* Voix divine*

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- Bien, commençons !
Il était environ neuf heures du matin, Caïlte et Grainné se trouvaient aux pieds d'une petite falaise d'une vingtaine de mètres de haut, prêts à débuter son apprentissage.
- Bon, rien de bien compliqué pour commencer, tu vas escalader cette falaise quinze fois, puis tu recommenceras avec ce sac de pierres sur le dos.
- Quoi ?! Tu plaisante j'espère ?!
- Pas du tout. Regarde toi, je ne veux pas te vexer, mais ton corps est faible. Si tu veux pouvoir tenir tête aux dieux, il faudrait déjà qu'il tienne le coup. Il faut qu'on augmente ta résistance, ton endurance, et ta force brute. On verra ensuite pour tout ce qui est plus technique.
Grainné voulut répliquer, mais elle s'abstint. Il avait raison, elle voulait devenir plus forte, et elle savait qu'il faudrait fournir énormément d'efforts. Elle y était préparée.
Elle fixa longuement le haut de la falaise, se préparant psychologiquement. Elle finit par attraper fermement le mur lui faisant face, et entama son ascension. Elle parcouru d'abord un mètre, puis deux, et enfin trois lorsque la roche céda. Elle tomba sans comprendre ce qu'il venait de lui arriver. Caïlte pouffa légèrement, ce qui eut le don de l'énerver... et de la booster. Cette fois-ci, elle se jeta sur son ennemi et reprit son escalade. Les chutes furent nombreuses, mais vers la fin de l'après-midi, elle réussi finalement à atteindre le sommet.
Cet entraînement se répéta pendant trois mois. Une fois son corps renforcé, il lui apprit à se battre, et elle tenait de son père.

                           ~~~

« Pourquoi m'ignore-tu ? Hein, pourquoi m'ignore-tu ? Je ne te veux pourtant que du bien. Ou peut-être pas. En vérité, je n'en sais rien. Je veux juste du sang. Tue, tue , tue, tue... TUE ! Nourris-moi, entretiens-moi ! Sens-tu ma haine ? Sens-tu ma colère ? Pourquoi l'ignore-tu ? Laisse la t'envahir, recouvrir chaque partie de ton être, chaque parcelle de ton corps, et ne faisons plus qu'un. Accepte-moi car, que tu le veuilles ou non, je fais partie de toi, Grainné. »

Grainné se réveilla en sursaut, des perles de sueur coulant sur son front.
- J'ai tellement mal au crâne...
Ce rêve. Toujours ce rêve. Cette voix qui lui parle sans cesse, qui ne veut pas la laisser tranquille. Elle la hante, lui soufflant les mêmes inepties, les mêmes horreurs. Et comme chaque matin, Grainné les ignore.
Ce matin encore, elle se leva, ouvrit ses volets, puis se dirigea dans le salon, où se trouvait son père, réveillé depuis déjà bien longtemps.
- Bien dormis ?
- On va dire ça...
Elle attrapa une tasse et y versa un fond de lait frais, qu'elle bu d'une traite.
- On s'entraîne aujourd'hui ? Reprit-elle, oubliant ces tracas matinaux.
- Non, pas cette fois-ci : j'ai reçu une mission.
Autrefois Caïlte était un soldat du royaume de Fianna, mais à présent qu'il avait pris sa retraite, il s'exerçait en tant que chasseur de prime.
- Ah oui ? Laquelle ?
- Je dois chasser une bande de truands dans un village plus au nord.
Grainné hésita, puis se lança.
- Je peux venir ?
Caïlte la fixa, l'air extrêmement surpris.
- Hors de question, c'est trop dangereux.
- S'il te plaît ! J'ai besoin de l'expérience du terrain ! Et puis, si je veux m'attaquer à des dieux, je dois être capable de faire face à de simples bandits !
- Grainné...
- Allez, je te gênerai pas, c'est promis !
- Aaahh ! C'est bon, tu peux venir ! Craqua-t-il. Mais interdiction de prendre des risques inutiles, compris ?!
- Compris !

                             ~~~

- Tu les vois ?
- Oui. Affirma Grainné. On fait quoi maintenant ? Il nous faut un plan.
- Je sais, et je crois que j'en ai un.
Il lui expliqua puis attendit son avis.
- C'est nul. Le cassa Grainné. T'as rien de plus sophistiqué ?
- Ne me fais pas rire. Si tu savais à quel point les hommes sont simples d'esprit !
- C'est vrai, j'en ai la preuve juste devant moi. Bref, allons-y !
Sans lui laisser le temps de répliquer, Grainné sortit de sa cachette et se dirigea d'un pas décidé vers les brigands. Quand ils la remarquèrent enfin, tous se mirent sur la défensive.
- Bonjour messieurs, je suis perdue. Pourriez-vous m'aider ?
Aucun ne répondit, et l'un d'entre eux sorti une lame de sa sacoche.
- Eh, mais que faites-vous... ?
- T'es qui gamine ?
Grainné s'énerva.
- Pourquoi m'appelez-vous tous gamine ?! Vous vous êtes passé le mot ou quoi ?! Et puis merde, ce plan est vraiment pourri !
Plus aucun doute possible : c'était une ennemie. L'un des cinq criminels se jeta sur Grainné, mais celle-ci l'évita de justesse.
- Papa, ça a raté...
Caïlte sortit à son tour pour venir à sa aide.
- Tu m'étonne ! T'as vu ton jeu d'actrice ?!
- Je ne te permets pas !
Tout se passa ensuite très vite : les deux chasseurs dégainèrent et tuèrent trois des hommes en un coup d'épée.
- Papa, ils s'enfuient !
- Prends celui de droite, je me charge de l'autre !
Elle s’exécuta et se lança à la poursuite du fuyard. Elle fini par atterrir dans un petit bois assez dense.
- Merde, où est-il passé ?
Elle avait beau le chercher du regard, elle ne le trouvait pas. Peut-être était-il parti ? Ou alors peut-être se cachait-il, attendant qu'elle abandonne et qu'elle s'en aille ? Le problème était bien là : elle n'en savait rien.
- Crève !
Grainné se retourna et tomba nez à nez avec son homme, qui l'attaquait déjà.
« Merde ! Si je ne fais rien, il va me transpercer ! Qu'est-ce que je peux faire ?! »
La lame se rapprochait, et elle n'arrivait pas esquiver. Elle allait mourir, c'était certain.
« Laisse-moi faire. »
Elle n'eut pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait qu'elle fut comme éjectée de son corps, observant la scène de loin : son bras dégaina en moins d'une demie seconde, et le trancha en deux. Puis elle regagna sa place, comme si elle n'en était jamais sortie.
- Mais qu'est-ce que...
«  Tu vois ce que je peux faire ? Tu es peut-être devenue forte, mais je reste la plus puissante. Alors n'oublie jamais ce qu'il vient de se passer aujourd'hui : je t'ai sauvée la vie, ce qui veut dire que tu as besoin de moi. En attendant, continue de monter en puissance, et à nous deux, on exterminera tous ceux qui se mettront en travers de notre chemin. »
Grainné ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer, ni à qui cette voix appartenait. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était vivante.

InhumainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant