*Fleurs de cerisier*

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« - Grainné...
- Quoi ?
- Tu sais très bien ce que je veux savoir. Pourquoi as-tu fais ça ? Jusqu'à présent, tu ne cessais de répéter que tu les protégerais au péril de ta vie, et maintenant tu les abandonne.
- Je ne les abandonne pas. Seulement... Médée s'est laissée possédée : elle n'a rien pu faire contre le démon, ce qui prouve qu'elle n'est pas assez forte mentalement. Et je pense que ce n'est pas les aider de trop les couver. Il faut que Médée, tout particulièrement, s'endurcisse davantage si elle veut survivre. En plus... j'avoue que c'était en partie un choix égoïste. Je me suis dis... que si je m'éloignais d'elles, je souffrirai moins. Que je ne serai plus obligée de tuer.
- Je vois... Tout de même, tu y es peut-être allée un peu fort.
- Tu pense ? Je ne sais pas... Je ne me rends pas bien compte... »

Grainné marchait depuis une heure environ, quand elle aperçue enfin le cabanon qui lui servait de maison. Caïlte l'attendait, assis sur les escaliers. Lorsqu'il la vit arriver, il se releva et courra la rejoindre.
- Grainné ! Tout va bien ?! Tu n'es pas blessée ?! Que s'est-il passé ?!
- Papa...
Elle avait envie de pleurer. Elle en avait horriblement besoin. Mais elle ne le fit pas.
- J'ai vu Médée...
- Et ?
- Je lui ai dit adieu.
Il fut surpris.
- Mais...
- J'en ai assez... de souffrir pour elles. Il est temps qu'elles se débrouillent seules.
- Grainné...
- C'est une sage décision, vraiment.
La jeune femme sursauta et se retourna, prête à se battre. Un homme aux longs cheveux noirs et à la carrure imposante lui faisait face.
- Cette aura... Papa, vas-t'en, et vite !
- Grainné qu'est-ce qui se passe...
- C'est un dieu !
Le principal concerné sourit.
- Le fait que tu en arrive si rapidement à une telle conclusion prouve que je ne me suis pas trompé. Prépare-toi Inhumaine, car ton heure est venue...
« Grainné fout le camp, et vite ! Cet homme... Tu ne fais pas le poids contre lui ! »
En l'observant plus attentivement, son visage lui paraissait familier. La jeune femme était persuadée de l'avoir déjà vu quelque part.
« Grainné... C'est lui qui m'a tué ! »
Les muscles de la jeune femme se raidirent. Elle se souvenait à présent. Elle l'avait vu dans son rêve, c'est lui qui l'avait achevé.
« Grainné ! »
Elle serra les dents.
« Tais-toi Binaire. J'ai fait une promesse : j'anéantirai les dieux, et il ne fait pas exception. »
La guerrière posa sa main sur la blessure qu'un des paysans lui avait infligé, et qui la faisait atrocement souffrir. Elle avait déjà perdu beaucoup de sang, et savait parfaitement qu'elle ne tiendrait pas bien longtemps dans cet état. Il fallait donc qu'elle règle ça rapidement.
« - Binaire, je vais devoir utiliser son pouvoir.
- Fais comme tu veux... »
Grainné se concentra et lui lança une rafale de pics de glace, mais le dieu les balaya d'un simple revers de main. Elle n'en cru pas ses yeux.
- Comment...
Il rigola.
- Je crois que tu n'as pas bien saisi qui j'étais, gamine. Je suis Irmin, le dieu de la guerre, et malheureusement pour toi, mon attribut est le feu.
La jeune femme n'eut pas le temps de comprendre ses paroles que des flammes jaillirent du sol et l'encerclèrent. La panique s'empara de son esprit, si bien qu'elle ne parvenait plus à réfléchir.
- Si j'étais toi, commença-t-il, je me dépêcherai de trouver une solution, car tu vas très rapidement manquer d'oxygène !
En effet, la chaleur était si intense que celui-ci commençait à se raréfier.
- Tu... vas mourir... Articula Grainné, suffocante.
- Je n'attends que ça ! Se moqua-t-il.
Avec les dernières forces qu'il lui restait, la jeune femme se jeta sur lui, prête à l'empaler avec sa lance, qu'elle n'avait pas lâcher depuis sa rencontre avec Irmin. Mais le dieu dégaina une épée démesurément grande, et transperça la guerrière. Celle-ci tomba ensuite à terre.
- Je pense... que j'en ai fini avec toi. Sourit-il.
Il récupéra son arme et s'éloigna, laissant Grainné se vider de son sang. Elle sentait ses forces l'abandonner, son esprit divaguer et la vie la quitter. Oui, elle était entrain de mourir.
« Finalement, c'est peut-être mieux ainsi. Oui, je l'ai bien mérité. »
Elle ferma les yeux, et attendit patiemment que la mort vienne la cueillir.

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