Chapitre 24 - Aïe aïe aïe...

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Bonsoir à tous,

La suite des aventures de nos trois héroïnes avec de l'action dans ce chapitre !

Je vous laisse découvrir !

Bonne lecture

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Finn Collins s'arrêta sur le chemin défoncé qui menait à la cabane et leva les yeux vers le ciel. Son cœur était lourd de tristesse, et sa vision brouillée à force de scruter la pénombre des sous-bois? Pour le musclé, le monde se déclinait principalement en une symphonie de couleurs. Un médecin l'avait questionné à ce sujet, bien des années plus tôt. Comme pour la forêt. Elle dégageait une odeur verte. Même la nuit, lorsqu'on ne voyait plus la couleur, on pouvait la sentir, la goûter. Le vert propre du feuillage des chênes au-dessus de sa tête. Le vert épais et plus sauvage des plantes rampantes qui s'accrochaient à l'ourlet de son pantalon.

Roan était de deux couleurs. Parfois il avait la blancheur d'un ange, un gardien qui flottait à l'épaule de Finn ou qui marchait sans son ombre, prêt à intervenir dès que nécessaire. Mais il y avait aussi du rouge chez Roan, une petite graine dure gorgée d'écarlate, qui parfois éclatait et ensanglantait le blanc, le noyait complètement. Et lorsque Roan virait au rouge, il se produisait des choses très laides ou des choses très laides s'étaient produites. Quand Roan devenait rouge, Finn devait faire des choses qu'il n'aimait pas faire. Mais, en accomplissant ces actes, il aidait le rouge à disparaître, comme du sang qu'on dilue à grande eau.

À certains moments, il ne voyait plus aucune couleur. Alors une teinte entre le marron et le noir - une non-couleur, comme il appelait ce phénomène - planait sur les contours de tout ces choses, pareille à un brouillard sur le point d'engloutir le monde entier. Il voyait cette non-couleur quand il faisait la queue pour acheter un hamburger et qu'il entendait des gens murmurer dans son dos parce qu'il n'arrivait pas à se décider pour sa commande. Il savait qu'ils racontaient des méchancetés parce qu'ils étaient incapables de voir en lui, de remarquer autre chose que sa carrure de musclé, mais à chaque fois qu'il tentait de le leur expliquer, il les effrayait. Et plus les gens étaient apeurés, plus la non-couleur réduisait sa vision.

C'est à l'école qu'il avait le plus souffert. De toutes ses forces il avait essayé d'occulter de sa mémoire les railleries des autres enfants à l'école, dans le Missouri. En vain. Elles demeuraient vivaces dans son esprit, tels des termites qui rongeait la charpente de sa raison. Et même quand il était devenu tellement imposant qu'aucun autre élève n'osait plus le défier, ils continuait de le harceler par-derrière. Ils se moquaient de lui et se sauvaient avant qu'il puisse leur faire payer leur méchanceté. "Le débile, le débile, le débile..." Dans ses rêves, ils lui échappaient toujours. Dans la vie réelle, pourtant, un jour il en avait rattrapé un. Un garçon. C'est une des raisons pour lesquelles il avait dû déménager dans le Mississippi. Sa mère n'avait jamais rien dit à sa tante. Elle avait peur que sa sœur n'accepte pas de l'héberger. Mais Finn s'était confessé à Roan. Et Roan avait compris.

Il baissa la tête et inspira lentement. Parfois, il parvenait à détecter l'odeur des gens, comme il reconnaissait celle des animaux. Certaines personnes sentaient mauvais, d'autre rien de particulier. L'odeur de Maddy ressemblait un peu à celle d'une serviette fraîchement sortie de la lessiveuse. Plus propre que tout ce qu'il avait pu sentir jusqu'alors. Et elle rayonnait. Il ne comprenait pas pourquoi il était incapable de la repérer dans l'obscurité, parce qu'elle était nimbée d'or et d'argent, et qu'elle aurait dû briller au clair de lune.

Peut-être que la non-couleur la dissimulait. La non-couleur avait envahi ses yeux dès le moment où il s'était rendu compte qu'elle s'était enfuie. Il avait fait de son mieux pour ne pas l'effrayer, mais il avait lu la peur dans ses yeux. Peut-être qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur. Elle était si fragile. Roan disait qu'elle avait presque six ans, mais sa tête était plus petite que le poing de Finn.

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