24 heures [Clexa AU]

Chapitre 3

Tout en roulant en direction du nord sur l'Interstate 55, Clarke et Maddy chantaient à tue-tête une mélodie du Roi Lion, un des dessins animés Disney préférés de la fillette. Les Woods habitaient à l'ouest d'Annandale, dans le comté de Madison, État du Mississippi. La crainte de la criminalité et des problèmes raciaux qui gangrenaient les grandes villes avaient incité de maints jeunes membres des professions libérales à s'établir dans des endroits calmes tels que le comté de Madison. Mais Clarke et Lexa y étaient venues pour une toute autre raison. Si vous vouliez acheter des terres, mieux valait aller vers le Nord. La demeure des Woods était bâtie sur un terrain de huit hectares plantés de pins et d'autres essences, à une vingtaine de kilomètres de Jackson, et le soir il suffisait de vingt-cinq minutes pour couvrir cette distance par la route.

"Hakuna Matata, What a wonderful phrase, Hakuna Matata, Ain't no passing craze..."

Maddy battit des mains et éclata de rire. Le souffle court d'avoir chanté à pleins poumons, Clarke composa un numéro sur son téléphone. Elle se culpabilisait un peu du ton qu'elle avait employé avec Lexa à l'aérodrome.

"Les Anesthésistes Associés", répondit une voix féminine.

"C'est le service de répondeur ?"

"Oui, madame. La clinique est fermée."

"J'aimerais laisser un message au Docteur Woods. Je suis sa femme."

"Je vous écoute."

"Voilà : 'Tu nous manques déjà ! Bonne chance pour ce soir. Affectueusement. Clarke et Maddy.'"

"Avec tout plein de bisous !" cria Maddy de la banquette arrière.

"Vous avez eu ça aussi ?", s'enquit Clarke.

" 'Avec tout plein de bisous' ", répéta la femme d'une voix lasse.

"Merci."

Clarke éteignit le portable et regarda dans le rétroviseur, qui était réglé pour qu'elle puisse voir le visage de sa fille.

"Maman adore recevoir des messages de nous", dit la gamine en souriant.

"Ça ne fait aucun doute, ma chérie."

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A quatre-vingt kilomètres au sud de Jackson, Lexa stabilisa le Baron à huit mille pieds. Sous elle s'étendait un tapis blanc et duveteux de cumulus, en face d'elle un ciel aussi bleu qu'un lac arctique qui lui rappelait les iris de sa chère compagne. La visibilité était parfaite. Alors qu'elle courbait le poignet pour consulter son système GPS, une douleur fulgurante se propagea le long du nerf radial de son bras droit.

C'était pire que ce qu'elle avait admis devant Clarke, et elle le savait. Rien n'échappait à sa femme. A dire vrai, Clarke aurait aimé qu'elle cesse définitivement de voler. Un mois plus tôt, elle avait menacé de révéler à la Direction de l'Aviation Civile qu'elle trichait lors de ses examens médicaux d'accréditation. Lexa ne pensait pas qu'elle mettrait sa menace à exécution, mais elle n'en avait pas la certitude absolue. Que Clarke estime que l'arthrite de Lexa la mettait en péril - et sa famille par la même occasion - quand elle prenait l'air, et elle n'hésiterait pas à faire ce qu'il fallait pour l'arrêter.

Si elle agissait ainsi, Lexa n'était pas sûr de pouvoir le supporter. La seule idée de se retrouver clouée au sol la mettait de mauvaise humeur. Pour elle, voler était plus qu'une activité de détente. C'était l'expression physique du chemin qu'elle avait parcouru dans son existence, un symbole de tout ce qu'elle avait accompli et du mode de vie qu'elle avait créé pour sa petite famille. Jamais son père n'aurait rêvé de posséder un avion de trois cent mille dollars. Michael Woods n'était même jamais monté dans un avion. Sa fille avait payé le sien comptant.