01 : Coup de foudre !

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            La fatigue et les courbatures qui m'assaillent ne sont pas dues à mon trop de sport, enfin pas celui auquel on pense en premier lieu. Cette femme m'a épuisé, je suis pourtant endurant, mais elle a eu raison de moi. Elle est rousse, jolie et bien foutue.

Le jackpot !

Pas tant que ça...

Elle sort de la douche enroulée dans une simple serviette noire. Habituellement, les femmes que je ramène chez moi n'y passent pas la nuit. Je leur demande gentiment de rentrer chez elle après notre partie de jambes en l'air. Sauf qu'elle, elle est insatiable, une vraie furie. Et, j'ai fini par m'endormir après le dernier round qui m'a achevé.

Mort, épuisé, HS, au bout du rouleau.

Je pose une tasse devant elle, sans un mot, me montrer aimable me coute déjà beaucoup. Je ne suis pas du matin et la voir chez moi pour le petit déjeuner me déstabilise complètement. Je bois mon café d'une seule traitre, et m'en ressers un autre aussitôt. Il m'en faudra sans doute plusieurs avant que je puisse émerger, en perfusion me semble une bonne idée. Je reporte mon attention sur la rousse, elle prend son temps en sirotant le liquide noir et je commence à perdre patience. Je vais être en retard sur mon retard, c'est-à-dire, plus en retard que je ne le suis d'habitude. Et j'entends déjà mon père me réprimander comme un enfant.

Mon coup d'un soir se dandine et fait des yeux de biche en me fixant. Toutefois, là chérie, je n'ai pas le temps ni l'envie et tu ne devrais même pas être ici. Avant que je réalise ce qui se trame dans sa tête, elle défait le nœud qui retient sa serviette et elle avance nue dans ma direction. Je pleure intérieurement, je n'ai plus la force et je crois que je suis rassasié pour les quinze prochains jours, voire même un mois. Je ne sais même pas si je pourrais encore avoir des enfants, elle a tout pris.

Cette femme est une nymphomane ! hurle ma conscience.

Sans blague !

La rousse se plante devant moi en se léchant les lèvres, sans complexe, sa main se pose sur mon entrejambe. Elle a beau faire des mouvements de haut en bas, ça ne bouge pas dans mon pantalon, rien, le néant total. Je dégage sa paume d'un geste doux pour qu'elle stoppe son petit manège et lui souris le plus poliment possible.

— Il est temps que tu partes, lui dis-je sans ménagement.

— Tu as bien quelques minutes à m'accorder ? Minaude-t-elle.

Sa voix m'agace. Elle glisse son doigt sur le tissu de ma chemise. Mon humeur va vite changer et je vais devenir un vrai con. Mais elle l'aura cherché.

— Non, j'ai des rendez-vous et je suis déjà en retard. Donc, habille-toi et disparais de ma maison, grogné-je.

— Tu n'es pas du matin ? Je peux arranger ça, insiste-t-elle.

Et voilà que sa main est de retour sur mon membre qui fait le mort. Je soupire, pas de plaisir, plus d'agacement. Je saisis son poignet et vu la grimace qu'elle fait, je crois que je serre trop fort. Tant pis pour elle. Elle comprend enfin qu'elle doit abandonner et s'éclipse dans ma chambre, non sans râler et je n'en ai rien à foutre.

***

Il fait chaud, trop chaud comme depuis une semaine, et je crève dans mon costume trois pièces que je rêve de troquer contre un short de bain, torse nu au bord de ma piscine. Je déambule dans les rues de Sydney, j'ai besoin d'un troisième café avant de commencer ma journée, cela devient une urgence vitale pour lutter contre l'endormissement qui me guette, même en marchant. Je suis déjà en retard, donc un peu plus ou un peu moins, ça n'a plus d'importance.

Les yeux rivés sur mon téléphone, je lis mes différents mails et j'en supprime la moitié, des pubs inutiles qui me rendent fou chaque jour. Je suis arrêté net dans mon ascension, je percute quelque chose et je sens une chaleur sur mon torse. Dans un réflexe, j'attrape ce bras qui se trouve devant moi et récupère la personne qui vient de me rentrer dedans avant qu'elle ne se fracasse le crâne sur le sol.

Un parfum fruité chatouille mes narines, j'aime cette odeur sur la peau des femmes. C'est doux et envoûtant. Je redresse cette femme et mon regard plonge dans ses yeux verts. Le coup de foudre, celui qui vous foudroie et dont on ne se remet pas. Celui qui ne vous laisse aucune chance de vous relever, celui qui vous tue sur place.

Elle grimace en me voyant, je fais de même. Je la lâche aussitôt comme si elle m'avait brûlé, ce qui est le cas avec le liquide chaud que je sens encore sur mon torse. Ma mâchoire se crispe face à son visage méprisant, celui qu'elle a façonné spécialement pour moi lorsqu'on se croise.

Pourquoi le sort s'acharne sur moi ainsi ? Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Putain de karma !!

— Toi ? grogné-je.

— Si vous imaginez que je suis ravie de vous rencontrer de si bon matin, réplique-t-elle acerbe.

Je jette un œil sur ma chemise, qui avant que son gobelet vienne se déverser dessus, était blanche et sans un faux pli.

— Tu as ruiné ma chemise.

— Je suis certaine que vous en avez d'autres en stock !

Je n'ai aucune envie de me battre verbalement avec elle au milieu du trottoir devant des inconnus, qui nous matent déjà avec curiosité. De plus, mon père m'attend et à cause de cette fille, je vais devoir renoncer à mon café.

— Ton chemisier a subi le même sort, rétorqué-je avec un sourire narquois.

— Oh, non !

Oh si...

Comme je suis un homme qui peut se montrer serviable et sympathique, je ramasse son gobelet et le lui tends. Il n'y a plus grand-chose à boire dedans. C'est plus pour me foutre d'elle.

— Il est vide, me moqué-je.

— La poubelle se trouve juste à côté vous.

— C'est ton gobelet.

— Et c'est vous qui l'avez dans les mains.

Mais quelle tête de mule ! Depuis le temps, je devrais le savoir. Je saisis sa paume et lui colle le récipient dedans. Je m'apprête à reprendre mon chemin, quand d'un geste brusque, qui m'arrache une grimace, elle attrape mon poignet. Non, elle me le démonte pour lire l'heure sur ma montre. Et elle se met à paniquer et la voir comme ça me réjouit. C'est jouissif même.

— Olala !! Je suis en retard.

Elle me lâche et commence à courir avec ses talons. J'admire les femmes qui arrivent à sprinter avec ce genre de truc aux pieds, attention, elle, je ne l'admire pas le moins du monde, je l'exècre plus qu'autre chose. Je la regarde s'éloigner, son gobelet dans ma main, puis elle se retourne et me sourit. Je suis étonnée, elle ne m'en fait jamais.

— Bonne journée, Rabbit, hurle-t-elle au milieu des passants

Rabbit ?

C'est quoi ce surnom ? Pourquoi, elle m'appelle comme ça ?

D'accord, cette femme ne m'apprécie pas, mais j'ai dû mal à suivre ce qu'elle veut dire par là. J'ai fait les frais à plusieurs reprises de sa mauvaise humeur ou peut-être que c'est son caractère, je ne sais pas trop. La vie a décidé de la mettre sur mon chemin, sans que je ne demande rien. Elle est serveuse dans le bar où je me rends régulièrement avec mes amis, et elle s'évertue à m'ignorer et à me vouvoyer juste pour me foutre en rogne. J'ai essayé plusieurs fois de lui faire la conversation, mais je me bute à un mur. Résultat, je ne sais rien d'elle, sauf, qu'elle a une flopée d'injures, que moi-même je ne connais pas, et son prénom.

Allyson.

Séduction Game (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant