi, les garçons sont censés rentrer ce soir, je me prépare à la perfection, j'ai prévu de faire une petite surprise à Roger, comme il m'a laissé un double des clés de sa maison, je vais aller l'attendre.

Je décide de tout préparer, sa maison est restée intacte, mais il y a un peu de poussière, je fais le ménage chez lui avant de partir faire les courses, je vais même préparer le repas. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais ce n'est pas grave, je vais improviser. Le temps passe et je suis derrière les fourneaux, faisant la fameuse tarte au chocolat et au caramel de ma mère, je sais qu'il l'a adorée quand il était venu à la maison. Je termine tout et l'attends à l'entrée, il fait nuit dehors, j'entends finalement une voiture se garer devant, je suis surexcitée. La porte s'ouvre, je m'apprête à sauter dans les bras du garçon, mais à la place, nous nous regardons, surpris. Il est embarrassé, en effet, il est accompagné d'une fille, assez peu vêtue et fort maquillée. Je prends mon sac, le met sur mon épaule et quitte son domicile sans dire un mot. Il essaie de me retenir, mais ce n'est pas la peine. Quelle humiliation. Je n'ai même pas envie de pleurer, je suis juste déçue et en colère.

The Drummer In A Rock'N Roll BandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant